que soy au niveau de ce sol que je ne vois pas puisque je ne suis pas sortie. J'en suis navrée, j'avais pris un billet pour aller salle Benoit XII voir Automne et hiver de Lars Norèn par le théâtre des Lucioles, et j'en étais incapable. Un sort ? c'est la troisième pièce de cet abonnement que je manque, et celle à laquelle je tenais le plus, pas seulement parce qu'elle porte en partie sur les rapports d'une mère et de filles très différentes (peut-être n'est ce pas plus mal).
Ce sol, très très sol, vient un peu de ce petit désarroi et de la lecture de passages d'un texte de Jean Dubuffet, lu dans l'après-midi
"Peut-être que je ne suis pas seul à aimer fort le sol. Peut-être sommes-nous tous, bien plus qu'on pourrait le croire, commandés par des attachements profonds que nous ne soupçonnons pas avec des objets de pareille sorte... combien d'heures nos yeux se sont-ils affairés sans notre avis ?.....
Observez que ma prédilection ne va pas à des sols pittoresques, luxueusement ravinés ou historiés, comme il s'en trouve, de ceux qui sont exceptionnels et sur lesquels pour ce motif l'attention se porte ; oh pas du tout !.... Tout ce qui est exceptionnel rigoureusement banni de mon registre ! C'est de la banalité que je suis avide. La chaussée la plus dénuée de tout accident..."
Je ne parlerais pas de l'abbé, souhaitant pour lui et ses compagnons le calme, le recueillement, leur dignité malgré certains hommages. Simplement, pour une raison ou une autre, entendant son secrétaire parler de ses dernières heures, m'est revenu le visage de Papa, lors de la visite du curé quelques jours avant la fin, et je pense qu'ayant la même foi, ils ont eu la même paix.
12 commentaires:
L'abbé Pierre était de ceux que l'on croyait éternel ; son éternité sera sans doute plus paisible : il a bien mérité ses « grandes vacances ».
Automne et hiver une pièce qu'il m'aurait plu de voir également ! Mais chez moi n'est pas Avignon et le théâtre bien moins présent ! Soigne-toi Brig !
Je me lève et tout est blanc ici !
PS. il semblerait que les nouveaux bloggers aient retrouvé leur chemin hé hé !
Brigetoun : bon courage pour mettre dehors ton nez qui coule, ici il neigeote mais ça ne tient pas.
Pas un sous sol de bas étage, un beau sol fais-je !
Dommage pour la pièce, mais n'était-elle jouée qu'une fois ?
(et merci pour l'Abbé, je pense qu'il doit effectivement apprécier le calme, aujourd'hui)
Ni de neige ni de théâtre à Bordeaux, un petit tour de beauté dans les mots de Brigetoun.
Je viens aussi lancer un petit appel à l'aide: mon directeur voudrait m'interdire de bloguer. J'ai été mis à pied aujourd'hui: il trouve que la manière dont je parle de mon lieu de travail trouble le travail, aussi me demande-t-il de détruire tous les messages où je le fais. Je trouve que c'est une atteinte à la liberté d'expression.
Qu'en penses-t Brigetoun ? A bientôt sur mon blog, j'espère.
Oliv'
Merci pour cette belle photo et le texte de Dubuffet.
On nous menace d'un -2° pour demain...
Je ne me plaindrai pas, d'autres ont bien plus froids ou bien sont enrhumés, ce qui n'est pas mon cas.
Tiens, en parlant de l'ultime visite du curé, je vais parler des derniers mots de ma graand-mere.
Ca faisait longtemps qu’elle n’arrivait plus à bouger à cause d’un problème de circulation sanguine (dont, d’ailleurs, nous avons tous hérité, merci mamie). Jamais je n’oublierais ce jour. On nous avait forcés, ma sœur et moi, à venir lui rendre hommage.
Il y avait le curé, qui, d’ailleurs avait l’air de s'ennuyer. Finalement, même ma grand-mere semblait en avoir marre de l’attente. Donc, c’était le moment des sacrements (ce que je n'ai compris que bien plus tard…).
Il lui a demandé "Sophie, quels sont vos derniers mots ?", hyper doucement. On pensai qu’elle allait dire quelques banalités, du style, "je vous aime tous", "l’argenterie est pour Denise", ou "je vais rejoindre Dieu le père et je prierais pour vous", bref, un truc classique !!!
On s’est tous penchés en avant pour essayer de l’entendre, et c’est là qu’elle a hurlé "flambez-moi !", un peu comme une possédée… Et là c’était comme si elle avait dit "je suis le diable".
Le curé s’est frappé la poitrine avant de s’effondrer, ma mère a buté sur lui et s’est cogné contre le pied du lit. Le chapelet du curé s’est cassé et les perles blanches se sont éparpillées.
Ma tante s’est tenue la tête et a commencé à blasphémer, et mon père s’est mis a parler dans une langue inconnue, le "glublugruflu".
Le scandale a failli faire le tour du village.
Mais il fut décidé entre les grands que rien ne s’était passé. Elle fut donc enterrée dans le caveau familial...
C'était beaucoup moins serein que pour l'Abbé Pierre, en tout cas !
à mon tout d'être paumée avec ce chat malade...Je comprends ta déception de ne pas pouvoir avoir vu cette pièce.Tu devras attendre une nouvelle programmation
Bruno, je ne suis pas catholique mais dans le cas de mon père c'était un très beau moment, et j'y ai participé avec eux
Brigetoun : je sais bien que c'est un beau moment, c'est vraiment special. Je crois que le terme "communion d'esprits" n'est pas surfait...
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