Clouée par des cheveux qui sèchent, de menues taches et la conséquence d’un embryon de crise de boulimie, suite-issue de la bofitude, je regarde des photos envoyées et offertes par Gilbert Soulet à l’occasion de journées d’études au Puy (liens sur Autour) et cette femme.
Je freine ma main, qui voudrait tâter le coussin, je me demande ce qu’elle pense, si nos regards la gênent. Elle ne se veut, je crois, ou je l’imagine, pas là pour le spectacle, pas uniquement pour attirer le client, mais parce que c’est simple, acceptation tranquille de la nécessité d’une part d’exhibition – souvenir et incarnation persistante des générations de dentelières qui l’ont précédée, image mais aussi réalité, une longue habitude, et je l’espère toujours un certain plaisir, même si la part d’invention semble singulièrement limitée, une lassitude aussi, sans doute, dans l’éternelle reconduction des gestes, physiquement, peut-être de l’esprit, que je voudrais source de libération, comme un rosaire recommencé pour une nonne chevronnée. Mais si la pensée erre en liberté, quelle est l’importance de la fantaisie ou de la dérive dans ce qui fait sa vie, en dehors de cet accroupissement, au soleil et à la vue des passants les beaux jours, dans l’ombre de sa boutique le reste du temps, face aux soucis éventuels de son métier, que j’ignore comme le reste, le loyer du magasin, le nombre des acheteurs, la concurrence et l’amitié de sa voisine.
Comme nous tous, dès que notre occupation prend, même pour un instant, un côté automatique ou si connu que seule une partie de nous s’y consacre.
Acheter quelque chose ? La dentelle me va mal au teint. Forçons la chose, une ombrelle ? futilité surannée.
Je freine ma main, qui voudrait tâter le coussin, je me demande ce qu’elle pense, si nos regards la gênent. Elle ne se veut, je crois, ou je l’imagine, pas là pour le spectacle, pas uniquement pour attirer le client, mais parce que c’est simple, acceptation tranquille de la nécessité d’une part d’exhibition – souvenir et incarnation persistante des générations de dentelières qui l’ont précédée, image mais aussi réalité, une longue habitude, et je l’espère toujours un certain plaisir, même si la part d’invention semble singulièrement limitée, une lassitude aussi, sans doute, dans l’éternelle reconduction des gestes, physiquement, peut-être de l’esprit, que je voudrais source de libération, comme un rosaire recommencé pour une nonne chevronnée. Mais si la pensée erre en liberté, quelle est l’importance de la fantaisie ou de la dérive dans ce qui fait sa vie, en dehors de cet accroupissement, au soleil et à la vue des passants les beaux jours, dans l’ombre de sa boutique le reste du temps, face aux soucis éventuels de son métier, que j’ignore comme le reste, le loyer du magasin, le nombre des acheteurs, la concurrence et l’amitié de sa voisine.
Comme nous tous, dès que notre occupation prend, même pour un instant, un côté automatique ou si connu que seule une partie de nous s’y consacre.
Acheter quelque chose ? La dentelle me va mal au teint. Forçons la chose, une ombrelle ? futilité surannée.
Et je réalise que ce qui me fascine dans l’adresse de ses mains, c’est une parenté avec celles d’un pécheur, entouré de filets bleus et verts, en tas croulants, qui, de ses pognes, s’affaire lentement à en ravauder un, assis sur une bite ou un pliant, en plaisantant avec ses amis, sous les flashs des touristes. Et, malgré ces derniers, ce spectacle me donne toujours une nostalgie de ne pas être lui.
Là, pour n’importe quoi…
Là, pour n’importe quoi…
7 commentaires:
C'est beau, c'est beau, c'est beau à en pleurer !!! Je suis jaloux comme c'est pas permis de l'être.
te moque pas
Ah non, pas de moquerie j'en suis sûre : c'est beau, c'est beau...
Juste passer te saluer, toi ma fidèle, je suis de noce dans le quart d'heure, à lundi !
Il y a toujours une petite tristesse dans l'évolution ethnologique des choses... musée.
j'aime beaucoup ta réflexion sur ces travaux qui occupent les mains et pas l'esprit, c'est pareil pour le tricot,enfin je crois parce que je ne pratique pas, c'est ce que disent mes copines tricoteuses.
qui sont d'ailleurs assez rares.
rien à voir, mais l'autre jour j'ai posté un com sur Michaux, dont j'adore "Un barbare en Asie", et particulièrement la partie, savoureuse, dédiée à l'Inde
et pffff, il a disparu dans le web
espérons que celui-ci arrivera à bon port
C'est très très beau.
Où est-ce qu'on peut lire un livre de toi ? Ou plus exactement, pourquoi ne puis-je pas lire un livre de toi ? Tu vas trouver que j'exagère, mais non.
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