
Mais si les festivaliers se font de plus en plus rares, remplacés par des touriste purs jus, la chaleur, cette après-midi place de l'Horloge, était toujours là et de belle facture. On n'a plus l'impression qu'elle met la main sur vous, ni de se heurter à un mur, mais je ruisselle toujours. J'en ai profité pour simplifier les corvées, avant de partir assister, au Théâtre du Fubambule, à la dernière d'une pièce japonaise choisie au pif, Dors Paris, de Juichiro Takeuchi (compagnie Tokyo Kadenchi).
Scène recouverte d'un tissu soyeux pouvant être sol ou draps. Une soeur gentille poupée, l'autre plus mince, sentencieuse, remarquable pitre - coup de téléphone à la mère et rire, de Dieu ?, dans l'appareil - projets - début de délire à propos d'un Monsieur X, dont je ne comprends pas bien qui il est. Peu à peu, des crises de panique très démonstratives - peur d'un tremblement de terre, de la foudre, du père - prières - évocation lyrique (assez belle d'après la traduction) de la région maritime d'où venait la mère morte (ah ?) - confection d'innombrables origamis, comme un rite - calfeutrement.

Et brusquement, le Monsieur X devant une petite table, sur le sol nu, le tissu roulé dans un coin, racontant la découverte des deux corps morts, dans une pièce sur-fermée, où ?, pleine de déchets. Et arrivée de deux charmants fantômes ? Le tout en cinquante minutes. De bonnes actrices, spectacle sympathique, mais, est-ce un léger décalage de point de vue entre civilisations, ou fatigue, l'absurde japonais m'est plus hermétique que l'absurde français.
Renoncé à des projets impliquant une trotte à pieds - je suis restée, perplexe, dans l'allée pour revoir, un quart d'heures plus tard, le spectacle d'Acide Lyrique que j'avais déjà vu il y a un an. Quatre bons artistes, du rythme, Mise en pièce de grands airs de Carmen, de la Flûte... ou assaisonnement

Dans l'après-midi je m'étais amusée à pister, dans des numéros de la revue du Théâtre de la Colline, ce que des auteurs ont écrit sur leur théâtre. Sans suite logique.
Bond, toujours : "Je veux vous rappeler/ Ce que vous avez oublié de voir/ En venant ici./ Vous rappeler d'écouter ce que/ Vous étiez trop occupés pour entendre..."
Valletti : "deux personnages parlent pendant exactement quatorze répliques puis arrive un autre personnage.. A moi de le faire parler, sans autre raison que la structure imposée. Me voilà dirigeant une troupe de marionnettes qui n'en font qu'à leur tête". un peu cruel, mais je ne veux pas le savoir, j'aime généralement le résultat.
Heiner Muller : "je suis l'ange du désespoir. De mes mains, je distribue l'ivresse, la stupeur, l'oubli, jouissance et tourment des corps. Mon discours est le silence, mon chant le cri".
Christine Angot (triché, je ne connais pas son théâtre) : "le théâtre c'est quelqu'un qui se détache du groupe aussi, qui se détache du choeur et qui dit : voilà ce qui m'arrive. Quelqu'un se détache enfin. Aux autres il n'arrive rien, ou alors ils ne le disent pas"..
Jean Luc Lagarce (que j'aime) : "ça pourrait avancer. Fragile, fragile. Ne pas retomber inévitablement dans l'intemporel le vague (termes russes ou "conte"). Essayer de parler d'aujoud'hui... et puis se laisser aller à son propre sentiment : parler à la salle, regarder le public, et parler, tout droit".
Bon, stop ! Aujourd'hui déjeuner avec deux blogueuses, à l'extérieur, je suis bien trop intimidée pour imposer en plus ma cuisine.

8 commentaires:
Je viens vous saluer en coup de vent ( çà vous fera du bien...le vent) et bon déjeuner en trio.
Ah ! génial ! régalez vous avec vos amies !
J'ai pas de définition du théâtre. Par contre, j'ai joué 3 ans (petits roles) au lycée, mais quel PIED !!
Très belle journée !
Bises,
OLIVIER
Moi j'attends des photos de belles avigonaises ou touristes ! :)
Je pense en vous lisant à un merveilleux anthropologue de la lecture, qui s'appelle Jesper Svenbro, qui explique comment l'invention (ou la découverte) de la lecture en Grêce ancienne coïncide avec l'expérience du théâtre. Le public n'intervient pas dans ce qui se passe sur scène, comme le lecteur n'intervient pas dans l'ordre et le contenu de ce qu'il lit. Pour nous, cela va de soi... Mais nous connaissons encore des gens qui interpellent les acteurs pour leur faire reproche de leur rôle de méchant. La culture passe par l'acceptation d'un rôle (provisoirement) plus passif.
Une belle journée de rencontres bloguesques en perspective,
Profite bien de ces instants de partage ;-)
belle rencontre en perspective,
tu embrasseras l'Alsacienne aux beaux yeux, pour moi et son amie...
attention je vais me transformer en petite souris et me joindre à vous...
bonne journée, ici nous avons enfin eu un peu de pluie ce qui rafraîchit l'atmosphère qui hier n'a pas dépassé les 30 degrés...
"Eviter la psychologie, ou plutôt lui donner une dimension métaphysique. Le théâtre est dans l'exagération extrême des sentiments, exagération qui disloque la plate réalité quotidienne". Eugène IONESCO.
Moi j'aime bien cette définition ! Et c'est de l'absurde français et pas japonais !
Amitiés
Christine
je déroge à ce que je disais en te quittant et mets un commentaire malgré mes "vacances"... Merci Brig pour cette bonne journée. Le retour de mes commentaires après mon départ du sud !
sans vouloir faire assaut de politesses c'est à moi de vous remercier Mesdames
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