Je me réfugie dans la négation-sommeil du second matin, me rapatriant, lovée sous ma couette, soi-disant lucide, pour écouter les nouvelles, émergeant après d'inexplicables plages mortes, trop tard, jeudi encore, pour aller aux Halles.
En marchant vers la gare pour acheter des billets, j'ai voulu trouver dans les teintes des arbres un accord avec l'automne qui s'installe. Le ciel se levait un peu, ne pleurait plus, mais la tristesse humide l'emplissait toujours. Mais la masse du feuillage est toujours drue pour le moment, nous n'en sommes qu'à un assourdissement du vert.
Tout de même, certaines espèces ... et les petites branches surgeons sous la couronne des platanes..
Et les feuilles mortes, que l'on ne voit pas quand elles se cachent sur les arbres, commencent à coloniser des coins de trottoirs, s'accordant avec les flaques de la nuit de mercredi.
Un peu avant le crépuscule, le gris s'est fendu, des plaques effrangées ont glissé, le bleu a percé par endroit, avant que tout bascule dans le soir.
Thé au jasmin, thé à la bergamote ou caravane tout simplement. Et s'installe le choix hivernal entre les fenêtres presque grandes ouvertes sur la nuit qui tombe, humide et pénétrante, ou l'odeur des cigares et cigarettes. Je me prends à rêver de fauteuils en velours côtelé et d'une cheminée avec une flambée où faire rôtir des pommes (juste pour l'odeur).
Je retrouve chez Jean Claude Boudais des photos de la Trappe au début du siècle, et maintenant qu'il ne suit plus dans son récit Saint-Simon ni Chateaubriand, j'ai recherché dans la vie de Rancé la description de la Trappe avant la réforme
"Le réfectoire n'en avait plus que le nom. Les moines et les séculiers s'y assemblaient pour jouer à la boule lorsque la chaleur et le mauvais temps ne leur permettaient pas de jouer au dehors.
Le dortoir était abandonné ; il ne servait de retraite qu'aux oiseaux de nuit : il était exposé à la grêle, à la pluie, à la neige et au vent ; chacun des frères se logeait comme il voulait et où il pouvait...
Il n'y avait d'autres ruisseaux à La Trappe que ceux que forment les étangs successifs qui s'élèvent avec le terrain, ni d'autres prairies que les queues des étangs ; l'air n'était supportable qu'à ceux qui cherchaient à mourir."
Pour les photos sépias des moines dans la Tappe deux fois reconstruites, la ferme, et une formidable bibliothèque http://www.jcbourdais.net
Et je viens d'écouter François Bon parler de Tumultes et puis, s'appuyant sur Quignard "on arrête de jouer, et on écrit pour nous, point."
12 commentaires:
j'ai pris mes billets également Brig, je serai absente, et reviendrai te lire lundi... Bon week-end !
Une très belle description de l'automne qui s'installe. Bonne journée.
"On arrête de jouer, et on écrit pour nous, point"... Comme c'est bien dit, ha ha !
Paysages identiques ici aussi mais les dernières pluies auront raison de cette fin d'été...Bonne journée Brig!
La mort devient belle et chaleureuse, lorsque ce sont des feuilles d'automne.
tiens je ne suis pas mécontent de cette formule (rire)
L'automne est beau à la campagne, en ville je le trouve d'une tristesse totale, les jours plus courts, moins de soleil, le froid...brrrr
oui, avoir une cheminée, une maison à l'orée d'un bois, une vie simple et paisible...on ne peut pas tout faire!
Bonjour !
Quelle belle description de l'automne !
Tu écris magnifiquement bien, chacune de tes phrases est un régal, dont je me repais avec plaisir et sans modération.
Le ciel qui pleure, tristesse humide, les feuilles qui colonisent les trottoirs..
Que d'images si évocatrices qui surgissent à la lecture de ton article.
merci et à bientôt, sois bien
YVES
J'ai bcp aimé ton texte sur l'automne. Je m'y voyais...
Quand à la Trappe, reste plus qu'à l'ouvrir !
Beau week-end !
OLIVIER
Je pense aller faire un tour dans notre belle forêt de chênes ce week-end.
Très bon week-end à toi
Bien beau texte
Et un bon we
A+
http://charles02.skynetblogs.be/
nostalgie de l'automne ou nostalgie d'un refuge où rechauffer son coeur...et écrire pour soi.bonne nuit
Superbe mots d'automne ! manque juste l'odeur et le bruit des marrons qui claquent ! Ca me fait envie !
Amitiés
Christine
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