J'ai lu, dimanche matin, sur http://bertrand-bertrand.over-blog.com/ chez Bertrand du voyage et de Valparaiso réunis, un billet intitulé les "trous", partant de ceux des trottoirs de Valparaiso et dérivant à travers tous les sens du mot, et je me suis embarquée dans un commentaire à la fois littéral et hors sujet.
Remontée de mes réactions instinctives aux étonnements d'un de mes varois ? J'ai aimé qu'il ait le même regard que Pétraque (ou moi) sur la saleté de nos rues, les sacs attendant plus ou moins discrètement des heures avant leur enlèvement... j'ai été un peu agacée par son insistance à penser que les vieilles maisons, près de la rue des Teinturiers ou de la rue Philonarde, avaient été conçues dès l'origine avec ces façades s'écartant en douce courbe tendue de la rue, comme cambrées en s'appuyant sur leur massif rez-de-chaussée, et à s'interroger sur les raisons de cette imaginaire décision, n'entendant pas qu'il n'y avait là que l'effet de leur grand âge qui déforme les humbles maisons comme les corps travailleurs.
Et, comme les relents montant de la Sorgue (ou de l'égout qui porte ce nom) étaient, le temps aidant, spécialement prenants, j'ai parlé des soirs où cette même odeur tente d'envahir ma cour (venant du Rhône ?), où je me crois sur le bord d'un marigot et où j'attends en vain le chant des crapauds.
Le long des nobles façades de la rue de la Masse, il s'effarait des nombreux trous dans les façades, et il nous a fait remarquer, pendant que je leur montrais la belle façade de l'hôtel de Crillon, que la corniche de l'hôtel de Fortia, en face, s'effritait. La pierre noircie n'empèche pas de voir les grands fissures.
Il est vrai que la pierre d'Avignon, à cause de sa provenance ? de l'humidité des petites rues ? du vent ? je n'en sais rien, se désagrège. Après chaque grosse averse ou chaque journée ventée, ma cour est pleine de gravats, et j'ai éloigné les meubles d'un mur laissé nu, lasse de trouver le bois ciré recouverts de granulés blancs.
Comme le disait mon varois des restaurations (l'intérieur des églises et leurs lambeaux de peinture le navraient) s'imposeraient - comme nous le lui avons répondu le nombre et l'importance de ces travaux dépasseraient de loin les moyens des particuliers et de la municipalité.
Comme je l'ai compris c'est pour cela que je l'aime cette ville qui devient mienne - dans son léger engourdissement elle vit toujours - ses beauté sont fragiles mais elles résistent. On passe, rue du Roi René, des jardins débordant de verdures entourant des presque mas aux hôtels dignes de la rue Saint Honoré, avec toujours des pierres noircies, irrégulières.
Et, de temps en temps, une façade qui a retrouvé sa blondeur, avec des pierres neuves marquées par les taillants et ponceuses, et quelques sculptures un peu gauches des actuels tailleurs de pierre. Le 19ème s'invitant, mélé au 17ème, sur les deux grandes places qui n'ont commencé à être creusées dans la masse qu'au 15ème, et le long des quelques rues "modernes".
Me déplait seulement la sottise du quartier de la Balance et de certains immeubles récents qui n'ont pas su prendre parti pour leur époque.
Mais les photos sont de mon quartier, relativement entretenu - je n'avais pas de belles fissures noires sous la main.
17 commentaires:
Il y a une société à Genève qui fait opposition systématiquement à tout construction ou tous travaux qui ne respectent pas l'environnement architectural du quartier.
le grès jaune du contour de mes fenêtres (datant de 1601 - le contour -) s'effrite en poussière ocre clair sur les rebords cirés de l'intérieur, tous les jours j'y retrouve une mince pellicule...
Bon début de semaine Brig !
Pourtant, il va bien falloir songer à restaurer tout ça quand même (le prix, le bruit, la gêne), non ? Ces maisons qui se courbent en raison de leur grand âge, cette pierre qui s'effrite, bien penser à les consolider ? Tu me fais penser à ces BD futuristes des frères Schuitten (pas sûre de l'orthographe), et ces cités désertées par leurs habitants...
Dommage de laisser se dégrader ces belles demeures, mais les finances font plus souvent défaut que la volonté sûrement !
mais elles ont franchi les siècles - et Anita je n'aurais pas du donner l'impression d"une ville désertée, justement elle est habitée, ce n'est pas un musée mais un organisme vivant, avec des périodes plus ou moins prospères. Une belle fille aux jupons un peu sales
et il y a des travaux de façon incessante - un peu à notre petite échelle le problème de l'Italie et de ses monuments
Une bonne semaine
A+
http://charles02.skynetblogs.be/
les odeurs pestilentielles du Jarret on été supprimées; il faut certes y mettre les moyens si l'on veut conserver le charme de l'ancien et respecter une restauration intelligente.
Je vois que tu as une passion pour les vieilles pierres et l'architecture, au vu de tes dernières photos et de ton texte.
Une question Isle-sur-Sorgues n'est pas loin de chez toi ? j'ai joué contre eux.
Comme ds bcp de villes, on abandonne certains quartiers...C'est triste !
Belle journée qd même !
OLIVIER
oui et c'est charmant - même problème conserver sans se transformer en lusée pour bourgeoisie aisée - et j'aime bien Avignon parce que c'est trop grand pour que ce soit possible, et qu'elle n'est pas enncore totalement un ghetto pour riche et touristes encadrés
Ici, c'est le tuffeau blanc, pierre calcaire hautement friable qui tombe parfois en poussière, mais pas trop dans la ville, davantage dans les villages alentour... quant aux odeurs : j'ahbite tout près (200 mètres) d'une ferme qui fait dans le cochon... lisier, odeurs des bêtes que l'on charge dans les bétaillères ... je te laisse imaginer ! il n'y a pas que les villes qui puent :-)
Des arguments de "façades" qui vous honorent.
J'ai découvert en voyageant en Asie que le fait de restaurer les constructions anciennes (quelles qu'elles soient) est dû à un regard (une attitude) occidental .
les asiatiques, je pense particulièrement au Laos, laissent la nature et le temps faire leurs oeuvres sans intervenir, ou très peu.
quand finalement un temple (boudhiste) s'écroule, ils en construisent un autre à côté, tout beau tout neuf, clinquant et doré et dont ils sont très fiers.
je pense toujours que c'est dommage, mais quand je vois des "chantiers" europééns,où prospérent des légions de français qui roulent ostensiblement en 4X4, au mileu de la misère, dépenser des sommes folles pour restaurer des bâtiments, alors que les autochtones ne voyaient pas l'intérêt de le faire et que leurs besoins en santé, alimentation et scolarité sont nombreux, je me pose des questions.
Je n'ai pas de réponse, c'est juste une réflexion, car j'adore les témoignages architecturaux du passé, pour l'esthétisme, mais aussi, et surtout, car ils portent les traces du labeur de millions d'ouvriers et celles du génie artistique humain
Brigetoun, j'aime votre vision des choses. Aimer les vieilles pierres et l'architecture, avec leurs blessures, leurs cicatrices, plutôt que de les voir se transformer en musées figés.
Je peux comprendre l'attitude des Asiatiques qui laissent les bâtiments s'écrouler pour les remplacer. Mais dans nos sociétés occidentales, cette tendance est un peu trop répandue, je pense. Combien de promoteurs immobiliers sont toujours prêts à tout raser pour construire des immeubles souvent horribles qui se dégraderont en quelques décennies, la priorité étant accordée aux profit vite fait.
Brigetoun, extraordinaire! je connais bien Avignon et pour plusieurs raisons l'aime à la folie. Mais quelle sensation à la lecture de ta desciption ! Tout simplement le sentiment d' avoir été téléportée devant l'hôtel Crillon à la seconde même tant la description est fidèle (odeurs, couleurs, état, rue.........). Grâce à toi, j'ai tout d'un coup eu ce don d'ubiquité ! Viens vite nous visiter à DIJON : tu adoreras cette ville (on y parlera d'Avignon !!!!) . C'est une invitation !
Amitiés
Christine
mais j'aime beaucoup Dijon - seulement moi et les déplacements -là je suis une boule de trac en pensant à ma grosse heure de car demain
A travers tes lignes, on devine l'ambiance de ta ville, ..car oui, la façon dont tu en parles, on peut dire que c'est "ta" ville ;-) Je vis dans un quartier classé et je ne me lasse pas de parcourir ses rues chargées d'histoire, ...bon voyage en car !
brigetoun, je rentre aujourd'hui retrouver mon ADSL.. et passer un peu vite te dire bonsoir avant de relire tes notes d'un peu plus près , je suis un claquée, bonne nuit
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