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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, août 03, 2013

Lire les échanges de vases, avant d'aller entendre le piano de Roberto Fonseca dans la nuit des Carmes

Dans l'antre, à l'abri de la touffeur du jour, ai lu, sans trop avoir à lutter pour garder yeux ouverts – pour le crâne n'en réponds pas – les échanges des vaillants vases-communicateurs (euh... faudrait trouver mieux, ne le puis) d'août, avec le plaisir de sentir dans la plupart le réel et si agréable soin de l'échange

prendre livre proche de soi et partir de son incipit
la tienne, la mienne, la vérité à partir de «petit art de la fuite» de Enrico Remmert
une très réussie litanie alternée pour deux … allez y voir
La mienne

Ta mauvaise foi… ta mauvaise foi !!!
La tienne

Écoute ! rappelle-toi. C’était à 5.55 précises ce mardi-là
et
une phrase (idiote) comme ça, à partir de «les taches du léopard» l'un des contes des «histoires comme ça» de Rudyard Kipling
comme le dit Danielle Masson, une très longue phrase, et on est prié de voir un sourire de coquetterie ou de politesse dans le mot entre parenthèse... se lancer, retenir son souffle, filer le long de cette histoire des temps d'avant tous les défauts (temps raconté par antithèse en parlant desdits) en rencontrant des hérissons forcément suicidaires, un australien, un kangourou amené par la vêture du précédent, les filles léopards et leurs familles, des singes et beaucoup d'autres qui furent embarqués dans cette nouvelle société, etc...
fort heureusement (on a choisi une histoire qui se termine bien), la petite d'un léopard, en tombant amoureuse d'un ocelot, donnera naissance quelque temps plus tard à l'élu, au patron : un animal tacheté (il en aura fallu du temps, n'est-ce pas ?) qui deviendra naturellement (après dépeçage) le premier modèle de slip léopard, ce must-have qui détrônera rapidement, et de loin, le slip kangourou,...

`
Bordeaux


Bordeaux, l'errance – ayant déjà parlé des différents lieux qu'elle a habités dans cette ville, s'applique à ne pas recommencer, et donc parle de l'errance, de l'apprentissage de l'errance, et de la sédentarité, de ces moments difficiles, le début dans la vie indépendante, si je comprends bien, quand on a si peu
Et du début. De l’errance. Certains lieux jalonnent ce parcours. Des lieux publics. Qui ne coûtent rien. Voilà ce dont je me souviens. Pas de virées dans les bars. Pas de concerts. Une présence constante, dans les mêmes lieux. Une insistance à y revenir encore et toujours... et elle en fait la liste, et elle en parle, bien, de ces lieux
et
pérégrinations bordelaises (qui ont fini par arriver un peu avant 19 h)
un petit périple dans ses lieux de mémoire dans la ville comme
Le parc Lescure
Une enclave, au cœur de la ville, qui se devine surtout par la clameur qui en monte, et qui les jours de vent d'Est assez soutenu portait jusqu'à nos fenêtres ouvertes, avant que les klaxons parfois n'égayent la nuit. Oui, trente mille personnes peuvent vibrer à l'unisson d'une même émotion. De tous âges, de tous lieux, de toutes conditions

regarder photos, écouter
températures géographiques découvert en rentrant du concert
sa voix délicate et un peu voilée et des chants d'oiseaux
tu veux répondre elle dit que c'est un peu trop loin un peu trop profond qu'elle vit pas à cette température rentré dans la peau ou les gencives elle ne sait pas où se dépose le timbre...
et
le sas sur le toit – la voix de François Bonneau, deux photos du même et son texte qui dit ce qui se passe là, sur ce toit où une piscine domine la mer
.même si cet entre soi, cet entre nous, cet entre eux, même si cet entre sas implique le contact facile et distant, même si cet entre sas prévoit la discrétion....`
Super-Woman
pourquoi la culotte de Wonder Woman était-elle bouffante ?
Voilà une interrogation existentialo-stylistique à laquelle elle tente de répondre – en détaillant les circonstances de sa recherche
Pendant que j’use mes fonds de bloomers en satin à tenter de filer des métaphores branlantes tout en sirotant pour me réhydrater par ces grandes chaleurs, un mélange d’apéritif de gentiane et de crème de cassis, véritable petit Jésus en culotte de velours qui ne s’use qu’assis et gouleyant à souhaits, pendant que je m’hydrate par ces chaleurs torrides, je réalise que j’arrive en bas de mon doc OpenOffice. Qu’il me reste une photo à caser, celle de la Servitude.
et
Super Ma ? Super quoi ?
Pourquoi le monde des super-héros et super-héroïnes lui est-il étranger ? Parce qu'il préfère s'intéresser aux arbres, et c'est très joliment dit
Pas encore lu ou vu mais suivrai cette recommandation bouche à oreilles. Je vais vous avouer : j’ai tout de même une admiration pour un super-héros. Mais c’est un arbre. Un ginkgo biloba. Mais pas n’importe lequel ! Celui d’Hiroshima. Ce ginkgo biloba qui fut au printemps 1946 la première essence à repousser au milieu des ruines d’un temple à 1km de l’épicentre du premier bombardement nucléaire. Avec, en prime, une belle interprétation linguistique de Sabine Huynh


à partir de photos d'affiches ou enseignes proposée par l'autre
que comprennent les passants à cette enseigne ? Que signifient AssAggiO et E UZO ?
Et bien lisez le, et savourez cette recherche-dissertation-réflexion-dérive
J’ai à présent l’impulsion presque violente d’entrer et déguster des d’échantillons d’Italie. Mais le local est encore fermé. J’appelle alors au téléphone Tintoretto, un ami de Venise, qui travaille dans un bar (et peint pendant ses heures creuses). Tintoretto rit bruyamment dans mon oreille : n’as-tu jamais entendu parler des assaggini ? C’est devenu une habitude, désormais, dans beaucoup de restaurants et pizzerias, à Rome comme à Milan, de proposer des petits morceaux, voire des échantillons de petites bonnes choses à manger venant d’une tradition pauvre, auparavant fabriqués dans la rue, un peu comme les crêpes françaises ou les tortillas espagnoles : pizza à la coupe, supplì de riz, olives farcies, pâtes au four refroidies et coupées en petits morceaux…
savourez la suite

et
une femme pas tout à fait seule
pourquoi choisir cette photo ? Parce que ce visage surmonté d'un autre, parce que Tamara de Lampicka, parce que proximité des corps et visages au théâtre contrairement à l'introversion du cinéma, parce que... lisez le (et regrettez peut-être vous aussi de ne pas avoir vu..)
J’ai imaginé cette représentation au théâtre des Déchargeurs (il porte le nom étrange de cette rue, et cela lui va bien) : Gabriella – donc Maria – est dans son appartement et la fenêtre s’ouvre sur un autre horizon que celui dans lequel l’avait enfermé son mari.
(cliquer sur les liens si distingués et discrets, ils fonctionnent)

rivière
siffloter l'air du pont, du fameux pont sur la rivière Kwaï, et se souvenir, du film, des autres films où ont joué les acteurs, et partir sur l'aile des souvenirs comme lui seul sait le faire, et tout un monde, avec des émotions, des sensations etc... est là
ce mois de juin en soixante, ce mois de juin, ce n’est pas une rivière non, mais la mer, Carthage, je me souviens mais je ne sais pas si la force de continuer me sera donnée, je ne sais pas exactement si, à ce moment-là Frank Sinatra chantait mais à la radio, Ella Fitzgerald, cette radio, c’était un matin et le feuilleton de la radio, c’était à midi, j’étais alité -
et
d'une rive à l'autre à propos de rivière
sept belles strophes en vers justifiés avec acrostiche et télostiche
rivière diaprée d'or
incruste lapislazuli
vierge vivace le bov
idé broutrumine midi
écrase cuit et brûle
radeau chambre à air
émotion intemporelle

à partir d'une photo de Barbara Albeck
conversation de poupées
entre deux pauvres poupées délaissées, tristes et compréhensives -
Mais tu sais bien que les adultes responsables lui auraient fait prendre des cachets toute la journée, l’auraient droguée, soit disant pour la soigner, c’est ce qu’ils font tous, comme si c’était la solution...
et
la robe rouge du vain
et les voilà, les poupées, devenues, un peu vaines, un peu provocantes (?), poupées sur canapé au programme, à la télé..
Belles plantes artificielles qui ne performent qu’à se faner dans faux décor de maison de poupée. Partout les murs ont des oreilles et profusion de caméras pour éphémère célébrité. Stars d’un instant, étoiles filantes à peine aperçues déjà mortes, le vent sitôt en poupe que déjà retourné, et qui prendront la porte pour satisfaire les exigences d’un programme de lobotomisation massive.
Pauvres d'elles (en fait ai jamais aimé les poupées, ni celles de la télé ni les baigneurs ou filles de porcelaine

gravir
en amots sur des photos de Philippe Aigrain
trop foisonnant pour être détaillé, en plusieurs entrées, tous ou presque les sens de monter, gravir, grimper (oh que c'est laid, lisez là plutôt, j'ai beaucoup aimé)
je suis allée au désespoir dans cette période où me suis vue tenter de gravir l’écrit.

C’est quand la suite ?

À quoi bon chercher quand l’oubli finalise tout ?

Faire le vœu qu’un jour, il soit possible de voyager léger.

Endommager la sous-face du pied et de la langue, ne plus faire beau.
et
gravir détailler le mot jusqu'à arriver à l'écrire entièrement, détailler la montée sur la montagne à partir de cette lettre, ces syllabes ou mots, sous de belles photos de Morgane Tenoux
RAVI
Chauffés par le soleil, les nuages s'animent de mouvements ascendants. L'éclaircie possible s'échappe sans cesse. Puis soudain, tout s'ouvre..

les cartes
sur la carte
un très beau texte autour de la cartographie, les mots, la carte, de la mappe, la géodésie, le tracé..
Près de la mappe, donc, de petits encriers et des cartouches pour les remplir - elle m'en avait donné trois ou quatre et parmi elles une rouge que j'ai gardée dans ma trousse une quinzaine d'années sans jamais m'en servir ; des plumes, des plumiers, des grattoirs (ont-ils un autre nom ?) ; des gommes très spéciales dont une longue comme un crayon tenue dans une gangue de plastique (là, encore un cadeau et c'était se distinguer, à l'école) (je me disais : chaque parent, de son métier, rapporte quelque chose à l'enfant ; moi c'est de la papeterie) ; un chiffon pour essuyer la plume ; une lampe de dessinateur à bras articulé, qu'on peut tordre en tous sens mais mieux vaut ne pas essayer ; enfin, un transistor,France Inter aux commandes,

et
de l'interprétation
tel est le titre d'un atlas, d'un atlas qui est décrit, collection de cartes de France, et des questions que posent leur rapprochement, peut être des solutions que ces rapprochements veulent imposer au lecteur
chaque carte répond à celle qui est en vis-à-vis. C'est ainsi : prenez une photo de vous, placez-la à côté de celle d'un objet : ça a une signification, plusieurs même. Changez l'objet, vous changez le sens. Maintenant remplacez votre photo par celle d'un être cher, d'un être haï, d'un président de la république, vous obtenez encore autre chose, qui se surajoute au rapport que vous aviez établi précédemment, et entre en relation avec lui, y fait écho. C'est comme ça que fonctionnent tous les livres.

chambre
l(m)a chambre d'ailleurs
aime (comme son vis à vis) un texte aéré, en courtes notations, sans autres reprises que ce refrain, qui vient irrégulièrement comme une ponctuation, une inclinaison no veo nada que, avant d'arriver à l(m)a chambre d'ailleurs, ou plutôt de cesser d'entendre
je brise l'étreinte
je marche dans l'invisible brume électrique 
je quitte le royaume du perpétuel dream



ma chambre n 'est pas cette surface habitable aux quatre murs égaux avec fenêtre et porte fermées – ma chambre devient le quai des départs - de tous les départs vers tous les pays tous les continents – le monde entre dans l(m)a chambre d'ailleurs
et tous les ailleurs, et tous les auteurs, et toutes les voix
et
aime – chambre d'avant, chambre d'après, chambre et chambres oubliés, ce qu'est le souvenir (et il y a là des chambres qui bercent ma fatigue dans des rêves doux, me faisant oublier la mienne qui est neutre là, qui est celle où j'écris en cet instant, et d'autres, certaines des miennes qui furent parfois à oublier)
dans ma chambre suspendue à un fil cent fois rompu cent fois noué ma chambre alvéole coquillage cavité me reposer de cette autre que je suis éveillée chambre à plans inclinés vertige chambre entre-deux à demi-jour étendue limitée ma chambre au bord du gouffre entre tes cuisses attenante à ce plein qui nous fait à ce vide inventé de toutes pièces - [aménager l’espace puisqu’il nous est lié]

et puis m'en suis allée, dans l'annonce de nuit qui nous vient de plus en plus tôt, vers les Carmes, ai retrouvé Ma gargouille

ai regardé, attendu pendant que les bénévoles s'affairaient avec bonhomie que le public s'installait avec ses parts de pizza et verres, que les gens se reconnaissait, que Madame le Maire saluait connaissances et s'installaient, que le concert commence – plaisir grand : concert (photos interdites ce qui m'arrangeait plutôt finalement) de Roberto Fonseca (pianiste cubain, venu de la percussion, sensible, fort, passablement merveilleux) et une belle équipe de musiciens – un percussionniste (et coros) Joël Hierrezuela (un assez formidable moment de dialogue, par les yeux, le geste, la musique entre lui et Fonseca, soutenus par la batterie), un très bon guitariste Jorge Chicoy, Ramsès Rodriguez à la batterie (là aussi un long dialogue avec Joël Hierrezuela), Yandi Martinez, un peu lunaire et bon musicien, guitare basse et contrebasse et, avec le plus beau sourire du monde, un amour et plaisir évident de la musique (et la sienne est belle) Cherif Soumano, kora et tama (un fort beau duo à écouter avec un sourire extatique entre sa voix et celle de Fnseca, la kora et le piano)
Pour donner une idée partielle de ce que j'ai entendu, parce que la musique de Fonseca est à la fois personnelle et très ouverte aux influences, tonalités, ambiances différentes (et ajouter l'écrin du cloître) deux vidéos trouvées en cherchant à me motiver parce que carcasse tirait légèrement au moment de partir


seulement, comme au bout d'une heure 3/4 environ, le couple assis derrière moi embrayait sur confidences à mi-voix pendant que le piano me réclamait toute entière me suis levée et tenue, debout avec les bénévoles au coin du plateau... et comme étais lasse et très heureuse de ce que j'avais entendu, au bout d'un morceau, et légèrement sans doute avant la fin du concert, ai marché lentement sous les voûtes

écoutant, regardant l'exposition de photos de Marie Borenstein


suis sortie, ai adressé un dernier adieu à la façade, solide et irréelle, de Saint Symphorien,  

et suis retournée vers l'antre, tout doux, tout doux dans les rues presque totalement désertes maintenant et la place de l'horloge nonchalante. 

8 commentaires:

Pierre R Chantelois a dit…

« je suis allée au désespoir dans cette période où me suis vue tenter de gravir l’écrit »
« je brise l'étreinte, je marche dans l'invisible brume électrique, je quitte le royaume du perpétuel dream »

___

Encore un grand cru qu'il me faudra parcourir avec attention après m'être délecté de cette belle vision de « la place de l'horloge nonchalante »

Dominique Hasselmann a dit…

Vaso-dilatation et musique : accord parfait.

arlette a dit…

Inventer une autre suite ou imaginer
Aime beaucoup ces premières phrases
Soir un brin mélancolique ? Peut- être déjà le déclin du jour trop flamboyant

Anonyme a dit…

merci pour tout, toujours (et la musique le piano (un peu la contrebasse) et tout le reste) (c'est l'été) (merci Brigitte) (on ne le dit pas assez mais on le dit et on le répète) PCH

Gérard Méry a dit…

Panne d'ordi, mes vases ne communiquaient pas si j'ose dire !

Lucien Suel a dit…

Merci Brigitte pour cette cartographie des états de la Vasecommunication Fédérale.

ACC a dit…

L'exercice de cartographie entrepris par Antoine et Anne m'a fait rêver à une carte des vases qui rendraient apparent l'ensemble des liens depuis la création de cette entreprise communicante.

Brigetoun a dit…

bon courage à qui (vous ?) le tenterait