sans rapport avec rien, sauf peut-être l'envie de faire plaisir à un lecteur amateur de belles femmes s'il passe, et parce que cette dame est dans l'escalier de l'opéra où je suis allée, mardi soir, entendre Fidélio de Beethoven.
Pendant l'ouverture, à l'avant-scène, Léonore se transforme en Fidélio. Le parti pris est pour des costumes contemporains ou années 50 peut-être. Des parois de béton brut un peu sali. Mise en scène, sobre et efficace.
Une partie des intentions de Jean-Claude Auvray le metteur en scène, prélevée sur la photocopie du programme que m'a gentiment offert à l'entracte le responsable de l'accueil et que j'ai lu en essayant de supprimer des logiciels méchants ce que je viens enfin de réussir (il n'y en avait plus à vendre à mon arrivée)
"Dans cet univers carcéral, où notre héros Florestan a été arbitrairement emprisonné; on doit immédiatement à peine le rideau de fer levé, ressentir le climat d'oppression qui règne dans ce lieu et respirer en même temps cette bouffée d'air frais dont bénéficieront les prisonniers autorisés à sortir de leurs cellules... Le sens de l'oppression y est étroitement associé au sens de la liberté et c'est là, peut-être, que réside la première difficulté... Il faut aussi éviter le piège du symbolisme élémentaire et manichéen, les bons en blanc, les méchants en noir..." (donc les bons en blanc gris ou pour les neutres, les geôliers, kaki gris, les méchants, en rouge bordeaux, le ministre en noir, Marceline en robes à fleur)
"Le climat, la tension mélodique et harmonique de la musique suffisent à tout moment pour clarifier la tension dramatique. Situation dramatique d'ailleurs facile à suivre et que la musique ne cesse de sublimer et d'éclairer.... essayer d'universaliser le sujet sans réalisme anecdotique trop évident, ni vision symbolique trop abstraite pour en dégager l'universalité et l'intemporalité... célébration de l'héroïsme de l'humanité face à la tyrannie et à l'arbitraire... un Hymne à la Vie qui s'oppose fortement à l'acte de décès d'une civilisation"
Il y ajoute quelques citations dont Lord Byron "c'était un vide où s'engloutissait l'espace, une immobilité dépourvue de tout centre." Char "quand le masque de l'homme s'applique au visage de la terre, elle a les yeux crevés". et bien sûr Amnesty Internationnal.
Une Marceline (Anne-Catherine Gillet) dont j'aime bien le timbre - Pour Léonore Fidélio Janice Baird, une soprano wagnérienne, qui a remporté parait-il des succès, autorité, puissance, assurance, souplesse, et comme souvent, pour moi, qui suit ignare et manque sûrement de cette case musicale un côté métallique qui n'a pas cessé de me gâter un peu mon plaisir.
Mais que j'aime cette musique ! Le quatuor de la première partie avec Florian Laconi, bon Jaquino et Rocco. L'air de l'or chanté par Ncolas Cavallier, prise de rôle pour Rocco, sans doute le chanteur que j'ai préféré. Vérités premières et belle voix.
Les officiers au jeu un peu outré et caricatural, les commandos amenant les prisonniers avec des cagoules islamistes ou corses. Mais une chorégraphie de cette outrance qui la stylise.
Un bel air de Fidelio, mais toujours ma réserve, malgré la belle exécution.
Graphique sortie des prisonniers par une fente qui s'ouvre en biais dans le mur du fond, permettant de suivre leurs jambes descendant. Douceur de l'orchestre pendant le superbe choeur des prisonniers (les toulonnais se sont ajoutés aux avignonnais pour faire une belle masse) et un très joli ténor. Bon Pizarro que j'apprécierai d'avantage ensuite (pas le personnage !)
Le climat doucement profond et sombre de l'ouverture du 2ème acte. Une cellule un peu Murillo. Florestan (John Keyes) très beau ténor, puissant, saisissant dans les plaintes inaugurales. (un peu massif tout de même pour un quasi mort de faim !). Les trois voix (Florestan, Rocco, Fidélio) parfois en trio, l'une des voix prenant le dessus ou son autonomie dans une belle complexité. Pizzaro (Werner Van Mechelen) chante avec évidence, simplement et parfaitement bon. Les beaux hiatus de la scène de coming-out de Fidélio/Léonore, etc...
Le chant triomphal à l'orchestre ouvrant le tableau suivant, pendant lequel deux badames retardataires, s'asseyant presque sur mes genoux, m'ont chassée de ma place. Suite debout, une porte plus loin. Le bel hymne à la liberté, et une scène mimée en clôture dont l'ambiguïté - reprise évoquée du pouvoir par les bourreaux m'a-t-il semblé - m'a bien plu.
Désolée de ma longueur. C'était pour moi.
7 commentaires:
Merci beaucoup ma chère Amie !
Cette dame a de belles rondeurs ! juste un peu plus de poitrine serait parfait ;)
Amoureux des femmes et de la vie ce qui ressemble à l'opéra que tu as vu ! Désolé, l'opéra est un univers, pour le moment, qui m'est étranger...
Je t'embrasse,
OLIVIER
Je brille moi aussi par mon ignorance en ce domaine. Je te souhaite une très bonne soirée.
Mais oui, je la reconnais cette "dame dans l'escalier de l'Opéra"... Incroyable cette Brig qui "canarde" dans tous les coins avec son appareil photo! Vous devez être bien connue dans cette belle ville papale ! Avec toutes vos photos, vous allez bientôt pouvoir faire une jolie brochure "Avignon insolite" !
"Fidelio"... Belle oeuvre que Beethoven travaillera pendant dix ans ! Un peu utopique mais généreuse...
Fidélio, sublime oeuvre de Beethoven,et tellement d'actualité, encore. Cela faisait fort longtemps que je n'en avais entendu parler, et je suis bien heureux de lire tes impressions d'amoureuse de la res musica. Merci infiniment de ce cadeau sublime, et de ces illustrations fantastiques...
Fidelio, en ma mémoire revit sous ta plume, Merci, chère Brigetoun !
Fidélio de Beethoven, je ne m'en suis rappelé que de l'ouverture.
La photo du bas avec ce grand arbre, il était sur la scène ?
non c'est un arbre de la place de l'horloge et le truc au fond le haut d'une tour du palais des papes, en sortant de l'opéra
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