pour les impromptus littéraires http://impromptus.fr/dotclear/ le sujet de la semaine était "vêtu(e) de quelques grammes de dentelles" - les présentes dentelles sont différentes et assez pesantes mais c'est tout ce que j'avais sous la main.
Blanche a eu un coup de folie, de folie douce, de folie gaie. De folie raisonnable : cela fait tant de bien au moral et à la peau.
Avant de s'endormir, elle a regardé pour la vingtième fois "Lola", et elle s'est souvenue de ce temps où elle croyait, où il lui disait qu'elle ressemblait un peu à Anouck Aimé.
La rue ce matin est printanière, un peu de l'allégresse de l'air accompagne son pas. Elle voit ses jambes serrées dans son jean quand elle baisse les yeux pour assurer ce pas qu'elle voudrait jeune et dégagé mais qui ne l'est plus tout à fait, et elle est fière de leur relative finesse, à défaut de longueur, quand elle suit des jeunes filles rieuses et fières, oeil critique sur leurs croupes larges et un peu molles.
En sortant de Dalloyau où elle a commandé des merveilles pour la table de Pâques et le peuple des niots, ses yeux ont glissé sur la devanture d'une boutique de lingerie. Et là, au centre de la vitrine, un corset aussi blanc que celui de Lola était noir. Un peu de nostalgie, le souvenir des baleines - elle s'est arrêtée et sourire aux lèvres elle contemple les délicats bouts de soie et dentelles chiffonnés en bouquets autour de ce "monument".
C'est si joli, si gai, elle ne résiste plus, elle entre. Un peu honteuse de ce geste inutile elle a acheté, sans trop s'attarder, le plus léger des ensembles, quelques grammes pour elle seule, dont elle constate qu'ils sont plus onéreux que la grosse corbeille de fruits confits.
Ce sera son secret, que plus personne ne verra.
Elle les dépose dans du papier de soie, avec un sachet de lavande, dans le tiroir des mouchoirs, petit temple de l'inutilité.
Mais le matin de Pâques elle n'a pu résister à l'envie de se regarder dans sa psyché, en passant, avant d'enfiler son beau tailleur de Mamie, et un semblant de sanglot lui a noué furtivement la gorge.
6 commentaires:
très beau texte, Brig,pour une belle Blanche et une nostalgie émue... rien d'autre à rajouter, sauf que mon inculture ne connaît pas le "peuple des niots"...
Bonne journée
Quel talent, c'est très joli...
Quelle aisance, je t'envie et comme mariel,les niots ?..Morricone ? alors çà c'est mauvais.
les niots c'est toulonnais ou lyonnais je ne sais - c'est familial - les gosses
on ne dit pas les niards en bon argot?
Lola est un film que j'adore, comme toute l'oeuvre de Jacques Demy d'ailleurs;
tuo raccconto é molto bello, delicato, mi piacce.
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