Avignon commence à sentir que la fin du Festival approche. Les tracteurs ont de moins en moins de conviction, les rues sont un peu moins peuplées et à midi à mon retour des courses la terrasse du café était quasi vide. Relativement, et juste après la photo, pendant que je cherchais ma clé, Cordélia ou le fou de Lear est passée, sortant de l’Hôtel d’Europe et partant nez au vent (qui est pas mal merci). et je me rends compte qu'elle est sur la photo
Par les petites rues, sous un ciel variant du nébuleux au clair, avec un vent annonçant un orage qui ne venait pas, je suis partie vers Benoit XII pour Genèse II d’Ivan Viripaev à partir d’un texte d’Antonia Velikanova, patiente schizophrène, des chansons d’elle et de lui, quelques lettres.
Galin Stoev, le metteur en scène transmetteur de ce théâtre, dit de son travail qu’il faut donner au spectateur l’impression que tout se passe dans l’instant « même si en réalité tout est calculé, la moindre pause, les intonations et l’intensité des phrases. Mais cette approche physique et musicale tient plutôt de l’élan ou de l’attaque énergétique ». la photo de Céline Bolomey (assez remarquable) provient du site du Festival.
Et j’ai bien aimé. Rien de bien nouveau : notre perte de repères, un nihilisme un peu cabaret de la fin du précédent siècle, mais, que cela soit réel ou tienne au rythme du spectacle, une impression de sincérité – le docteur-Dieu jouant un dialogue seul, l’interrogatoire de la Femme de Loth-Antonia pour débusquer toute croyance-soutien, les chansons, les rires
« si on demandait à un poisson s’il est con ou pas, n’importe quel poisson te dira qu’il n’est pas con » - et la douleur.
Les interventions de chacun des trois acteurs, les quelques vidéos, les reflets (moins gadgets que trop souvent), tout concours à la petite musique.
La rue des Teinturiers était quasi vide, juste amicale, ce qui a facilité mon retour.
« si on demandait à un poisson s’il est con ou pas, n’importe quel poisson te dira qu’il n’est pas con » - et la douleur.
Les interventions de chacun des trois acteurs, les quelques vidéos, les reflets (moins gadgets que trop souvent), tout concours à la petite musique.
La rue des Teinturiers était quasi vide, juste amicale, ce qui a facilité mon retour.
Mais la fin est prévue pour le 28 juillet, et il n’est pas encore question de rendre aux rues leur relative propreté pour le retour des avignonnais réprobateurs.
Vers 9 heures et demi, j’ai habillé ma toute petite forme d’une jolie jupe et d’un polo contre la fraicheur de la nuit, décidé que les risques de pluie s’étaient définitivement éloignés et me suis embarquée vers le cloître des Célestins et le second spectacle de Rodrigo Garcia « approche de l’idée de méfiance » une heure de retour méditatif aux origines, à base de lait, de terre, de corps nus et d’eau. La pluie, après Calvet, jouait à ce que je ne la sente pas, et puis m’a rattrapée au niveau de la rue de la République. J’ai négligé la jupe, interrogé l’absence de parapluie, ma forme décidément minuscule, et puis le rhume que je traine et, lâchement, j’ai fait un tour sur mes talons et rapatriée la grand-mère. Pluie faiblissante, reprenante mais toujours là en arrivant. Je pense que le spectacle a du être légèrement retardé, et un nouveau billet a pris le chemin de ma corbeille. J’ai tout de même une odeur de terre mouillée assez délicieuse qui entre par ma fenêtre.
Ecoutant les informations je réalise ma chance, les théâtres et bibliothèques semblent être parmi les seuls endroits où la présence de Sarkozy est invraisemblable.
Ecoutant les informations je réalise ma chance, les théâtres et bibliothèques semblent être parmi les seuls endroits où la présence de Sarkozy est invraisemblable.
13 commentaires:
j'aime beaucoup votre conclusion ... et suis donc aussi à l'abri dans la mienne, de bibliothèque !
rien d'autre à faire que de rester à l'abri, ici c'est bien pire, pas même une seule éclaircie, et le rhume m'a également rattrapé après la forte ondée de vendredi dernier. Dommage néanmoins pour les billets à la poubelle ! Te souhaite que le mot "douleur" disparaisse rapidement et bonne journée néanmoins !
Ai joué Edgar quand j'étais jeune... j'avais été retenu parce que je pratiquais l'escrime ce qui avait été efficace pour en finir avec Edmond. Je salue donc Cordélia qui me semble se porter comme un charme... j'ignorais qu'elle s'en était tirée.
Excusez moi Brig, je délire... mais toujours belles vues d'Avignon !
Que rajouter de plus à te dire de prendre soin de toi. Nous avons échappé à la pluie malgré un ciel couvert le matin, le soleil revenant dans l'après midi avec l'aide dune forte brise.
Fais gaffe Brigetoun, SARKOZY, il est partout ! Alors regarde quand même derrière toi ! (LOL)
faire gaffe à moi je ne fais que ça. C'est un choix. J'ai bossé dur avec une carcasse en état pire. Mais j'ai choisi de ne pas être performante, ça ne me va pas et c'est pour cela que j'ai abandonné boulot, Paris et tout et tout.
J'aimerais bien voir les Gobelins re-ouverts pourtant.
Je devrais aller deux fois à Paris en septembre. Prolonger un des séjours ? mais ça me fait un drôle d'effet d'être de passage dans ce qui reste ma ville
A force de te lire, je commence à connaitre Avignon et le nom de ses rues.
Sur la TV et la radio Suisse Romande, on parle moins de politique française: tu peux y aller voir les infos si tu ne veux pas te faire intoxiquer par la désinformation qu'on pratique en France sur presque toutes les chaînes.
j'ai une solution plus simple : je n'ais pas de télévision et n'en veux pas
Sans y aller, tu nous as donné un air du festival qui me permet de suivre aux JT régional les quelques bribes présentées. J'ai l'impression de reconnaître.. De toute façon tu écris tellement raffiné que c'est un plaisir de venir te lire. Bonne journée.
Belle note qui fait aimer Avignon, comme toutes les autres - et en plein festival c'est pas gagné, du moins pour moi.
Tu parles du Roi Lear... la présentation que j'ai vue de ce spectacle à la télévision ne m'a inspiré qu'un désir: celui de fuite éperdue!
Je suis de ceux, impitoyablement rétrogrades, qui pensent que la théâtre c'est aussi un décor et des costumes, alors...
J'ai habillé ma toute petite forme d'une jolie jupe, tendre et bien mignonne cette phrase...un vrai parcours du combattant tes spectacles, lève le pied un peu !
Pas de TV ? T'es une personne libérée de toute contrainte extérieure.
je m'en tiens à la mienne
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