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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, avril 10, 2006

au détour d'une phrase du journal local, j'ai découvert que c'était hier le dimanche des rameaux, raison pour laquelle on jouait les 7 Dernières Paroles du Christ à Saint Agricol. J'avais perdu depuis des années le sens du calendrier chrétien et les rameaux de mon enfance sont remontés à ma mémoire : la lecture de la passion qui éternisait la messe, la distribution des rameaux, les brins de buis de l'année écoulée brûlés et les enfants (pas nous, ça ne se faisait pas, voyons) avec leurs baguettes surchargées de fruits confits. Je ne suis plus catholique depuis ma crise mystique pubertaire, mais j'ose me demander si avec tout le côté païen ce catholicisme ne valait pas les intermittents regroupements médiatiques.
Le quator Estève que je ne connaissais pas, premier violon blond à mèche romantique, les trois autres bruns et trapus, et la belle musique de Haydn, sans pathos, les phrases souples qui par moments deviennent danse. Les musiciens jouaient en accord parfait, les instruments se mêlant, se répondant mais j'ai été surprise par l'absence presque totale d'échanges de regards, de sourires entre eux. Seul le second violon avec sa tête de pâtre provençal (ce qu'il n'était sans doute pas) sollicitait d'un mouvement du buste, d'un haussement de sourcil, ses partenaires et l'on voyait la musique glisser sur son visage. Le jeune prêtre qui éteignait un par un les cierges portait soutane et je me suis demandée (par vraiment) si c'est pour garder ce fragile monument historique que Saint Agricol n'ouvre ordinairement que deux heures par semaine le samedi. La beauté brusque des pizzicati à la fin de la 7ème sonate (la mort ?) et le déchaînement du presto final. Très beau.
Finalement je trouve pas mal de textes évoquant la musique. Au choix : Andréa Camilleri l'Opéra de Vigata : "Je m'entendais encore la musique à l'intérieur. Je m'endormis et me réveillai, m'évanouis et revins à moi ... je naquis et je mourus, toujours avec cette musique qui jouait dans moi... je cherche, je cherche sans jamais trouver.. une musique, excellence, qui me fasse éprouver le même bonheur, qui me fasse voir comme est fait le ciel"
Et George Steiner Errata "Avec le suicide des Sirènes après leur défaite entre ses mains froides (d'Ulysse le rhétoriqueur) ... la musique, ses vérités qui sortent de la raison et la dépassent refluent d'un monde vieillissant. Bientôt les marins passant devant Paxos entendront crier : "le Grand Pan est mort".. Mais à chaque fois que la musique insiste sur son absoluité, rejetant tout texte, tout programme ... elle rend au désespoir des Sirènes l'hommage de l'écho". Malgré la mort de Pan elle a une fort belle et longue survie.
Il fait un temps de fin du monde. Je ne sortirai que pour les patates et le toubib. Qu'en est-il des péruviens et de nos cousins italiens.

8 commentaires:

marie.l a dit…

il pleut sans arrêt chez moi depuis hier matin. Je viens chercher dans votre billet du jour le soleil que j'ai bien sûr trouvé. Quel beau dimanche après-midi vous avez dû passer, j'aime Haydn... Merci Brig.

Anonyme a dit…

Tiens, j'ai le plaisir de voir pour la première fois Camilleri cité dans un blog. Et en plus une citation qui tombe bien à propos.
Votre après-midi à du être vraiment bien. La mienne aussi; j'ai planté mes begonias et j'ai écouté du Mozart !

Muse a dit…

mezzo et le concours internationnal de danse de Lausanne a accompagné la fin de soirée... pour le temps pas mieux!

Brigetoun a dit…

c'est le seul livre que je connais de Camilleri, et je le trouve jubilatoire. Un peu un sous Sciascia tout de même

Alcib a dit…

Ah, Brigetoun, j'envie vos bonheurs musicaux et votre façon de nous les faire partager. Vos billets se sont allongés ; on y découvre mieux votre sensibilité, votre culture, votre esprit, votre humour aussi. Merci.

Siréneau a dit…

Quels sont-ils pour vous ces intermittents regroupements médiatiques. Brigetoun ?

Siréneau a dit…

les enfants (pas nous, ça ne se faisait pas, voyons) avec leurs baguettes surchargées de fruits confits J'en ai eu, une seule fois, j'étais si petit, je m'en souviens encore, je vous raconterai :))

Brigetoun a dit…

ne m'en veuillez pas (souvenir d'un litige avec ma mère) les journées de la jeunesse et déplacements de l'ancien pape