commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, janvier 18, 2007

la photo de mer me vient de Falconhill http://www.falcolnhill.blosot.com/
René est arrivé tard à Marseille, mais rentré, après un dîner sur le port, dans son petit appartement, il tourne en rond, déplaçant les rares objets, prenant et refermant des livres, classant le courrier qu'il a déjà lu dès son arrivée, reprenant dans ses déplacements l'agitation de ses idées dans la patache (entre des endormissements volontaires et des conversations distraites).
Il rejoue la petite séquence - le mot scène dans le sens qu'il a pris serait excessif, l'affection et la courtoisie ne l'ayant pas permis - entre ses parents et lui.

Vivien l'a accueilli avec un sourire lorsqu'il est venu l'embrasser dans son bureau :
"Eh mon pauvre, si tu crois que je ne sais pas qui est la femme que tu as choisie ! Je l'ai bien vu, vas, et surtout ta mère et, par malheur, je crois Madame de Cayranne."
"Par malheur ?"
"Tu ne peux pas envisager ce mariage, pas maintenant. Je sais... tu l'aimes ou tu le crois. Mais mon cher, tu devrais donner leur chance aux jeunes filles des familles entourant Simon... tu es un peu jeune, sais-tu ? Et oui, je peux disposer de capitaux pour t'associer à son affaire, je ne pourrais entretenir la maison que tu devras monter, avec une fille sans dot."
Vivien se carrait dans son fauteuil, jouant avec un coupe-papier et le rayon de lumière qui, filtrant entre les rideaux de tulle entrouverts, dansait sur les ciselures en suivant les mouvements de sa main.
Et René sentait que la brusquerie de son père venait de la contrainte que lui imposait ce rôle de patriarche.
Il lui fit remarquer qu'eux, ses parents, s'étaient mariés plus jeunes, et s'entendit répondre que l'époque était différente et que, de toute façon, ils n'avaient alors rien même pas d'espoir, juste des rêves - il évoqua l'accès que Mathilde lui procurerait auprès de l'aristocratie locale, mais Vivien estimait que le rôle de cette dernière dans la marine de commerce était des plus limité.
Et Aurélie, qui les écoutait depuis un moment, debout contre la porte qu'elle avait refermée soigneusement, après être entrée discrètement sans frapper :
"Oh, c'est une vraie sauvageonne, toute Mademoiselle de Cayranne qu'elle est. C'est pour cela qu'elle me plaît bien. Mais je vous trouve bien outrecuidants, rien ne prouve que René soit accepté, peut-être par Anne-Françoise, mais sa famille... Nous sommes maintenant tolérés, appréciés, dans certains salons, mais une alliance c'est autre chose. Et Anne-Françoise serait rejetée - ce n'est pas le moment..."
Et René se rejoue toute la discussion, la fierté vexée que son père tentait de cacher, la rigueur insoupçonnée de sa mère, leur opposant la nécessité de tenir compte de la société, au moins le temps nécessaire pour se la concilier, il trouve les arguments qu'il aurait, bien sûr, dû trouver alors... jusqu'à ce que, fatigué, il prenne sa flûte et se mette à en jouer, doucement, pour ne pas gêner ses voisins.Posted by Picasa

9 commentaires:

Anonyme a dit…

en attendant une suite Brig, j'ai beaucoup aimé les dialogues où je retrouve les formulations tout à fait marseillaises et lu avec l'accent mumm!un délice! Bonne journée

marie.l a dit…

j'ai l'impression que le mot "patache" me convient bien ce matin, cela ne m'a pas empêché d'apprécier la suite et d'attendre la prochaine ! Bonne journée Brig !

Anonyme a dit…

"tenir compte de la société"

finalement comme en Inde aujourd'hui!

j'adore ce récit

Anonyme a dit…

Une histoire de gros sous ? qu'il continue à jouer de la flûte !

Anonyme a dit…

Je ne sais jamais que dire, devant ces chroniques, mais je tenais à signaler à quel point elles m'enchantent.

Filblog.

Anonyme a dit…

Vive les familles ! C'est tout ce que je peux dire...

Lire tes posts m'émerveille chaque jour. Et en plus tu pille les beaux paysages de falconhill ?

;-)

Anonyme a dit…

Il ya aura une suite j'espère !

Brigetoun a dit…

je ne pille jamais ! c'est un cadeau !

Siréneau a dit…

La chute me plaît, cette façon de rejouer la conversation, mais la fatigue, et puis flûte…