Le ciel d'Avignon prétendait vendredi matin que l'hiver s'en était allé ; il dorait les branchettes nues de l'arbre ; le bleu était plus doux que par vent frais, mais tout pétri de lumière, et peu à peu sont passés quelques nuages flocons, tout de gentillesse ; et le mur de Saint Didier que la lumière caressait, un peu plus tard, un peu plus loin, m'a semblé ronronner de bien être.
Rentrée, avec cette beauté, je me suis plongée dans le dernier numéro de Manière de voir - un article d'Ibrahim Warde, retraçant le moment où la Grande-Bretagne a été assez forte pour abandonner son superbe protectionnisme et lancer la mode du libre-échange en même temps que la révolution industrielle, avec Robert Peel et John Russel. Je n'en retiens qu'un florilège des citations des hommes politiques de l'époque, d'où il ressort que nous avons, depuis lors, au moins régressé dans la franche naïveté du cynisme.
Nassau senior Si les pauvres savent qu'il leur faut travailler pour ne pas mourir de faim, ils travaillent. Si des hommes jeunes savent qu'ils n'auront pas de secours dans leur vieillesse, ils économisent.. Donc point de secours sinon à ceux qui n'ont vraiment ni famille ni moyens d'existence. et pour ceux là les "ateliers de travail" où l'on doit rendre la vie moins souhaitable que celle des plus malheureux des ouvriers.
Et en Irlande en 1847 année au cours de laquelle 18,5% de la population va périr, lord Clarendon à son ministre Nous serons critiqués quoi qu'il arrive : si nous les laissons vivre, les économistes nous critiqueront ; si nous les laissons mourir, les économistes nous critiqueront. Pour sir George Grey, ministre de l'intérieur Il se pourrait que le gouvernement soit blâmé parce qu'il laisse les gens mourir, mais nous serons critiqués beaucoup plus sévèrement si nous avançons des fonds publics.
Charles Trevelyan, haut fonctionnaire chargé de gérer la crise : Le problème de la surpopulation ne pouvant être résolu par les hommes, c'est la Providence divine, dans toute sa sagesse, qui s'en charge, de manière imprévue et inattendue, mais avec une grande efficacité.
Les victoriens étaient de très dignes hommes qui nous ont fait entrer dans le monde moderne.
keep cool.
11 commentaires:
Deux magnifiques photos dont toi seule à le secret et j'aime beaucoup : "le mur de St Didier ronronnait de bien être". Bonne nuit Brigetoun.
et dire que hier tu prétendais manquer du sens de l'analyse ! Promis, je n'en reparlerai plus !
Bonne journée Brig !
dure réalité quand même...certains hommes politiques d'aujourd'hui n'en pensent sans doute pas moins à voir leurs réactions...Bon samedi Brig, illuminé de soleil encore...profitons-en!
Savoir ce que pensent les autres nous amène à penser, comme eux, ou différemment.
Sauf à se dire que leurs discours ne sont pas toujours le reflet de leurs pensées...
L'essentiel reste que ça nous interpelle.
Très bon week-end.
Belle transition du soleil d'Avignon au cynisme ambiant anglais !
Pas sûre que nous ayons régressé au niveau du cynisme, hélas ; au contraire, nos hommes politiques ne seraient-ils pas devenus beaucoup plus dissimulateurs ?
(tes photos... as usual)
Incroyable ! où vas tu chercher tout ça ?
Je suis admiratif ! sauf des Anglais ! après j'adore les Irlandais, j'y suis allé.
Le ciel d'Avignon ressemble au ciel de St Estève d'une clarté infinie !
Ca va pas duré ils ont dit...
Bon week-end, ma chère Brigitte !
Bises,
OLIVIER
mais quelles citations édifiantes! Heureusement qu'il y a ces deux magnifiques photos, ciel bleu et pierre claire, pour nous iluminer... ;-)
Voila deux choses que je n'aime pas : la providence et l'époque victorienne...
je me demande quelquefois si nous avons vraiment évolué. C'est une provocation, mais quand meme...
Photos magnifiques, comme d'habitude, mais, chez moi, en alsace, l'hiver n'est pas encore arrivé : il ne peut donc pas s'en etre allé...
Tous des demagogues ces politiciens. Heureusement qu'il y a tes jolies photos pour nous remonter le moral.
Bridjet'
"On" perdrait un temps fou sur ton blog,si esthétique, si savant et si bien fait..
comme quoi la droite ne saurait taxer ni d'analphabetes ni d'incultes nos militants
Ces snobs, voir ces cons ont tendances à le prétendre.
Bon tout ça pour te dire l'envie que nous avons de te voir traiter un sujet qui nous comblerait, un sujet politique d'actualité, ou des chroniques sur l'air du temps (si possible socialiste )
Je suis sur que tu aurais de l'influence sur moi ! Et seule ma mére sait pourtant que je suis un jeune homme tétu.
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