Je suis allée voter vers 10 heures pour éviter la queue. Et en rentrant, marchant dans le désarroi du résultat prévisible, que je n’arrive pas à comprendre (de quel droit est ce que je pense que tous les gens en difficulté qui allaient élire cet homme avaient tort, et ne comprenaient pas qu’ils ne feraient ainsi qu’empirer leur sort, que les gens amoureux de la France allaient aider à la défigurer et lui faire perdre le rang irrationnel qu’elle occupe etc… j’ai honte mais je fais plus que le penser, je le sens pleinement) donc, pour sortir de ma morosité, me suis attachée au vent fort mais vivifiant qui a accompagné toute notre journée, mais la photo ne le rend pas.
Une assez bonne ambiance, un bon pourcentage de votants mais cela représente infiniment moins de gens qu’à Paris, des moments de calme plat. Un peu d’amusement au début du dépouillement devant les mines incrédules de la majorité, Ségolène Royal étant assez nettement en tête. Et puis cela c’est renversé. Une brève discussion dans la cour avec un camarade sur nos souhaits pour l’avenir du parti. Je suis rentrée à neuf heures et demie, affamée et crevée, et en traversant le hall de l’Hôtel de ville et entendant les cris de liesse devant les écrans, j’ai renoué avec la tristesse.
J’ai vu les résultats, déjeuné et diné en même temps - je suis peut être d’autant plus dans le blues, qu’en fait, pour moi, cette élection ne change rien sauf un grand malaise et une honte.
Je fais miens ces mots de Rodrigo Garcia réinterprétés, si j’ai bien compris, par François Bon, lus dimanche matin sur http://tierslivre.net
« ce truc étrange qui fait que plus les idées sont sales plus les mots sont brillants
moi c’est le contraire, des sales mots
sur des idées lumineuses »Je n’ai rien contre les sales mots, m’y remettre pour rendre mes idées lumineuses ?
et je lis ce matin sur http://www.desordre.net/blog/ une réaction personnelle, qui cependant ou pour cela corespond parfaitement à la mienne
11 commentaires:
Je comprends ce que vous dites. Cette élection, contrairement à l'habitude, fut suivie de près ici.
Je suis toujours fasciné par l'intérêt que les français accordent au scrutin et cela devrait vous rassurer. Tous ceux comme vous dont l'opinion diffère de celle de votre président feront en sorte que l'homme de droite qu'il est dérivera inmanquablement vers le centre.
Et puis, l'homme voudra être réélu. IL ne pourra pas négliger l'opinion de la moitié des Français!
Accent Grave
Je suis Ko debout. Un peu dépité...
Je partage ton désarroi et ta tristesse. Bonne journée.
l'opinion d'Accent grave est bien une petite goutte d'huile dans le train train de nos affaires cependant je préfère un autre comment:
"il est évident que la faculté d'élire quelqu'un demande une certaine maturité d'esprit, et un sens du devoir collectif. "Aujourd'hui, c'est chacun pour soi, on prend la voie des Usa en se voilant la face sur des problèmes de ce type de société.
On aura été prévenus, depuis le temps .. Mais a quoi sert donc l'histoire" .
Moije me demande :pourrons-nous éviter ce que le libéralisme porte en soi: les guerres de compétitions .. de suprématie....
De la tristesse??de la déception, pas vraiment ..c'était courru d'avance ...pour cette fois -ci.
bisou Brigetoun.
Toujours le même!
Ils ont voté
A leur chanter des tas d'chansons
Dies irae et tout' la clique
Les morts en vain' de migration
Se sont levés avec des triques
Ils sont allés au cinéma
Voir la symphonie Pathétique
On dit qu'ils n'ont pas aimé ça
Les morts n'aiment pas la musique
Ils ont voté... et puis, après ?
A porter ma vie sur mon dos
J'ai déjà mis soixante berges
Sans être un saint ni un salaud
Je ne vaux pas le moindre cierge
Marie maman voilà ton fils
Qu'on crucifie sur des affiches
Un doigt de scotch et un gin, fils
Et tout le reste je m'en fiche
ils ont voté... et puis après ?
J'ai la mémoire hémiplégique
Et les souvenirs éborgnés
Quand je me souviens de la trique
Il ne m'en vient que la moitié
Et vous voudriez que je cherche
La moitié d'un cul à botter ?
En ces temps on ne voit pas lerche...
Ils n'ont mêm' plus d'cul, les français!
Ils ont voté... et puis, après ?
C'est un pays qui me débèqu'te
Pas moyen de ce faire anglais
Ou Suisse ou con ou bien insecte
Partout ils sont confédérés...
Faut les voir à la télé-urne
(1ère mouture - Avec le général Frappart
(2ème mouture - Ces vespasiens de l'isoloir
Et leur bulletin dans les burnes
Et le mépris dans un placard
Ils ont voté... et puis après ?
Dans une France socialiste (puis par la suite anarchiste)
Je mettrais ces fumiers debout
A fumer le scrutin de liste
Jusqu'au mégot de leur dégout
Et puis assis sur une chaise
Un ordinateur dans le gosier
Ils chanteraient la Marseillaise
Avec des cartes perforées
Le jour de gloire est arrivé
là je le reconnais. Et je dois avouer qu'outre ma peur pour les plus faibles, et pour les moyens qui ont cru défendre leur beefstaek, me navre, me rend furieuse la défaite de la recherche, de la culture, de ce qui restait du rayonnement de la France. Et la victoire de la vulgarité, qui n'est devenue celle de la majorité de nos concitoyens que depuis qu'ils l'avalent à grandes goulées à la télévision (il m'arrive de regarder tous les deux ou trois mois et je suis révulsée). La pente vers le bas en tout, et la défaite de l'intelligence.
Bon je sais je juge du haut de mon incompétence mais je suis un élément de cette belle démocratie et je réagis ainsi.
Et il va falloir deux ou trois ans pour construire une antidote, boulot qui n'a pas été fait avant
N'empêche..."la défaite de l'intelligence", vous dites JUSTE...ces sympathisants qui regardaient TF1 en direct Place de la Concorde, avec les drapeaux de l'UNI dans la foule(syndicat d'étudiants d'extrême droite), et le Président élu de fraîche date au Fouquet's...
J'ai lu votre lien vers désordre.netblog. Et pour la première fois, j'ai eu envie de pleurer. C'est drôle comme la peine est le deuil de chacun ont des vitesses et des expressions différentes.
Amicalement
Kiki
Je suis sorti de mon bureau de vote à 23H, avec ce sentiment affreux que quelque chose dans la République venait de se briser.
Eh puis j'ai vite été rejoindre la place de la République à Strasbourg. Je n'étais pas seul. Nous étions un millier environ.
Calmes, sonnés, malheureux comme des pierres surtout, nous formions un cortège en quête d'humanité, en marche vers l'hypercentre. Mais quelle ne fut pas notre surprise de voir celui-ci totalement bunkerisé par des escouades de CRS qui, visiblement, avaient envie, eux, de s'amuser et de matraquer un peu.
Et nous, de chercher (et finir par trouver) une entrée vers cette cité interdite, nous avons marché pendant deux heures avant de nous retrouver devant le parvis de la cathédrale.
Triste soirée. Et il nous faut, immédiatement, nous relever pour continuer le combat et gagner les législatives...
Un analyse intéressante du "diplo".
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2007-05-07-Reconstruire
je comprends votre désarroi à vous tous: je me souviens de la fois où la Suisse a refusé l'entrée dans la Communauté Européenne, je me sentais perdue au milieu de ces flots de gens qui allaient faire le mauvais choix sans savoir réellement pourquoi, et c'était angoissant!
Hauts les coeurs Brigetoun, ce n'est pas fini !
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