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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 21, 2007

Solennité – artifices – transmission – réalité – et toujours logorrhée (mais aide mémoire à mon usage)
Matin gris à l’heure de la pharmacie et du coulis de tomates, air lourd.

Mais cela s’est dégagé au fil de la journée. Suis allée à 11 heures entendre une lecture fort agréablement sophistiquée de « questo fiore é la mia rivoluzionne » de Peter Verhelst (l’auteur de Richard III) dans la cour de Calvet.
Autour de Pier Paolo Pasolini. Et si le jeu des voix, italiennes et françaises et de guitares prenait une certaine beauté qui tenait en haleine dans la petite magie de cette cour, j’ai un peu compris les réserves que j’ai lues sur cette pièce qui m’a pourtant plu : une psychologie appliquée, évidente et qui peut paraître sommaire. Mais là c’était beau. Assise à une table de jardin sur le coté, loin de mes chers platanes, je m’amusais de voir que sous cet angle les chapiteaux ioniques mettaient comme des coques de ruban aux frontons des fenêtres (mais désolée suis cela ne se voit pas sur la photo). J’ai aimé les descriptions précises mais presque chastes des corps des garçons et des brides « la respiration de l’amant endormi » – « je suis le corps qui fut enfoncé il y a des siècles dans le sable » - « le vrai professeur est emporté, possédé » - « appris aux garçons de la campagne à gouter aux noms latins des fleurs » - « tradition signifie transformation à l’infini » - le monde des quartiers populaires de Rome « est un monde de muscle retourné comme un gant » - « manger une pèche, m’asseoir à la table de la cuisine » - « ton petit sourire oblique, insolent, gauche et vulgaire à la fois » - « à cet instant parfait quelque chose en moi s’incline en avant » - la lutte pour les arracher à la négation, la déculturation de la télévision,, « la tyrannie de la médiocrité » - « la main sur le cœur pour le chant populaire » - puis l’Afrique, le dégout de l’Europe – Ninetto – « je suis couché sur le sol et je lèche mes blessures, chaque fois que je me lèche je provoque une nouvelle blessure » - la mère soutien et Salô.
Et puis à la fin, au moins suggérée, cette vieille rengaine de la mort de Pasolini qui serait un suicide au moins inconsciemment désiré. Et mon agacement devant cette solution si facile, répandue, commode, ne pas ternir l’image, que le monde reste en noir et blanc sans que ce but soit par trop évident.
En fin d’après midi une queue beaucoup trop longue pour Raimund Hoghe et « 36 avenue Georges Mandel » - ma carcasse se révoltait, je la persuadais en fixant ce qui me faisait face et, pour la première fois, j’ai vu cette fenêtre sur le vide, avec ses guirlandes de plantes. En attendant le début devant le beau chœur vide, avec un corps au fond, roulé dans une couverture de la Croix rouge, petit dialogue avec ma voisine qui trouvait qu’il y avait moins de monde cette année, puis que peut-être pas mais que c’était comme si, et moi : il y a plus de police – elle : et plus du tout de marginaux – moi : on les refoule – nous : ah c’est pour ça. Le fait est que nous sommes dans une ville surpeuplée de consommateurs, tolérés pour cela. Ce n’est pas nouveau, mais l’absence de quelques rebelles à cette obligation rend la chose plus palpable, même si pas complètement, juste une gêne.
Pour ce qui nous avait amenées là : des enregistrements de la voix superbe de Callas qui remplissait le bel espace de la chapelle – quelques brides d’un entretien … »personne ne pense, quand on me critique : cette femme que peut-elle ressentir ?... car je ne suis pas pauvre, car j’ai tant fait de bon sens que c’en est douloureux …. La gloire me terrifie parce qu’on est très mal la haut…. Misérablement seuls… » et l’illustration de la marche difficile, parfois sur des talons très hauts, d’un pauvre corps légèrement difforme, digne, esquissant une danse des mains sur « la petite table » et quelques attitudes sur « l’amour est enfant de bohème » - le hiatus avec la splendeur de la voix. Beau un moment, rapidement lassant, presqu’offensant de simplisme . Si la danse permet de transmettre les nuances mieux que les mots, comme on le prétend, ce n’était pas le cas. Au bout d’un peu moins d’une heure, malgré le chant, l’ennui a été le plus fort et je suis sortie (pas seule).
Malgré une carcasse de plus en plus pénible j’ai suivi les rues jusqu’au théâtre des Halles, pour la lecture, diction d’ »un captif amoureux » de Genet par Marc Berman et ce fut bien. Dans la toute petite chapelle Sainte Claire, un visage intelligent, une voix qui sans artifice dit le texte, de très légères variations de lumière et la découverte de ce texte que je n’avais pas lu, un peu dissuadée par des critiques de tous bords sur l’engagement, non-engagement, instrumentalisation d’une cause etc… Et c’est une très belle chose sur l’écriture, sur la révolution rêvée par lui, sur les révoltes rêvées par leurs acteurs (mais pourtant cruellement réelles pour eux), sur l’image, de nouveau l’écriture, la re-création de sa vie, une insistance sur l’imposture qui rend leur réalité à ce dont il prétend se défier. Une langue si belle. Le couple de la mère et du fils se protégeant mutuellement, comme des ombres géantes. Et les fantasmes tués par la réalité des corps en guerre des combattants. Ceci est très approximatif, mais ce fut le seul moment de vérité de la journée, et un passage qui démolissait encore un peu plus les solennités appliquées qui l’avaient précédé.
Sur le chemin du retour, dans la foule de la rue Bonnetterie j’ai croisé une troupe de guerriers masaïs, vêtus de rouge et peints de rouge et blanc, puis cinq policiers nationaux avec matraque à la ceinture, puis un peu plus loin trois cyclistes de la police municipale.

8 commentaires:

marie.l a dit…

il y a presque 1 an je découvrais les platanes de la cour Calvet, un excellent moment ;) Prends soin de ta carcasse Brig, du mieux possible, elle t'est nécessaire non seulement pour que tu puisses continuer à nous raconter la suite sans trop de mal, mais surtout pour ton bien-être ou du moins un peu de confort, et nous savons à quel point il est important.
Bon début de week-end.

Anonyme a dit…

Cela dit, sortir est le meilleur moyen de prendre soin de sa carcasse, avec modération bien sûr, sans dépasser ses limites. Mais faire la queue sous le cagnard avignonnais, je ne sais pas si je pourrais, pas par incapacité physique mais par défaut de volonté.

Es-tu sûre que les Masaï n'étaient pas eux aussi des policiers grimés?^^

J'avoue que je suis toujours un peu gêné, même si c'est pour la bonne cause, par l'exposition des "pon sauphaches" dans les lieux "civilisés"

Brigetoun a dit…

ce n'est pas tant le cagnard que les suites d'une opération. Je vais être triviale mon corps l'est, une fois pour toute, désolée, je n'ai plus guère d'intestin. Pour les Masaïs c'est leur gagne pain, comme les autres acteurs.

Anonyme a dit…

Ma chère Brigitte,
un petit mot avant quelques temps... D'abord merci ! puis comment arrives-tu à retenir ce que tu as vu, entendu dans une si riche journée ? Tes photos sont TOP !
Prends soin de toi !
Je t'embrasse,
A bientôt,
OLIVIER ;)

Muse a dit…

Rien que pour entendre Calas! Bon week end Brig

tanette a dit…

Pleine d'autorité envers ta carcasse qui a tendance à se rebeller. Prends soin de te reposer entre les spectacles. Bon week-end.

Ondine a dit…

Comme on aimerait avaler le festival en ta présence, Bridg (peut-être que si j'apprenais les secrets de la télétransportation?)... Merci pour ces bribes de beauté, d'art, ces rencontres avec des créateurs parfois plus intenses que d'autres, ces petits moments dérobés à la vie qui bat.

Anonyme a dit…

Carcasse ou pas du dévores les spectacles au fil des jours..je dirais quelle santé et appétit.