J’aurais du me méfier quand j’ai commencé à sentir la présence de mes os, ceux qui sont à la base du cou, (comment dit on ? - je ne sais plus - ce n’est pas le moment – les clavicules ?). Je me croyais toute à mon dialogue, mais j’ai su que mes salières se creusaient, et les tendons de ma nuque se sont lentement raidis, s’affirmant, avec une évidence méchante.
D’où sors-tu ? Pas du présent - moi et lui, là, devant moi, nous sommes d’accord, nous convenons simplement en personnes raisonnables des modalités futures de cette location et nous mettons au point la description (et là tu t’es un peu relâchée, m’as laissé respirer doucement).
La fenêtre a un défaut, j’en suis bien d’accord, et je le note, mais ma main est raide, crispée, et je dois me recentrer sur elle pour qu’elle obéisse.
« Petit soldat, ne t’affoles pas ». Je prends le dessus, je te repousse, laisses moi finir.
Mes épaules crient, et nous nous sourions pour un adieu.
La porte se ferme, je me retourne vers l’escalier, trop vite, et je vois le monde bondir.
Calme, une marche, une autre - dehors la lumière - et un peu plus loin le métro.
Mes jambes ne se raidissent pas, ce n’est pas vrai, et puis je sais que tu partiras, me laissant un peu honteuse, avec un petit gout métallique dans la bouche. Pour le moment une main s’est posée sur mon cœur, qui ne serre pas encore. Et j’ai une petite envie de rire de moi, ou je le voudrais.
La tiédeur de l’air, une odeur d’arbres rarement sentie à Paris, un coin de visage, un geste happés et auxquels je m’accroche, toutes mes sensations s’exacerbent. Merci à toi.
Je me suis arrêtée pour traverser, en équilibre au bord du trottoir. Une vielle femme et une fillette, qui me regarde. Je lui souris, elle me sourit. La femme me dit quelque chose d’indifférent, amicalement, et je lui réponds. Et au moment où le feu change de couleur, je sens que tu glisses de moi. J’ai envie de faire jouer mes muscles. Au revoir.
Hors impromptus : j’aurais pu être plus brève, comme : je marche parmi vous, je tente de glisser, j’ai peut être le regard fixe, mais je porte en moi une tornade et je dégringole lentement, tournoyant en freinant, vers son centre. Le ciel, la rue, vous, présences extraordinairement précises, et étrangères. Je marche parmi vous, au milieu de vous, avec un sourire peut être un peu fixe. Ne pas laisser sortir ce tumulte, et savoir que je vais arriver au centre et m’allonger délicieusement au bord du calme.
Et bien sûr tout ceci est aussi inutile, sans nécessité, qu’exécrable. Si par outrecuidance me vient l’envie d’ »écrire », ne plus participer à ce genre de petit défit entre amis, avec inévitablement une envie de plaire, de faire joli, ou pas choquant, ou pas révélant, ou intelligent, ou un peu décalé, inexistant.
13 commentaires:
ce serait bien dommage de ne plus le faire, ne serait-ce que pour cette phrase là m’allonger délicieusement au bord du calme mais je peux également comprendre qu'à un moment ou à un autre... oui !! bonne journée Brig
Bonne journée de mardi avec tes jolies photos
Bisous
Françoise
Tout est dans le ressenti, tes mots nous le montre une fois encore. Puissions nous t'apporter cette force qui parfois nous fait défaut. Et au détour de la lecture d'un commentaire qui ne devient plus banal se ressourcer et sentir que l'on existe.
Que ta journée soit douce et reposanteBrig!
Une petite goutte d'huile à cette fichue fenêtre et hop tout va mieux !
La distance Brig, je suis assez d'accord avec cette notion de dédoublement (voir commentaires chez impromptus)qui permet d'analyser avec lucidité salvatrice. Enfin si tant est qu'on pense que la lucidité soit salvatrice... Elle l'est pour moi.
Vous savez faire Brig. J'en suis sûr ! bien à vous.
Surtout ne t'arrête pas d'écrire !!! tu as du talent, bcp de talent !
Encore un texte tellement expressif qu'on voit la scène.
Brig, je persiste et signe, je t'admire !
Bises,
OLIVIER
pas question d'arrêter le blog. C'est une discipline. Mais ne pas courir le risque de se prendre au sérieux comme scribouilleuse, ou plutôt se prendre plus au sérieux, plus exigente, sans compétition gentillette et déguisée (ce n'est pas forcément cela pour les autres hein ! cela risquait de le devenir pour moi)
CQFD
oh ce fragile équilibre de la terre où nous vivons! Est-elle notre soutien ou sommes-nous son bourreau?
ainsi en est-il de nous.
Bonne soirée et tant pis si je me répète : j'aime beaucoup tes photos qui sortent de l'ordinaire.
Ces broderies de fer forgé, ces toits de tuiles auxquels mon Emilie-Romagne natale m'avait habitué...
Les escaliers en photo ressemblent aux miens. Des marches et des marches à monter pour arriver à mon petit paradis...
Merci de tes commentaires judicieux sur mon blog. A demain.
J'ai manqué quelques épisodes, et je m'en appercois. Quelques mots, simplement, pour te dire que j'aime toujours avec autant de passion ce que tu écris, et je suis fier d'avoir le bonheur de te lire.
Merci.
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