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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, septembre 09, 2006

mon coin de rue, mon immeuble suspendus
Tournant un peu en rond vendredi après-midi, attendant, je feuilletais les livres entrés, pour choisir ma lecture du soir. J'ai pris, souvenir d'une écharpe rouge, repaire dans les spectacles parisiens, et d'une passion calme, l'acteur qui ne revient pas de Georges Banu, que je n'avais pas eu le temps de lire lors de la réédition -
Obsédée par un encore trop jeune homme qui nous importe, par un jeune homme sentimental, par un jeune homme que l'amitié a recherché, par un appartement ouvert et vide, par un jeune homme retrouvé qui va dormir.

Et je suis si heureuse de l'inadéquation des passages qui m'avait retenue - que je peux, grâce à cela, noter, déconnectés, sans liaison avec notre incertitude, vraiment pour le seul amour du théâtre.

Cet acteur napolitain que le Nord méprisa et que le Sud exalta, Eduardo de Filippo, n'avait pas son pareil pour ce qui est de l'éloquence du dos. Les muscles s'agitaient, l'omoplate avouait, l'épaule s'étonnait... discours muet que, sous le charme, la salle entière épiait... Il a fallu attendre la réaction naturaliste et son goût pour le vrai pour qu'Antoine impose le droit des acteurs de tourner le dos au public afin de révéler ainsi ce que les êtres ne formulent pas et que les visages dissimulent..
Et ce que j'ai aimé, lu bien après, la nuit tombée, comme un autre jour : L'acteur, au Japon, sort et ne revient pas. Dans le nô c'est le shite... Rien ne peut l'en empêcher. Rien ne peut le distraire. L'acteur ne prête pas la moindre attention à une assistance qui applaudit avec réserve. Applaudissements retenus, comme si le lieu ou le spectacle.. les rendaient inconvenants..
L'acteur de kabuki, lui non plus, ne revient pas. Mais avant de sortir il se pavane.. en présentant sa plus spectaculaire manière de marcher, de loucher (signe de concentration), de rouler les mots...
Là où a régné l'extrême distanciation on se dérobe à ce qui est pour l'occidental sa manifestation la plus indiscutable : la présence sur scène en tant qu'interprète seulement... La fonction l'emporte sur l'identité, le masque sur le visage et le théâtre sur l'être singulier.
Et je m'arrête là.
Et je pense que, émergeant de Roth, je vais lire Banu par petites gorgées, de temps à autre, mais j'aime bien.
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8 commentaires:

marie.l a dit…

n'est pas acteur qui veut, et souvent est acteur qui l'on n'attend pas... réflexion d'une nuit d'insomnie !
Bonne lecture Brig et que ton samedi te soit agréable.

Muse a dit…

La gestuelle du corps au service de la parole ou l'inverse?
Bon week-end Brig

Anonyme a dit…

Si on vous pressait comme une éponge, on pourrai remplir bien des bibliothèques.
quelle ardeur ! !

DiogenePasCynique a dit…

Bonjour,

Mertci de votre fidélité et vos encouragements. C'est à priori bon pour l'interview (dans quelques jour !). Bonnes lectures ...

Amlicalement.

Jean a dit…

" Là où a régné l'extrême distanciation on se dérobe à ce qui est pour l'occidental sa manifestation la plus indiscutable : la présence sur scène en tant qu'interprète seulement... La fonction l'emporte sur l'identité, le masque sur le visage et le théâtre sur l'être singulier. "

Je suis extrèmement sensible précisement
à cette distanciation .

Il me semble que c'est en fuyant tout ce que l'Occident magnifie , le relief , l'intensité de la personnalité , que l'on échappe à la relativité , à la subjectivité , que nous avons une petite chance d'atteindre la Vérité des profondeurs .

Anonyme a dit…

A vingt ans, j'ai voyagé au Japon avec mon fiancé du moment. J'étais très jeune. Certaines choses m'ont fascinée, d'autres surprise, d'autres émue et d'autres comme kabuki m'ont laissée de marbre.
j'ai assisté, entre baillements et fous rires, à un spectale dont le sens profond m'a totalement échappé

heureusement on vieillit!

Anonyme a dit…

Le non retour de l'acteur japonais ne dépend pas d'une quelconque esthétique théâtrale mais bien d'une éthique valable dans l'ensemble de la société traditionnelle : il serait très inconvenant de se faire applaudir pour quoi que ce soit. Heureusement ou malheureusement, la télévision et la mondialisation ont eu raison de cette spécificité japonaise... (sauf au kabuki, au nô et dans quelques autres arts traditionnels, bien sûr)

Anonyme a dit…

Pays d'Orient, pays du soleil levant et tout est autrement !