la seconde photo au moins n'a vraiment rien à faire là.
Angélique-Marie et Aurélie, dans la pénombre du salon d'Anne-Françoise, tentent de dresser un programme d'études pour les pensionnaires de leur future institution.
Mathilde s'est assise sur un petit tabouret au coin de la cheminée; coudes plantées sur ses genoux relevés, ses mains encadrant son visage tendu et vide. Elles ont considéré avec un sourire indulgent sa posture et ses cheveux mal tressés, mais la laissent à la lisière de leur cercle.
Anne-Françoise, en la regardant, insiste pour que l'on tente de trouver de bons enseignants, que les leçons soient aussi proches de celles données aux garçons que le permet la bienséance. Elle pense que Mathilde est jolie, mais qu'elle ne se mariera pas et qu'elle sera seule, avec peut-être l'appui de son frère.
Et, pensant à ce que pouvait être l'instruction donnée aux jeunes-filles, un peu avant leur époque, je feuilletais Diderot et, dans les mélanges pour Catherine II, je suis tombée sur ce qui serait sans doute trop osé pour nos dames, des cours d'anatomie.
Cette connaissance lui servira dans la santé pour la conserver ; dans la maladie pour bien désigner le lieu de sa douleur, dans la maison pour son mari, pour ses enfants et pour ses domestiques.
Mais, me direz-vous, où a-t-elle pu prendre ces connaissances anatomiques, sans conséquences. Chez une demoiselle, très habile et très honnête, où j'ai fait mes cours d'anatomie, moi, mes amis, vingt filles de bonne maison, et cent femmes de la société...
et j'ai découvert Marie-Catherine Biberon (on parle beaucoup d'Honoré Fragonnard mais jamais d'elle du moins à ma connaissance) d'abord peintre de fleurs, puis modeleuse en cire de pièces anatomiques, notamment de monstres. On allait les admirer chez elle rue de l'Estrapade selon la notice de Laurent Versini.
Il faudra que je sorte - il le faut et relever les coins, et je réponds : oui maman. Mais pour le moment je reprends un piètre roman vaguement policier d'une anglaise 19ème siècle, avec par moment de jolies phrases comme Qu'elle se soit confondue dans mes rêves avec Diana, jouant aux cartes avec une robe d'indienne retroussée sur un jupon de satin piqué, que je l'ai ensuite rencontrée dans le petit temple de stuc de la colline belge, et que je lui ai percé le coeur lorsqu'elle s'est transformée en Charlotte, cela ne relève que du train-train ordinaire des songes... mais ce n'est que de temps en temps sur près de cinq cent pages - Je me délecte.
14 commentaires:
Je te souhaite un excellent ouikende.
Dis, Brigitte, il y a des traces de Camille Claudel aux alentours de chez toi? Et l'asile psychiatrique de Montdevergues, que l'on dit aux portes d'Avignon, il existe toujours?
Suis en train de lire un petit ouvrage qui lui est consacré; et ta note parlant de programme d'études et de la bienséance de son contenu me renvoie à une autre "bienséance" : avant que les femmes ne soient enfin admises à l'École des beaux-arts de Paris, fin XIXe siècle, les femmes qui voulaient poursuivre la formation devaient aller en écoles privées où on leur faisait payer le DOUBLE du tarif appliqué aux hommes!!
Aujourd'hui, les femmes continuent à payer plus cher... pour leurs vêtements, le coiffeur, le garagiste, et quoi encore?? (et ça, c'est sans compter qu'elles sont encore sous-payées dans la plupart des sphères d'emploi. Ah!
Ça te plaît, ma manière de te souhaiter Bon Matin?? ;-)
pour les vêtements et le garagiste j'ai l'impresion que tu exagères ; et puis en principe jusqu'à il y a moins de cent ans c'étaient les hommes qui payaient pour les femmes, y compris avec l'argent que celles ci leur avaient amené en dot.
Pour les Beaux-arts, en peinture c'est moins vrai la modeleuse ci-dessus et une de mes ancètres 18ème étaient peintres, en sculpture c'était plus rare mais en archi dans mon école il y a moins de cinquante ans nous étions quatre au comencement d'une promotion et une seule a continué jusqu'au diplôme (4 sur un peu plus de 200) et mes parents qui n'étaient pas riches avaient voulu me payer une école plutôt que de mettre leur couventine aux beaux-arts
Angélique-Marie et Aurélie avant-gardistes...
et Marie-Catherine Biberon que je ne connais pas et que je n'ai pas trouvée dans mes recherches pour pratiquer encore ce que tu me permets de faire grâce à ta grande culture : découvrir et m'informer.
Bon début de week-end Brig
Mouah, ex-à-gérer??
N'en reste pas moins que, pour relever la note, Brig', t'es impayable!
(faut que je me surveille, j'viens d'emprunter un langage très administratif...)
((Au fait, Blogger n'offre plus l'option qui oblige les commentateurs à inscrire un code, afin de contrer les spammeurs?? Ce serait moins embêtant pour toi, plutôt que d'avoir à modérer les commentaires.))
Bon ouikende.
vagabondages aux portes de l'aurore et parmi tant de pages retrouver son chemin afin qu'un fil, fût-il de repassage, ne te laisse jamais en plan sur le chemin.
Ce soir j'attendais Mathilde, pour l'emmener au cinéma, Mathilde elle aime bien çà......
Et qui est l'auteur de ce roman vaguement policier ?
Je me suis perdu dans tes écrits...
J'aime tes photos !
Beau samedi !
Bises,
OLIVIER
As tu trouvé un texte pour moi ? merci sinon tant pis.
Quel beau complment pour Mathilde que de n'être pas fille à marier !
Encore super les prises de vues... C'est beau l'automne en fin de journée aussi quand la lumiere change de couleur..
Sinon, je connais pas tous les personnages du texte, mais c'est drolement joliment écrit... Ballade en automne avec les mots et les photos. Ca rend le froid plus chaleureux, c'est bien :)
Angélique-Marie et Aurélie, désuètes et sérieuses.
La leçon d'anatomie, quelle audace!
comme celà devait être difficile, pour beaucoup de femmes du temps passé, ignorantes de leurs propres corps.
Stasera ho mal di testa, a Nizza faceva un tempo bellissimo, ma a Bologna fa freddo!
Brigetoun,
Pour le programme d'études de la future institution d'Angélique-Marie et d'Aurélie, recommande-leur la lecture de deux ouvrages de Madame de Maintenon :
- Lettres historiques et édifiantes adressées aux dames de Saint-Cyr (2 Tomes, ed. Lavallée - 1856)
- Lettres et entretiens sur l'éducation (ed. Lavallée - 1861)
Brigetoun,
Tu est partie trop vite du DEL, je voulais te livrer ces quelques vers :
"Dans ces combats douteux où deux prélats de France
Semblent chercher la vérité,
L'un d'eux dit qu'on déruit l'espérance,
L'autre soutient que c'est la charité ;
C'est la France qu'on détruit, mais personne n'y pense"
Bonne nuit...
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