commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, mai 12, 2006

Je n'avais jamais lu Molloy de Beckett et je m'y baigne "De là il devait tout voir, la plaine, la mer, et puis ces mêmes collines que d'aucuns appellent montagnes, indigo par endroits dans la lumière du soir, se pressant les unes derrière les autres à perte de vue, traversées par des vallées qu'on ne voit pas mais qu'on devine, à cause du dégradement des tons et puis à cause d'autres indices intraduisibles en mots et même impensables."
et plus loin "et ce chien qu'est-ce qui l'empêchait d'être un chien errant qu'on ramasse et prend dans ses bras, par compassion ou parce qu'on a erré longtemps seul sans autre compagnie que ces routes sans fin, que ces sables, galets, marais, bruyères, que cette nature qui relève d'une autre justice..Jusqu'au jour où n'en pouvant plus, dans ce monde qui pour vous est sans bras, vous attrapez dans les vôtres les chiens galeux, les portez le temps qu'il faut, pour qu'ils vous aiment, pour que vous les aimiez, puis les jetez." A part les chiens perdus dont je tombais amoureuse lors des picnics familiaux (sans besoin de compagnie) les deux chiens que j'ai le mieux connus sont les deux labradors d'A, la vieille, depuis toujours membre de la tribu, noire, souffreteuse, petite, qui était ma soeur pendant ma convalescence, malgré son égoïsme tourné vers ses dernières forces et Oscar jeune et énorme, du fauve au blanc, avec son poitrail comme un avant de porte-avion, ou de percheron, et son sentimentalisme encombrant. Je suis seule au salon, débout, j'ai un peu mal ; il veut me consoler et met ses pattes sur mes épaules. Je me retrouve ridiculement assise en travers du canapé, j'essaie de lui expliquer. Il penche la tête, les yeux pleins de gentillesse et je n'ose plus me lever. Je rie et il sort dégoûté. Et leurs drôles de relations : Java plus ancienne était le chien dominant, goûtait la gamelle du jeune mâle qui n'avait le droit de s'en approcher que lorsqu'elle le voulait bien.
La dernière phrase hier soir, très beckettienne, sans rapport : "Ma vie .. Horloge qu'ayant remontée l'horloger enterre, avant de mourir, et dont les rouages tordus parleront un jour de Dieu, aux vers" Comme on le sait cet homme est d'une gaieté folle.
Je m'en vas deux jours à Paris et l'appartement d'A est salement mal situé sur le plan de métro. Posted by Picasa

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Un petit bonsoir, en passant je reviens lire demain matin .Gérard

marie.l a dit…

Labrador, mes chiens préférés... J'ai connu une Roxane presque blanche et une Augusta couleur sable, rien de plus affecteux que leur regard, il vous réconcilie avec le monde ...
Bon séjour parisien, vous allez me manquer. Comme je sais que vous a d o r e z les transports en commun, je vous souhaite bon voyage. A bientôt Brig !

Anonyme a dit…

bon week-end, à Paris sans, les chiens, surtout dans les transports.

Anonyme a dit…

Et Baltique ? :)

Anonyme a dit…

A Paris, je n'en connais pas d'aussi bien situés qu'en campagne... et pourtant, on n'a pas de métro !

Lancelot a dit…

Bon séjour à Paris, ramènes nous des jolies photos.

Holly Golightly a dit…

J'ai la réponse à ma question posée dans le message suivant !

Beckett est un auteur que j'aime infiniment ; il me revigore quand je vais mal. La noirceur de son univers me va au teint.

Anonyme a dit…

Cela me fait penser... Molloy, j'aurais du m'y replonger depuis longtemps, mais c'est peut-être de l'avoir étudié en prépa. C'est le genre de choses qui dessèchent la curiosité littéraire. Pourtant, je me rappelle que ce roman m'avait impressionnée, comme tout Beckett d'ailleurs. Idem pour Oh les beaux jours !
PS. Moi, je n'ai jamais eu de labrador, mais je m'occupais de deux gamines quand j'étais étudiante, et elles avaient un gros toutou tout doux. Elles lui grimpaient sur le dos, lui passaient leurs élastiques en travers des oreilles, rien, toujours aussi doux, le regard mouillé même. Et puis, quand je passais l'aspirateur, il ne voulait jamais bouger, j'étais obligée de pousser des hurlements sauvages en brandissant la gueule de l'aspirateur à 10 cm de sa tête pour qu'il se lève, péniblement, et s'en aille en dandinant paisiblement du cul.