On commence à voir un peu l'automne et on le sent dans ce sale petit vent qui en veut à mon hortensia et à mon gardénia en pots.
Je m'étais promis de ne plus me risquer à envoyer des élucubrations à "Impromptus Littéraires" (ni à Paroles plurielles d'ailleurs), mais j'ai bien entendu cédé, le thème étant "page blanche, écran vide et autres miroirs". Réagi ce matin par un truc désordonné et dont la véhémence me surprend, non moins que la niaiserie, mais tant pis ça m'apprendra - et qui comme les précédents fait un très joli flop. http://impromptus.fr/dotclear/
"Page blanche, écran vide et autres miroirs" c'est ce que tu m'as prédit, toi qui crois me connaître - et ce matin de blues, après nos adieux, je remâche les mots, ces mots dits comme une constatation, sans désir de faire mal, même s'ils condamnent. Et bien sur ce n'est pas la raison de ton départ, juste une petite flèche sans importance.
Page blanche : j'en trouve une que je pose sur un coin de table, lui faisant une vraie place - le fait est que, comme ça, là, maintenant, je ne vois pas ce que je pourrais y inscrire. Je rêve un peu mais ça m'ennuie, y mettre quoi ? Que voulais tu dire ? Des pensées profondes, d'astucieuses histoires ? Pour allumer un petit cigare, je lâche mon crayon et mes yeux tombent sur la feuille, mon amie la feuille, qui n'est plus blanche mais ombrée d'un dessin un peu indécis, de mots envolés dans tous les sens. Bien sur ce n'est rien, même pas surréaliste.
Ecran vide : mais il ne l'est jamais l'écran - le noir n'est pas le vide mais un possible et, si j'allume, une animation se déroule pour aboutir à ce dessin de pitre souriant que j'y ai inscrit il y a déjà longtemps.
Je sais, je conjure par le non-sens, la fausse idiotie et la mauvaise foi, l'impact de ton verdict. L'injustice de ton verdict : si tu prétendais bon ce que j'osais de montrer, ou que tu me volais, cela ne prouvait que ton manque de réelle attention, ou ta réelle futilité. Aurais-tu voulu que je me satisfasse de cette médiocrité, et d'ailleurs qui, à part toi, l'aurait acceptée ? Ma lucidité, ma dignité, et mon incapacité, de plus en plus, à passer outre m'appartenaient. D'ailleurs écrire pour qui ? pas pour toi.
Et du peu que j'avais, de ma maladresse même, maintenant, tout de suite, il ne me reste qu'un grand vide, et ce qui monte dans ce vide ne peut être dit.
Et dans mon miroir préféré, un peu piqué, je fixe ce visage bouffi de mauvais sommeil, pour ne plus voir que les yeux, reconstruire autour de ces yeux, peuplés d'interrogation, puis, perçant le vide, d'une rage naissante qui se transforme en sourire, parce qu'ils m'amusent : leur tragique idiot.
Autour il y a moi qui vais nourrir cette rage, ce sourire et peut-être peu à peu les poser sur la page blanche. Pour moi. Merci à toi.
10 commentaires:
Flop, ça dépend pour qui. Moi, je fais davantage confiance à l'oeil de l'auteure. Nous parlerais-tu de ces textes si tu estimais toi-même qu'ils en constituaient un, de flop ?
Pour ma part je sens l'automne aux feuilles mortes qui jonchent sur mes places de parc ou sur la route quand je roule en scooter, et qui font que je dois redoubler de vigilance pour ne pas glisser.
flop ? tiens donc ! mais Brig n'est-il pas plus qu'important déjà d'écrire pour soi ? le partager avec les autres n'en est qu'une conséquence qui n'est pas forcée... pour ma part je suis bien contente que tu le fasses... mais je crois que c'est ta conclusion et à mon humble avis, tu as raison !
Un orage fin octobre dans ma nuit d'insomnie, étrange et rare...
finalement tu as eu une fort bonne idée...une finalité dans l'écriture que je partage...du Brig première pression à froid et les mots coulent limpides.
Un superbe thème dont je risque de me servir.
Chère Brig,
Un flop ! jamais de la vie ! un texte profond.
J'adore la photo de ton bureau ou écritoire.
Je t'embrasse,
OLIVIER
Rien ne change c'est du pur jus, rien est blanc, rien n'est vide.
De l'écran blanc de nos nuits noires à la page blanche et l'écran noir il semble n'y avoir avoir qu'un pas à faire, devant un miroir.
bellissimo!
"ces mots dits comme une constatation, sans désir de faire mal, même s'ils condamnent"
terrible, quand l'autre ne sait même plus à quel moment il blesse, quand il n'y pense plus, quand il n'y a plus rien d'autre que les apparences
a domani, buon pomeriggio
Je me régale de tes mots le "flop" vient peut être de la personne qui ne sait pas apprécier. Tes illustrations sont également très réussies.
"...nourrir cette rage.."
Les sentiments violents font progresser, ils nous permettent de nous dépasser ;-)
Enregistrer un commentaire