dérive au fil d’une journée, une fois encore – petit caillou.
Joli moment, en début de nuit, ou de jour, l’émission de France Musique d’après minuit, jeudi matin, avec la cigarette chantée et vécue par Nougaro, Leprest et Léo Féré
« comme une frangine à la dérive,
Qu’a son tabac dans ses archives.. »
et j’apprends que Léo aimait les celtiques et les boyards - j’y retrouve un peu une franc-maçonnerie des temps anciens, et tirant sur ma gauloise je revoyais des images douces-amères. Saut – des photos de la lumière qui m’encourageait jeudi matin, avant de se troubler au fil du jour, se posant sur le flanc de Saint Didier, les hanches des Pénitents blancs, et le haut des maisons, comme je m’emboquais vers la rue du Figuier et la FNAC où je suis entrée sans idée précise et d’où je suis sortie avec 434 lettres de George Sand et leur accompagnement, la douleur de Marguerite Duras, Chrétiens de Jean Rolin, rendez-vous d’amour dans un pays de guerre de Sépulvéda, l’enquête de Lucius Valérius Priscus de Christian Goudineau, la théorie des nuages de Stéphane Audeguy, Asmara et les causes perdues de Rufin, des écrits autobiographiques de Boulgakov et l’innommable de Beckett parce que je ne l’ai jamais lu et que j’ai diné avec Molloy. Le tas dans les mains, j’ai jugé qu’il était temps de m’arrêter.

En passant place de l’horloge j’ai vu, sur un panneau, que mon amie verte de dimanche était la candidate, et qu’elle poussait l’honnêteté et la franchise jusqu’au choix d’une très mauvaise photo.
Et le soir j’ai mis une robe neuve et un joli manteau pour aller entendre des œuvres agréablement faciles (du moins pour l’auditeur) : Roméo et Juliette de Tchaïkovski, le concerto n°1 de Prokofiev et des danses de Bernstein, avec Laurent Korcia. (mais j’ai du partir après le Tchaïkovski, qui m’était le plus inutile)

Alors, je suis rentrée et en attendant d'avoir faim j'ai reprise Autoroute de François Bon

On grimpait dans les montagnes dans des boucles au dessus du vide. Et les camions n'étaient pas ceux de chez nous. Mais je n'ai jamais rencontré de types aussi gentils. J'ai vu la terre sans plus de villes ni de routes. J'étais au bout.Il a fallu revenir. J'ai été une fois vers le nord. Aussi, aller tout au bout, et j'étais un jour dans un port où il n'y avait plus de jour, où il n'y avait que la nuit, et que les reverberes...