réminiscence presque vraie Je revois la cloison de mon bureau, un peu sale, ternie par les années et la fumée, que je fixais pendant qu'une voix au téléphone disait "Bonjour, ici le consulat d'Italie, service .." et demandait si nous connaissions Mademoiselle Maria Lucia X. Zénia attendait que je lui rende la liasse de quittances et je ne comprenais pas ce que cette voix voulait. J'ai entendu "nous devons vous prévenir que cette jeune femme est morte". J'ai ouvert la bouche, repensant à la fille élégante, à son sourire pendant que nous lisions et commentions son bail.
La voix continuait et j'écoutais avec une stupeur horrifiée l'incompréhensible histoire que le gardien devait par la suite reprendre avec un ébahissement vaguement guilleret. Le corps que l'on avait découvert dans le studio, saignant et à moitié nu. Et vous savez, Mademoiselle, je ne l'ai jamais vue passer avec un homme, et puis il paraît qu'elle a été violée. Et c'est affreux, et j'ai peur que la famille me rende responsable, mais ce n'est tout de même pas mon boulot..
Plus tard, j'ai appris que la famille avait délégué un frère, que le corps était rapatrié, et puis le consulat m'a contactée pour la remise des clés.
En entrant, malgré moi, j'ai regardé le sol : le parquet collé était un peu usé, comme dans mon souvenir, mais sauf une ou deux lattes légèrement soulevées et une trace de brûlure devant la façade vitrée, la surface était vierge. En relevant les yeux pour le saluer j'ai vu les murs blancs impeccables. Il m'a regardé, semblant comprendre ce que je cherchais et j'ai eu un peu honte.
En sortant après le rapide état des lieux, dans l'ascenseur, je l'ai interrogé sur l'enquête et il m'a répondu qu'elle se poursuivait. Nous avons remis les clés au gardien, pour l'agence de location, et il m'a pris le coude en me proposant un café. J'ai pensé que je n'avais plus le temps de passer au bureau avant la fermeture et j'ai accepté. Je n'ai jamais su ce qui c'était passé.
8 commentaires:
une histoire un peu enigmatique pour moi comme l'est votre commemt chez moi "kipling: souvenir horrible d'une version " je suis venue vous voir...
découvert le monde mirage et vérité des mots de votre univers..
mais mon ciel est gris.. gris, mes cheveux surtout malheureusement !et ma carte mémoire est pleine .
je vous souhaite quelques sentiers ombreux dans la forêt des blogs..
Réminiscences professionnelles pour vous et, bizarrement, pour moi aussi aujourd'hui... la vôtre superbement racontée, triste et mystérieuse à en mourir, la mienne heureuse et nostalgique à en vivre.
Passez un bon samedi Brig !
commentaire fin et délicieux - merci à vous
C'est terrible cette histoire... Un polar bien réellement effrayant.
C'est beau la façon dont tu racontes ce qui est arrivé à cette jeune fille et à toi par la même occasion. Toujours bizarroïde d'être confronté à la mort violente.
Quelle histoire horrible...
"Il m'a regardé, semblant comprendre ce que je cherchais et j'ai eu un peu honte."
Une excellente phrase selon moi et une histoire qui pourrait être le début d'un polar.
Une énigme très bien menée, une écriture corsée, bravo !
Histoire horrible, mais très bien racontée.
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