Me suis couchée dimanche matin, pleine de projets pour cette journée. Me suis réveillée pour attaquer avec un semblant d’appétit des taches domestiques, et brusquement un trou, une Brigetoun au vague à l’âme devant un espace fluctuant, qui avait du mal à lire et s’est difficilement résignée à ne pas aller voir la version taïwanaise et allusive des sorcières de Macbeth (« la sonate des sorcières » par le Taimaner ensemble au Fubambule, un des nombreux spectacles qui me tentaient et que je ne verrais pas).Café, miel et recroquevillement en fœtus sur en regardant le jour au travers de mes paupières quasi-closes
Après midi pied nus, jupe provençale et cardigan de coton fin, incapable de tout, sauf de perdre avec délice une partie de « civilisation » ce jeu idiot sur lequel je pourrais passer des heures, jusqu’à ce qu’on me déclare la guerre et que j’abandonne. Dos rompu par la paresse. M’économiser pour aller voir « Hippolyte » de Robert Garnier par Robert Cantarella, la langue flamboyante et précise du baroque par l’intelligence de la mise en scène. Le désir de Phèdre dans une violence plus évidente que dans la plainte de Racine (quoique).
Et au fil de la journée le désir m’a abandonné peu à peu, même si ce mot ne couvrait platement qu’une envie d’assister à la façon dont cela nous serait transmis. Peut-être, honteusement, un manque d’appétit, une impression que cela devrait être fatalement renouer avec des points de vue « malins » après le raffinement caché et l’énergie évidente de Sivadier. (préjugé ridicule puisque je n’aurai pas vu - très vieille femme ronchon de ma part - mais ma curiosité, que je veux croire toujours aussi grande, est émoussée après certains spectacles par les réactualisations éternelles des idées que nous avions il y a quarante ans et plus sur le théâtre. Pourquoi ai-je cru un moment que Cantarella y céderait, je ne sais).
Parce que j’avais envie tout de même de goûter cette langue, j’ai cherché Hippolyte, que je ne connais pas, sur le site de la BN et n’ai trouvé que Bradamante, la Troade, Cornélie, les Juives et Antigone. J’ai rependu la robe choisie, et pris Antigone pour retrouver un écho déformé de Cordélia et Lear chez Antigone et Œdipe.
« Plus bas je veux tomber que la route infernale.
Penses-tu, pour m’oster de la dextre le fer,
Pour m’oster un licol, ourdy pour m’estouffer,
Pour détourner mes pas des roches sourcilleuses,
Et pour me reculer des herbes venimeuses,
M’empescher de mourir ? tu tasches pour néant
De me clore l’enfer qui est toujours béant »
Et pendant que le soir tardait à descendre, j’ai continué avec Antigone vers Jocaste et les frères... (Garnier et les autres vont il finir par m’apprendre enfin l’accent circonflexe ?)
« Plus bas je veux tomber que la route infernale.
Penses-tu, pour m’oster de la dextre le fer,
Pour m’oster un licol, ourdy pour m’estouffer,
Pour détourner mes pas des roches sourcilleuses,
Et pour me reculer des herbes venimeuses,
M’empescher de mourir ? tu tasches pour néant
De me clore l’enfer qui est toujours béant »
Et pendant que le soir tardait à descendre, j’ai continué avec Antigone vers Jocaste et les frères... (Garnier et les autres vont il finir par m’apprendre enfin l’accent circonflexe ?)
Et dans la nuit installée, j’ai trouvé Hippolyte sur wikisource et Phèdre :
« Je brûle, misérable, et le feu que je porte
Enclos en mes poumons, soit de jour ou de nuict,
De soir ou de matin, de plus en plus me cuit.
J'ay l'estomach plus chaud que n'est la chaude braise »
« Je brûle, misérable, et le feu que je porte
Enclos en mes poumons, soit de jour ou de nuict,
De soir ou de matin, de plus en plus me cuit.
J'ay l'estomach plus chaud que n'est la chaude braise »
Le plateau n’est pas mien, et les grillages sont de la cour d’honneur et non du gymnase où je devais aller
8 commentaires:
j'ai aimé ton article
misérable carcasse quand donc voudras-tu laisser Brig en paix ! pardon de m'adresser directement à elle, je parle très souvent à la mienne, mais je ne dois pas maîtriser le vocabulaire des châssis, ils ne m'entendent guère ! simple boutade de ma part bien sûr pour te souhaiter un mieux-être... dommage pour les spectacles manqués, j'admire aussi ton énergie dans la lecture, elle me fait la tête depuis un bout de temps !
Plus que jamais : prends soin de toi !!!!
Je te souhaite une Bonne Fête et espère que ta carcasse en fera de même en te laissant un peu de répit. (Comme toi, je n'en aurai reconnu aucun parce que je ne m'y intéresse pas, les deux visages féminins sont celui de ma fille et de sa nièce)
Que la semaine à venir voit ta "carcasse" moins rebelle Brig et que tu puisses retrouver ton libre choix.
J'aime ces vieux textes là et je me suis imaginée un instant la tirade dite par une sociétaire de la Coméie Française.
Douce journée Brig!
"Brigetoun au vague à l’âme devant un espace fluctuant..." Fluctuat nec mergitur, comme on dit du côté de chez Bertrand... Belle devise pour vous Brig !
Bien que tu aimes tous ces spectacles n'en fais-tu pas un peu trop ? bonne fête reposante je te souhaite .
Ma chère Brigitte, BONNE FETE ! je sais tu risques de pas "aimer. Mais c'est de tout coeur !
J'ai joué "la machine infernale" de Cocteau où j'avais le rôle du chef des soldats ! Ds la troupe Jocaste était jouée par 2 charmantes amies, Sophie et Frédérique ! voilà 20 bientôt...
Belle journée et tous mes voeux de bonne santé !
Bises,
Olivier
aucune raison de ne pas aimer - merci
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