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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, mars 07, 2007

ça n'a rien à voir, c'est de la terre de Provence, mais ça a sonné en moi sol désertique, et me suis embarquée : le désert du petit prince (pas de hurlements, je ne l'aime guère), proche de celui du père de Foucaud ou de Rimbaud, celui de Monod et celui dont A parlait, et celui là je l'aime, mais c'est aussi celui de Boudjedra dans Timimoun
Personne ne connait la souffrance s'il n'a pas regardé du haut de l'Assekrem ce chamboulement cosmique qu'est le Hoggar. Cette désintégration lunaire où la rocaille, le sable, les dunes, les crevasses et les pics majestueux donnent envie de mourir tout de suite. Le Sahara c'est ce grabuge intolérable du monde, ce bouleversement incroyable de la géographie et de la géologie.
Il y a le désert de Gobi (ça s'écrit comme ça ?) et je crois qu'y sont les chameaux velus et goitreux, les déserts étatsuniens et les roches, et j'en rêve, même s'ils recèlent en guise d'oasis Las Vegas, celui entrevu dans les westerns de Boetticher et Aldrich.
Il y a des déserts plantés comme la Beauce que nous traversions en voiture avec Papa au moment où nous approchions, dans notre conversation, du silence.
Et puis les déserts des villes, le désert des grandes places, la Concorde un 15 août, le désert venteux de la dalle de la nouvelle Bibliothèque de France, la traversée de la mort que peut être celle de la place du palais pour accéder au petit Palais vers midi au coeur de l'été, les déserts nocturnes, peuplés et fangeux des romans policiers, le désert du 17ème arrondissement au début de la nuit quand j'avais peur de mes pas dans le silence et celui des places de Venise à 9 heures du soir.
Et puis il y a mon désert propre, vaguement nauséeux. De vouloir le peupler par des jeux idiots et de vieux polars relus, je crois que je le rends infranchissable.
Quoique l'usage n'applique couramment ce mot qu'à la vigne et aux autres végétaux analogues cela n'importe pas. La raison a un fruit à la fois collectif et particulier ; de ce fruit en naissent d'autres semblables, de même nature que la raison même. dixit sentencieusement Marc Aurèle, mais aussi Effacer ce qui est imagination ; réprimer l'impulsion ; éteindre le désir ; rester maître de sa faculté directive. Un gros point d'interrogation naît et flotte au dessus de mon crâne.
Une photo pour me souvenir de ce qui existe ici.
et j'écoutais mardi soir Terzief dire Néruda et Desnos, et c'était bon - mais Baudrillard est mort.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

OPhhh très joli texte sur le thème du désert partant des extravagances géologiques du Hogar pour arriver à l'intérieur d'un coeur humain.
J'ai beaucoup aimé cette image qui finit par se superposer et imaginer les sables sec de mon coeur...
Bravo Brigtoun ! Magnifique poème en prose ...

micheline a dit…

au coeur du désert insondable , tu nous entraine loin..
peut-être y rete-t-il une goutte de rosée??

Anonyme a dit…

Même en ville on peut rencontrer le désert, tout comme un être peut se sentir en plein désert, au milieu de la foule. Bonne journée Brigetoun.

Anonyme a dit…

Tu n'as pas prêché dans le désert, puisque nous sommes là.

Anonyme a dit…

Pour Gobi oui... Pour Monod, dernier méhariste pour lequel j'ai une estime particulière... Magnifique Brig ce prêche, d'accord avec Gérard !

Anonyme a dit…

Un coucou. Tersieff avec sa voix profonde... lire Neruda et Desnos ce devait être extraordinaire. Merci pour l'excellent billet chère "Bridgetown".

Anonyme a dit…

Tu oublies, je crois, un désert important, aussi : celui de Jean-Francois Deniaud : l'Atlantique...

Le désert. Propice au meilleur de la littérature, aux discussions humanistes de Théodore Monod, humanitaires d'Albert Schweitzer, etc.

Mais aussi au pire. Et en cela, je ne peux pas taire ce que fut le code de l'indigénat. Le désert aura toujours ce gout de honte que j'éprouve en regardant dans le rétroviseur de "la patrie des droits de l'homme", et que je vois salies certaines des valeurs les plus fondamentales de la démocratie, de l'humanité, meme.

Oui, le désert, c'est tout cela. Et Baudrillard est mort, lui qui se plaisait a dire "il n'y a pas d'extreme-onction pour vous absoudre de l'idiotie", il n'en avait pas besoin.

Anonyme a dit…

La désertitude ! Celle des mots aussi, des mots creux et vides de sens, désertiques !
Et puis Etre au milieu de nulle part !
Magnifique texte qui fait envie de revoir quelques paysages évoqués ! Nostalgie !
Merci

Anonyme a dit…

Merci Brigetoun ! ce texte est magnifiquement poétique et nostalgique. Le désert est une autre dimension et rien ne peut y être petit... Les photos sont aussi très belles...

ludion libre

Anonyme a dit…

superbe texte, émouvant