perplexité Il y a si longtemps que je n'avais pas lu les petits poèmes en prose de Baudelaire qu'au fond je ne les ai peut-être jamais lus (pas très prisé par les bonnes soeurs). J'en ai acheté une édition de poche et ça donne ça
LES FOULES - Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude 1 L'expression se trouvait d'abord chez Thomas De Quincey et sera repris dans "les Paradis artificiels" (page 195). Voir également une lettre de Baudelaire à Sainte Beuve, 4 mai 1865 : "j'ai besoin de ce fameux bain de multitude dont l'incorrection vous avait justement choqué" (C,II, p.493). On lit aussi ans "le Peintre de la vie moderne" (chap.III) cette remarque attribuée à Constantin Guys lui-même : "Tout homme {... ] qui s'ennuie au sein de la multitude, est un sot ! un sot ! et je le méprise !" ; jouir de la foule est un art, et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote 2 C'est-à-dire une orgie. Voir au cinquième alinéa "cette ineffable orgie". de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau 3 Voir "Les dons des fées" (p.114). le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
Multitude, solitude 4 On lit dans le poème "Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire ..." [F.M., p.91] la même alternative : "Que ce soit dans la nuit et dans la solitude,/ Que ce soit dans la rue et dans la multitude [...]". , termes égaux et convertibles par le poète actif et fécond 5 Vauguenargues parle, quant à lui, du "génie actif, fécond" de l'artiste. Qui ne sait pas peupler sa solitude ...
Bien sur, les notes sont en bas de page mais, c'est plus fort que moi, je ne peux continuer le fil de ma lecture quand mon oeil a attrapé un chiffre renvoyant à quelque chose d'aussi proche. En fin de livre c'est autre chose. Est-ce que cela peut donner le goût de la lecture ? Et les petits classiques Garnier étaient ils ainsi ? L'esprit perd-t-il de sa souplesse avec l'âge.
Perplexe pour la photo, j'ai cherché en vain dans ma réserve. Je trouve que cela peut évoquer l'Opéra comique et les boulevards.
Dernière perplexité : que les gens découvrent le rôle des armées d'Afrique dans la campagne d'Italie et la libération (enfin je simplifie le nom des corps) et petit sursaut en entendant chanter "les Africains".
18 commentaires:
... et j'en retiens aussi, pour ma part :
"Multitude, solitude: termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond..."
Pour le chant que vous évoquez, j'imagine que c'est celui auquel je pense, celui que j'ai entendu souvent, petite fille, celui dont l'air me trotte maintenant dans la tête et qui parle de ces Africains venus de loin pour sauver la Patrie... un père militaire ça marque ...
Bonne journée Brig
familialement très proche de cet air - mais il a traversé une tempète et continue à être chanté dans des circonstances douteuses
Thomas De Quincey est un nom magique pour moi. Je fais des bonds quand je l'entends.
Je l'aime !
Les notes en fin de volume m'énervent. J'ai insisté auprès de mon éditeur pour que celles qui vont orner le volume de Barrie traduit soient en bas de page et non en fin de volume. On verra s'il m'écoute.
Très bon choix, Brigetoun, que Les petits poèmes en prose. Cela me rappelle de beaux souvenirs et je crois bien que je vais ouvrir de nouveau mon livre.
ah, les années Baudelaire ... il m'accompagne depuis mes 15 ans. Chez le soeurs, on n'avait que la version expurgée, celle coincée entre les pages du Lagarde et Michard. En rentrant chez moi, je me délectais de l'interdit (forcément) : les métamorphoses du vampire par dessus tout !(la femme cependant de sa bouche de fraise, se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise...)
Merci de me ramener ces petits souvenirs précieux !
pour les notes : je les zappe, ou qu'elles soient, et parfois j'y retourne plutôt en seconde lecture...
c'est ce que je fais normalement mais là elles prennent la moitié de la page et je suis attirée ; plus jeune j'aurai assimilé les deux en simultané, là c'est assez agaçant - ce billet était un coup de gueule
Je préfère néanmoins les notes en bas de page (désolée), car sinon, j'ai la flemme de revenir en arrière quand elles sont à la fin...
Les typographes devraient travailler davantage sur les notes de bas de pages, les rendre différentes pour qu'on ne soit tenté de les lire que vraiment motivé... Comme Simonne et Holly je n'aime pas les notes de fin de chapitre ou de livre (là c'est le cas avec les Notes de chevet, justement, de Sei Shônagon* et c'est un peu casse-pieds!) mais comme pour vous mes yeux n'en finissent plus de faire ces aller-retours!
Pour le quartier de l'opéra comique, que diriez-vous des peintures de Caillebotte et de Degas?
*un blog du Xè siècle! :o)
J'ai d'excellents souvenirs liés à Beaudelaire .
Quand j'étais en terminale , j'éprouvais pour lui une vraie passion , particulièrement son poème "Reccueillement " .
Ce poeme , je le connaissais par coeur , j'avais tout lu sur son histoire , sur ses allusions .
Le jour de l'examen...c'est ce poeme que j'ai du discerter !
Degas oui, à la rigueur Caillebotte, mais je n'ai pas pu encore m'en offrir. Savez vous s'il y en a un libre ?
Je crois que c'est effectivement un peu cher, à part en carte postale, hi hi.
Pas de notes en bas de pages, encore moins en fin de chapitre, mais à la fin de la phrase, ou pas du tout na!!
le champ des "Africains" à d'ailleurs été interdite pendant la guerre d'Algérie...Notre pays est-il prêt à accepter la version de l'autre côté du miroir...
Pour Baudelaire je comptais le relire après Hérédia..
MOi aussi j'ai gardé un souvenir étrange de la première fois que je les ai lus ... un midi d'avril tès ensoleillé à Genève ... je les avais acheté pour passer le temps, j'ai commencé et pas arrêté avant la dernière page
pour le chant : n'a-t-il pas été un peu récupéré par mes frères qui ont mal tourné, tu sais comme le drapeau et c'est bien qu'il ait été repris par ces acteurs
Je n'ai jamais pu m'empêcher de lire les notes, qu'elles soient en bas de page ou en fin de volume... C'est compulsif chez moi. J'ai peut-être toujours été trop bonne élève, hi hi hi !
Des fois, passer outre permet de rester dans sa lecture, de ne pas se laisser distraire.
Mais quand je lis, je tiens mon livre avec respect, sagement, sans excès (je ne suis plus du tout Poivert), et je lis tout ce qu'on m'offre. Jusqu'au dernier mot.
Bain de multitude ...
J'habite en pleine campagne .
Le bain de multitude , de temps en temps , c'est un vrai remède .
mais ...la solitude est la même , qu'on soit seul ou qu'on baigne dans la multitude ...
Ne serions-nous pas en train d'écrire des notes de bas de page avec nos commentaires ? Plus même, ne sommes-nous pas en train de marauder vos mots ? De les bouffer, goinfres, à notre mode ? Bref, d'être superbement suffisants et égoistes ?
vous ne sauriez bien sur me faire plus plaisir - excessivement sincèrement
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