Calvino La spéculation immobilière : Il levait les yeux de son livre (il lisait toujours dans le train) et retrouvait le paysage morceau par morceau - le mur, le figuier, la noria, les roseaux, les récifs - les choses qu'il avait toujours vues et qu'il n'apercevait que maintenant, parce qu'il s'en était trouvé éloigné ...J'ai passé 40 ans sans revenir à Toulon à part trois courts séjours ces deux dernières années
Lorsque Quinto montait vers sa villa, qui dominait autrefois ....l'entassement des maisons rongées par les mousses et les moisissures de la vieille ville, puis, entre le versant de la colline au couchant, où l"oliveraie, au dessus des potagers, devenait plus touffue, et le levant, un royaume de villas et d'hôtels aussi verts qu'une forêt, et en dessous, la croupe aride des champs d'oeillets sur lesquels scintillaient les serres, jusqu'au cap : il n'y avait plus rien désormais, il ne voyait qu'une superposition géométrique de parallélépipèdes et de polyèdres, d'angles et de pans de maisons...
Bien sur les différences sont multiples, mais je me trouve devant un drôle d'endroit où mes repères sont bien là, de temps en temps, mais brouillés, repeints, transformés, envahis de blocs d'immeubles roses ou bleus, de villas à colonnades en miniature, et quand je retrouve les visages la vie est passée, les remodelant, embellissant ou dénaturant ces adolescents devenus blets.

Je vais porter le salut de mon fusain et du petit oranger au jardin un peu fou de C et à son grand citronnier. Et j'espère que "les jeunes" viendront nous présenter leurs hommages.
Je hais les TGV, leurs sièges mous et bas où je ne peux m'assoir et les couloirs centraux. Nostalgie des trains de ma jeunesse sauf l'odeur de fumée froide et de crasse.