journée cotonneuse samedi. Partie, en fin d'après midi, vers le théâtre des Halles, par des chemins juste un peu détournés (par sollicitude pour mes jambes) j'ai salué ma bien-aimée tour de la livrée Ceccano. Les livrées étaient les demeures des cardinaux, construites sur les maisons qui leur avaient été "livrées" et représentaient leur pouvoir, très riches et décorées à l'intérieur, forteresses à l'extérieur. Après de longues périodes de troubles, de luttes entre factions et d'attaques extérieures, il n'en reste plus grand chose, la plus noble tour étant celle de Ceccano, d'une belle rudesse, un peu trop retouchée dans ses hauts.
J'ai papoté-sympathisé, jambes allongées au premier rang, avec deux femmes plus ou moins impliquées dans la vie culturelle locale, d'âge fort mur et de formes amples. "Vienne 1913" de Alain Didier-Weill mise en scène par Jean Luc Paliès, à mi chemin entre lecture au pupitre et vraie mise en espace. Parfaite évocation avec une totale économie de moyens, un châle, un canapé, une chaise et un bar avec ses verres instruments de musique. Deux belles chanteuses. Je ne suis pas sure que la pièce résiste à la lecture, évoquant à la fois une analyse, Klint et la Secession, la formation d'Hitler à partir du peintre SDF, l'inceste, la rupture entre Freud et Jung, les archétypes, la vie politique... De tout cela il ressortait un formidable spectacle et je regrette bien de ne pouvoir assister à la lecture que ces acteurs font cet après-midi ; je dois en principe assister à un concert.
Ma cour est humide et mon linge était resté dehors. J'écoute la kora de Toumani Diabaté et la guitarre d'Ali Farka Touré, mélées aux nouvelles de l'attente de l'après CPE et du vote italien.