Encore une vitrine, rencontrée samedi matin sur le chemin de la pharmacie, du même auteur que le faux bélier qui est quelque part dans mon passé récent - mais cette fois la civilisation automobile veut absolument prendre possession de ce couple, aussi fier et beau que modeste, humble jusque dans sa chair faite de la même toile de jute que ses vêtements.
Je leur ai trouvé une présence extraordinaire - me semblent plus réels que moi actuellement, et pourtant ils sont des créatures de rêve comme l'animal de bois hors d'échelle qui leur sert d'enfant, comme le tout joli, tout rond, tout minuscule et ridicule mouton perché sur une chaise à côté de la femme.
Une famille sortie d'un conte à écouter le soir, à la veillée, en épluchant des châtaignes. L'histoire d'un jeune ménage, en habits du dimanche, venu reprendre une terre ; on ne sais ce que sont devenus les vieux. Pour une raison obscure, je pense que la ferme est sur la Margeride. Ils vont avoir froid, et moi je vais les perdre dans la neige... et dormir.