Moi un peu sotte, pas très dans le sujet, - pas franchement réflexion sur la poésie de ces lieux, une trop longue rêverie amusée (à mes yeux au moins) – très « neu-neu » mais le romantisme noir ou gris me fatigue un peu à la longue, et n'est pas pour moi, ou pas ce noir ou gris nés des lieux. Nous étions jeunes, nous avions chaud, nous étions fauchés, et la bouteille d’eau que nous avions embarquée, nous l’avions finie bien avant le retour au port. Nous étions plantés sur le quai, le beau Gilbert, la belle Geneviève, le petit Renaud et ses lunettes, les autres, et moi, la oie, et nous nous demandions quels parents envahir.
Nous avons vu passer Lilou, l’avons hélée, embrassée et suivie dans l’arrière salle du restaurant de ses parents. C’était frais, un peu sombre, ça sentait bon et derrière le rideau de perles on voyait la salle et puis la terrasse, le soleil et des mats.
Gilbert a chipé une olive dans un tonneau, souri à Madame Ravier, en la baignant dans son charme. Geneviève a dit à Lilou « tu me donnes un verre d’eau ? ». Renaud m’a murmuré son idée et, les pieds en dedans, avec un air très intimidé et un peu anxieux, j’ai négocié.
Madame Ravier a ri au nez de Gilbert, et puis avec une gravité de qui traite de choses sérieuses, et un sourire maternel, elle a convenu que, oui nous lui pécherions demain une grosse soupe de poissons et elle, elle nous offrait des boissons.
Nous avons vu passer Lilou, l’avons hélée, embrassée et suivie dans l’arrière salle du restaurant de ses parents. C’était frais, un peu sombre, ça sentait bon et derrière le rideau de perles on voyait la salle et puis la terrasse, le soleil et des mats.
Gilbert a chipé une olive dans un tonneau, souri à Madame Ravier, en la baignant dans son charme. Geneviève a dit à Lilou « tu me donnes un verre d’eau ? ». Renaud m’a murmuré son idée et, les pieds en dedans, avec un air très intimidé et un peu anxieux, j’ai négocié.
Madame Ravier a ri au nez de Gilbert, et puis avec une gravité de qui traite de choses sérieuses, et un sourire maternel, elle a convenu que, oui nous lui pécherions demain une grosse soupe de poissons et elle, elle nous offrait des boissons.
Nous nous sommes installés à la terrasse, devant le port, Gilbert dévisageant les passantes, Geneviève droite comme une poupée dans sa boite, tous les autres sirotant leur café frappé, sauf moi qui avais voulu un café frappé sans café.
- idiote c’est du sirop d’orgeat
- c’est moins joli comme mots – et puis ça ne fait pas sérieux – tu sais c’est la première fois que je vais dans un bar… (et j’étais bien contente)
- c’est pas un bar, ça !
- mais c’est écrit là : « le bar des amis ».
- coiffe toi – quand tu seras grande je te montrerai ce que c’est un bar.
- je ne peux pas me coiffer, il y a trop de vent – et puis je suis grande - autant que toi. Je suis sure que tu n’y vas pas, dans les vrais bars
- si, c’est vrai, avec mon frère.
Bon, un soir, un peu plus tard, après nous avoir fait jurer que nous ne dirions rien, et puis parce que nous n’étions pas si jeunes, juste un peu en retard, le frère et son amie nous ont amenés, Renaud et moi, dans un « vrai bar ». C’était beau, sombre, mais pas comme la cuisine des « amis », mystérieux un peu - je ne voyais pas très bien, j’avançais avec respect, un peu comme quand je rentre pour la première fois dans une église romane. Renaud m’a guidée jusqu’à un grand fauteuil de cuir, d’une douceur merveilleuse. J’étais une dame.
Le frère a bougonné, c’était trop tôt, mais avec nous… Que voulions-nous boire ?
J’ai demandé du lait et ils ont ri.
- idiote c’est du sirop d’orgeat
- c’est moins joli comme mots – et puis ça ne fait pas sérieux – tu sais c’est la première fois que je vais dans un bar… (et j’étais bien contente)
- c’est pas un bar, ça !
- mais c’est écrit là : « le bar des amis ».
- coiffe toi – quand tu seras grande je te montrerai ce que c’est un bar.
- je ne peux pas me coiffer, il y a trop de vent – et puis je suis grande - autant que toi. Je suis sure que tu n’y vas pas, dans les vrais bars
- si, c’est vrai, avec mon frère.
Bon, un soir, un peu plus tard, après nous avoir fait jurer que nous ne dirions rien, et puis parce que nous n’étions pas si jeunes, juste un peu en retard, le frère et son amie nous ont amenés, Renaud et moi, dans un « vrai bar ». C’était beau, sombre, mais pas comme la cuisine des « amis », mystérieux un peu - je ne voyais pas très bien, j’avançais avec respect, un peu comme quand je rentre pour la première fois dans une église romane. Renaud m’a guidée jusqu’à un grand fauteuil de cuir, d’une douceur merveilleuse. J’étais une dame.
Le frère a bougonné, c’était trop tôt, mais avec nous… Que voulions-nous boire ?
J’ai demandé du lait et ils ont ri.
Mais ce bar des amis n’a rien à voir, je crois, avec celui où Angèle Paoli a rencontré Martine Cieutat (voir http://terresdefemmes.blog.com) que j’ai découvert après
7 commentaires:
J'ai bien aimé ton récit et il m'a bien fait rire, tu écris très bien.
Merci de ton bon mot pour ma petite fille Lydia sur mon blogue, c'est gentil.
Bonne journée et bisous de ta p'tite cousine du Québec xoxoxox
Quel plaisir de te lire !
(je sais bien que je pourrais gagner le concours du commentaire le plus banal, mais je pourrais aussi gagner le concours du commentaire le plus sincère en même temps !)
Kiki
un texte comme je les aime et comme tu sais les faire, de l'humour et de la tendresse, oui oui, de la tendresse... j'aime le café froid/orgeat ;)
Bonne journée Brig !
Même si c'est très poétique c'est aussi là que l'on peut commencer à tenter sa première cigarette......
Ah !Il me viens à la lecture de ce texte la nostalgie du temps où je fréquentais les bars. J'aimais l'ambiance des "bars américains"à l'ambiance tamisée. Nostalgie quand tu nous prends...
Je me suis régalé à boire tes mots chère Brig !
Vu que j'adore cotoyer les gens d'où qu'ils viennent, tenir un bar ne m'aurait pas déplu.
Belle journée !
Ici pas un brin de tramontane.
Olivier
je n'ai guère de souvenirs de bars, tout juste du petit café de mon village qu'on traversait deux ou trois fois dans l'année pour aller danser dans la salle qui lui était accolée . ..on ne s'y attablait jamais, mais par grande soif, l'été, on pouvait se faire servir un verre de limonade dehors.
je me demande toujours, quelle est la part d'imaginaire qui te permet de camper des scènes si vivantes et pittoresques à partir de quelques mots.Don d'écrivain!
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