il y a un avantage à être inculte, c'est le nombre effarant de découvertes qui demeurent devant vous. Je n'avais jamais lu W.G. Sebald et le dois avouer que je n'en avais jamais entendu parler (compte tenu du cadre de ma vie ces dernières années c'est relativement normal) et j'ai plongé jusqu'à l'apnée cette nuit dans Vertiges. Je suis un peu clouée chez moi entre temps et carcasse et me réduis à des dérives entre sommeil et blogs et à ce monde qu'il nous transmet, entre vie d'étranger et littérature.
Un cadeau pour Céleste si elle passe par ici - quelques lignes sur le réel ou imaginaire voyage de Stendhal et de la Ghita (et je redécouvre que mes exemplaires déliquescents de De l'Amour et de la vie d'Henry... peur de orthographe - ne m'ont pas suivis, à racheter) : Se reposant le jour, voyageant de nuit, ils franchissent les collines de l'Emilie-Romagne et traversent les marais de Mantoue baignant dans leurs bancs de brumes sulfureuses, pour arriver au matin du troisième jour à Desenzano, sur le lac de Garde. De sa vie, il n'a jamais ressenti aussi intensément la beauté et la solitude de ces rives, écrit Beyle.... leurs soirées dans une barque sur le lac, ils virent à la nuit tombante les plus étranges nuances de couleurs qui soient et vécurent des heures de quiétude inoubliables.
zut ! je voulais que la photo mal prise de mon petit monde nocturne vienne ici. Pour Vertiges il y a 267 pages de bonheur, avec Kafka, Cazanova, Sebald surtout et sa façon de voir et penser les gens et les paysages. Comme cette arrivée en train à Milan, assis face à une franciscaine et une jeune lectrice de roman-photo qui absorbées dans leur lecture l'on réduit à se plonger dans un vieux manuel de langage italien : Elles étaient maintenant toutes les deux penchées en arrière sur leurs sièges, éclairées par la lumière du couchant, l'une rasée sous sa coiffe blanche, du moins me l'imaginais-je ainsi, l'autre entourée de sa merveilleuse chevelure bouclée. Déjà nous entrions dans la gare obscure qui nous transformait tous en ombres. Le train ralentissait toujours plus; le grincement des freins s'exaspéra jusqu'à la limite du supportable - et cette merveilleuse distance de l'imparfait, qui spiritualise en le tenant à distance, ce qui l'entoure et qu'il décrit si précisément.
9 commentaires:
tu m'arraches le premier sourire de ce dimanche matin Brig à la lecture de ta première phrase...
Que ta journée soit meilleure pour ta carcasse et le temps, ici il est morne et la mienne (de carcasse) pas bien plus vaillante !
En pensant à toutes ces découvertes, je pense à une chanson deSardou?(ma mémoire!!!)"nous n'aurons pas le temps"
Bon dimanche.A bruxelles un dimanche très gris et ma carcasse flegmatique!
s'aventurer dans les lectures, puiser en en elles le meilleur, c'est ce que tu fais et tes citations me touchent à chaque fois...
"Il y a un avantage à être inculte, c'est le nombre effarant de découvertes qui demeurent devant vous" ..... Tu peux me tutoyer !
Bonjour Brigetoun,
Si ce livre t'a plu, tu pourras aussi t'attaquer à la lecture des Emigrants.
A bientôt,
Existe-t-il un club des "Amis des belles lettres" en Avignon ? Si oui, vous en êtes ! Si non, cela vous reste à faire Brig... Vous êtes mûres pour cela !
Inculte comme toi, je voudrais être.... je suis toujours étonnée par tes nombreuses connaissances..Bonne nuit.
Je suis jaloux. J'aimerai lire Sebald pour la première fois, mais non, je ne fais que le relire, ce qui est déjà pas mal.
Oui, je jalouse ce moment de découverte que tu as l'eu et j'imagine très bien ce que tu as pu ressentir.
je ne connais pas non plus W.G. Sebald, à découvrir, donc.
merci pour le cadeau.
les collines de l'emilie romagne sont effectivement superbes et beaucoup moins connues que la Toascane
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