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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, août 03, 2006

Souvenir de ces jours où, grâce au festival, les portes de Calvet s'ouvraient brièvement sur le jardin, sans souci de la climatisation.
Mon ami, l'un des quatre grands platanes - leurs belles branches bruissantes de feuilles - mais leur âge et leur maladie parfois évoquée.

Je me tenais contre lui, j'appuyais mon apparent reste de verdeur et ma déliquescence à sa peau dénudée, les pieds dans les débris d'écorce et les jaillissements de racines, et j'écoutais, d'une oreille plus ou moins attentive, les textes proférés.
Aucune exagération, aucune dérive, artistique ou non de l'esprit humain, aucun lyrisme, aucune évocation de notre part d'ombre, ne tient le coup. Je suis partie de cette vie qui continue vaillamment de courir sous ces plaques blanches, presque minérales. Sa robustesse.

Étaient-ils déjà en cet état, il y a quarante ans, quand je me réfugiais dans le jardin, accès possible par chaque porte-fenêtre du musée poussiéreux et endormi. Je n'avais conscience, me semble-t-il, que de l'herbe folle, par plaques, sur la terre pulvérulente, et des deux grands paons ennuyés.
Rouge décanté : "un écrivain comme moi vit sa vie deux fois - la seconde fois quand il décrit ce qu'il a vécu la première fois"..... "La haine de la vie, la misanthropie et la misogynie me rendent malade. L'angoisse me rend malade... Écoutez moi ... Ayez pitié de moi".
J'ai terminé le livre de Brouwers et la force de cette tentative de "reconstruction" (horrible mot auquel je n'arrive pas à trouver un équivalent) qui ne se dit pas, m'a tenue sous son emprise. Est-ce cela, est-ce le choix de livres, que je pense forts et noirs, ramenés de ma razzia d'avant hier à la Fnac, est-ce le moyen-orient, la douleur, la panique, les mots détournés, et cette coupure du monde que l'on nous impose, ou nos divisions, Brigetoun, quand elle ne s'enfonce pas dans le sommeil, est contractée physiquement, moralement et très inutilement.
Alors : les arbres, le plaisir de ma famille redescendue dans notre sud - un électricien a réglé une partie de mes problèmes, et je m'embarque dans le Portrait du Gulf Stream d'Eric Orsenna.
"De tout temps, les marins ont lancé des bouteilles à la mer/
Pour tenter de rompre leur solitude.
Et aussi pour dessiner la route des courants." Posted by Picasa

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Les hasards n'existent pas.
Je viens d'évoquer la bouteille à la mer pour un petit mot pour Fleuryval sur mon blog
et j'arrive sur ton texte qui finit dans une autre bouteille à la mer.
Merci pour la trace chez moi...
ca m'a permis de trouver ici...
Un hérétique en la cité des papes... rire !

Brigetoun a dit…

ma foi quel meilleur endroit pour un hérétique ?

José Leite a dit…

La vie en rose! Formidable!

Anonyme a dit…

ce que j'aime sur ton site, briget, c'est la combinaison d'une photo originale et d'une citation qui tombe à pic. Moi j'aurais écrit: une vidéaste comme moi vit sa vie trois fois: la seconde fois quand elle dérushe ses cassettes, la troisième quand elle les monte... ;-)

Anonyme a dit…

je te souhaite une bonne journée en compagnie d'Erik Orsenna qui sait jeter les mots...
Nous avons tous nos arbres qui pour une raison non maitrisée sont devenus nos plus fidèles amis...

Anonyme a dit…

Brigetoun : tu sembles défier les résultats d'une enquête canadienne récente qui prétend que les "super internautes" (+ d'1 heure par jour) délaissent les tâches domestiques (repassage par ex !!) et les relations sociales.Ils connaissent moins bien leur voisinage, font moins d'activités sportives ou de bénévolat, lisent moins.
A moins que tu ne sois l'exception qui confirme la règle !
Amitiés

Anonyme a dit…

Les platanes... Quand j'étais gamine, je courais autour des platanes séculaires de la cour de récré. Ils veillaient sur cet ancien couvent, et nous regardaient courir, courir autour d'eux, sans nous lasser, chaussés de nos bottes en caoutchouc, en poussant des cris de sioux.
Ou alors, comme moi, lentement, en regardant mes pieds, pour voir l'eau me contourner.
Je me rappelle l'écorce, arrachée doucement de l'arbre, conservée dans ma poche, rangée avec les marrons trouvés sur les quais.

Muse a dit…

un commentaire passé à la trappe où je te disais que nous pensions bien à toi.