je suis passée hier matin au musée lapidaire pour voir des pierres peu dégrossies ou très dégradées, des beautés, des vases grecs ou des verres et saluer la tarasque de Noves.
Celle de Tarascon et de Voragines, qui a été séduite par Marthe, a, selon ce que j'ai trouvé sur internet, une tête de dragon ou de lion, un corps ailé, des pattes griffues, et une longue queue, en somme un "drac" ou dragon. Celle de Noves avec sa crinière et ses six pattes ressemble plutôt au lion de Nérée ou à sa soeur la chimère. J'aime sa rudesse, ses pattes plantées droit sur des cranes humains et le dessin de la crinière sur le haut de son dos, Je ne sais pourquoi j'ai toujours eu pitié de ces monstres, parce qu'ils sont naïfs ?
Je ne peux avoir contre eux la colère des différents saints chargés de les éliminer. Par contre, m'énervent fortement ou plutôt m'angoissent ces jolies phrases citées un peu partout ces jours-ci - Sarkozy : "Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter" et auparavant son petit rival Villiers : "La France tu l'aimes ou tu la quittes". Je me demande de quelle France ils parlent. La mienne est très vieille, ancienne, jeune, riche d'apports successifs. Me semble qu'ils ne l'aiment pas, et je ne veux pas qu'ils me l'abiment;
Et, en écho, Jean Amrouche, algérien, le revendiquant, qui fit certainement plus pour la "culture française" qu'ils ne le feront jamais :
"... voici la patrie la plus belle,
la France,
chevelue de forêts profondes, hérissée de cheminées d'usines, lourde de gloire de travaux et de villes
de sanctuaires
toute dorée de moissons immenses ondulant au vent de l'Histoire comme la mer
Algériens, disait-on, acceptez le plus royal des dons ce langage le plus doux le plus limpide et le plus juste vêtement de l'esprit.
Mais on leur a pris la patrie de leurs pères
on ne les a pas reçus à la table de la France
Longue fut l'épreuve du mensonge et de la promesse non tenue d'une espérance inassouvie".
8 commentaires:
Brigetoun, là je suis bien d'accord avec toi. Le problème c'est cette phrase toute simple fait écho à celle que l'on peut dire parfois : "si tu n'es pas content, tu changes de crèmerie"... Mon père nous disait cela parfois lorsque l'on se plaignait de ce qu'il faisait à dîner... Dans le fond, ce n'est pas faux... MAIS, c'est surtout ce qu'il y a DERRIERE cette phrase qui est terrifiant... Tu devrais lire ma note "V pour Vital", tu comprendras... Moi, je dis "aux urnes citoyens !!!!!!!!"
Brig je risque d'être redondante mais aujourd'hui encore je vous suis reconnaissante de m'avoir fait connaître Jean Amrouche... Pour les monstres par contre je savais déjà et là encore je vous suis hé hé (pour les uns et les autres !)
Bonne journée.
Comme Marie je découvre et je partage...
Certaines phrases assassines sont intolérables dans la bouche d'élus de notre République!
Les hommes politiques et plus généralement les hommes de médias ne sont plus que des pantins souvent corrompus. L'Algérie était belle, prospère et tolérante avant le saccage français. Je ne connais pas Jean Amrouche. Ce qu'il écrit est beau et vécu vraisemblablement dans une souffrance inavouée. Mais combien de jeunes algériens actuellement sans travail, sans démocratie et sans avenir prometteur pourraient accepter ces paroles nostalgiques? L'histoire a toujours produit ses exilés, bien peu on reconstruit leur pays.
Jean Amrouche était aussi "intégré" qu'il est possible de l'être. Professeur, écrivain et critique admiré. Mais patriote
C'était un kabyle, si je me souviens bien? Donc issu d'une culture avec une très forte identité, solide et aux racines profondes.
oui mais aussi catholique je crois, intellectuel médiatique et professeur, et qui a pris parti pour l'indépendance
Je me sens très mal à l'aise devant cette situation .
Enfant et adolescent , j'ai passé une grande partie de mes vacances chez ma grand mère , à Vitry sur seine .
A coté de chez elle , il y avait une grande usine . De très nombreux Algériens y travaillaient . Ils habitaient à quelques metres de l'usine , dans un bidonville .
Tous les jours ,je passais devant ce qu'on ne pouvait appeller "leur maison " .
Ils étaient pauvres , fatigués , mais dignes , ils m'imposaient le respect .
Quand aujourd'hui je regarde leurs enfants ou les enfants de leurs enfants ...bien souvent , je ne les reconnais plus .
J'habite dans le sud de la France , à coté d'une petite ville .
Pas de grandes cités , un milieu rural .
Pourtant ....combien de fois je me sens mal , triste , angoissé , parfois même révolté !
En particulier dans le milieu scolaire !
Je sais bien qu'il ne faut pas généraliser , je connais trop d'Algériens que j'apprécie beaucoup .
J'ai perdu un fils il y a dix ans , tué par une jeune fille qui venait d'avoir son permis et qui n'a pas respecté un stop .
La seule personne qui ne nous a pas quitté ,mon épouse et moi , nuit et jour , pendant une semaine (il avait même pris une semaine de congé pour cela ) est un Algérien de Kabilie.
La seule personne qui partage avec nous , depuis 20 ans , tous nos réveillons de Noel , est un Tunisien que je considère comme mon frère .
J'ai fait de l'alphabétisation bénévole pendant trois ans .
Toutes les semaines , je mets des commentaires sur des blogs tenus par des musulmans que j'estime beaucoup.
Enfin , très interessé par les religions orientales , j'admire beaucoup la branche soufie des musulmans , j'ai de nombreux disques de leurs chants et musiques .
Je veux dire par là que je ne suis pas fermé aux musulmans d'Afrique du Nord .
N'empêche que lorsque j'en croise dans la rue (je parle des adolescents ) je ne sais plus que penser !
Je ne vois plus dans leur regard la grandeur , la dignité que j'admirais chez leurs grands parents à Vitry .
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