Le froid s'intensifie et il m'a fallu le souvenir d'une vision très partielle, il y a un an, de On ne badine pas avec l'amour au Chêne noir, dont j'avais gardé un début de bon souvenir, pour me pousser à ressortir en fin de journée dans l'espoir de voir la pièce intégralement.
En tournant le dos au Rhône, et dans les petites rues du quartier de Sainte Catherine, mes yeux et mon nez ne coulaient pas trop et mes épaules avaient presque une largeur normale.
J'ai bien aimé. Le mélange est assez hétérogène entre la farce franche, une jolie stylisation d'images étudiées et un jeu fin des personnages principaux mais la mayonnaise prend, et les lycéens dans la salle étaient ravis. L'opposition entre le monde des seigneurs, et celui des paysans incarné par deux très jeunes êtres, avec les burlesques personnages intermédiaires, est très affirmé mais laisse de la place pour l'affrontement entre les deux orgueils peut être amoureux.
Un très bon baron, des seconds rôles réussis (une réserve pour dame Pluche toujours plus difficile le grotesque féminin), une Rosine naïve et saine à souhait, une Camille bien petite garce mais émouvante et un franchement bon Perdican Damien Rémy.
Et je me suis retrouvée adolescente détestant Camille. Mon problème : je m'identifiais à Rosine, et dans l'Annonce faite à Marie à Mara ; je partais mal.
Retour assez doux sous le vent du Palais, mais dès le débouché sur la place de l'Horloge et en descendant vers chez moi, au Rhone ou presque, j'ai rencontré une bise glaciale dans le nez, sous le manteau, à travers le veston.
Et puis, une agréable surprise, j'ai trouvé en cadeau, venant de la Drôme, de belles photos de la ville et du fleuve, dont je massacre quelques unes ici.