une rencontre jeudi matin, la dame noire - le plaisir de voir le ciel perdre de son gris - mon obscure perplexité devant les techniciens de la littérature.
J'ai cru comprendre pourquoi la génération qui me suit (sauf exception dans les familles où les livres constituent une bonne part du cadre) considère que c'est "se prendre la tête" en écoutant, tournicotant avec un chiffon, l'enseignement de la littérature a-t-il de l'avenir ? dans Du grain à moudre sur France Culture, avec Todorov, Hélène Merlin-Kajman; Anne-Marie Garat et Denis Bertrand.
Moi, élève d'avant 1968 j'ai eu droit à un enseignement non pas anecdotique ou esthétisant, contrairement à ce que disait Todorov, mais par immersion dans les livres - cependant avec une absence quasi totale d'analyse (ou cela m'ennuyait et je laissais).
Je suppose que je dois mon appétit un peu désordonné de lecture à mon ignorance totale, inavouable, de la sémiotique (est-ce le mot ?), à mon ahurissement perplexe devant les mots transvalisation, modélisation, adultité, épistémique (bon, je comprends si je veux, mais m'en moque). Et je suis toute marrie de constater que, ce faisant, je ne saurais être de gauche, d'autant que j'ai du goût pour les classiques, comme s'ils n'avaient pas été capables de subversion !
Bien sûr, j'ai conscience de mes manques (un peu comme pour le fonctionnement de mon ordinateur ou d'une voiture) et de temps en temps je prends un texte d'analyse (ou tout bonnement un des nouveaux Garnier-Flamarion en poche) et un dictionnaire, mais rapidement j'abandonne, d'autant que mon pauvre petit dico est muet, et je me laisse aller à la lecture.
Plaidoyer vexé : je n'ai peut-être pas appris à analyser les techniques narratives, mais je ne crois pas que cela me rende plus vulnérable par rapport à un article, ou m'empêche de trouver mon miel ailleurs que dans les romans populaires, ne prenant au contraire qu'un intérêt tout relatif à l'anecdote, au récit.
Sursaut - Guidée par la dame de ce matin j'ai pris le lexique intime d'Adelise dans Chimères d'En-Ville de Raphaël Confiant et trouvé cette petite merveille
NEIGE : Beau mot abstrait... Je demeure rêveuse des heures entières devant la photo d'un bonhomme de neige qui se trouve dans mon livre de lecture. J'apprends que la blancheur aussi est belle. Aussi belle et douce que la noirceur, à bien regarder. Une question à Monsieur Jean : "Pourquoi Dieu a-t-il fait la neige blanche et pas noire ?"
Et nous ne sommes même pas blancs mais de tons rosacés plus ou moins harmonieux.
Una vez màs : n'importe quoi - les jugements sévères sur les blogs ont du vrai.
12 commentaires:
Pour répondre à ton commentaire, surtout continues de mettre tes photos, elles ont un style bien particulier que j'aime beaucoup.
Bonne journée Brigetoun.
J'aime aussi beaucoup les mots. Certains qui me sont étrangers sont plus respectés que d'autres. Comme autrefois la messe dite en latin qui gardait son mystére
"transvalisation, modélisation, adultité..."
En voilà des mots qui m'ouvrent au rêves... Que je me garderai bien de traduire
Bluffé ! vite mon dico, plein de mots m'échaappent !
Reste que c'est un bonheur de te lire. Entre ton vacabulaire immense et tes connaissances littéraires, j'apprends doucement.
Bises,
OLIVIER
Il faut je pense avoir la volonté d'écouter France Culture souvent , se mettre en immersion totale pour commencer à comprendre ces mots de notre langue que le commun des Frnçais n'utilise pas. La moyenne de mots utilisés est je crois de 500 mot/jour.
tu dis ne pas avoir le sens de l'analyse ! cela m'étonne en lisant tes textes qu'ils traitent de littérature ou de musique ou de bien d'autres sujets... Par contre il est vrai que j'ai ce même sentiment qui se révèle pour moi concret et je me demande s'il ne s'agit pas, puisque nous sommes toutes les deux de la même année de naissance, d'une façon pédagogique de l'époque où nous avons usé, non pas pas nos fonds de culotte, mais nos petites robes sur les bancs du lycée !
Bonne journée Brig !
J'échangerai bien un peu de ta culture
littéraire, contre un brin de savoir photographique.
on a dit:" la culture est ce qui reste quand on a tout oublié"
mais : je ne peux oublier ce que je n'ai pas appris - je me moque d'être ou non "cultivéeé, à notre âge (et je le faisais avant) on doit se laisser guides par ses envies, du moins pour la lecture, la musiquen le théatre, l'art
Comentaire d'une visiteuse totalement aculturée : tu as de l'intuition aussi et ton post annonce déjà la neige !!!
Biz
Ma mere m'a appris la lecture avec Esther, de Racine, et la demoiselle de Cleve, de Madame de Lafayette...
Il m'en est resté un gout immodéré pour la littérature du XVIIeme siecle, et pour les livres, en général.
Ce soir, dans 10 minutes, je vais me plonger, avec un certain délice, dans la relecture de "La Chambre", de Francoise Chandernagor.
Que je te conseille, tout particulierement, si tu ne l'as pas lu. Poignant, touchant, jamais lassant.
Je vais passer une belle nuit.
Je te souhaite que la tienne le soit aussi, belle...
Au lycée on a été obligé d'apprendre par coeur des poèmes de Verlaine, Ronsard, de la Pléiade, La Fontaine, le Cid, etc ... etc ...
Et puis sans le vouloir j'écrivais aussi des poèmes à la Verlaine. Est ce bien d'inculquer aux élèves une littératrure toute faite ou est ce mieux de leur laisser libre choix de leur style ?
Je dînais hier soir avec des amis dont le mari a fait de bonnes études, d'abord en Europe, puis dans les grandes universités des États-Unis ; sa femme était infirmière, sans grande culture au départ, mais qui a toujours eu une incroyable curiosité pour tout ce qui est culturel. Elle lit beaucoup, connaît la musique, va régulièrement au théâtre, au concert, au cinéma, et sait donner un avis sensible et intelligent sur tout ce qu'elle voit. Excellente cuisinière, elle s'intéresse aussi aux belles et bonnes choses et, surtout, elle conserve une incroyable curiosité... Ça m'a fait penser que ce qui donne de la saveur à la vie, ce n'est pas tant la somme des connaissances accumulées que le goût toujours présent de découvrir encore ; la curiosité est plus vivante que l'encyclopédie...
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