Tu as la gueule de travers, parce qu’il te fut ajouté par la très aimable maîtresse de maison (une ambiance amicale immédiate, de détente appliquée) un gros menton carré que nous ne voulions pas puisqu’il était évident que tu allais t’émacier – comme tu ne pouvais qu’être un rien imprécise et tourmentée sans douleur - tu avais une bouche lippue, de même origine, dont il te reste un peu trop de retroussis. Et pour le plaisir des petits serpents sortant du presse-ail, tu t’es finalement féminisée. Nous ne voulions pas que tes yeux soient trop évidents et avons passé le temps, toi, la terre et moi à te les fermer et les rouvrir.
Et finalement, pour matérialiser ma crise d’activité, et à cause de notre vague parenté, je t’ai emmenée avec moi, et marchant, en titubant le moins possible, parce que tout de même j’étais moulue par l’énervement de la matinée infructueuse avec divers envoyés du câble, et par la crispation inconsciente des épaules, quand je voulais guider mes mains, et séduire les autres par ce qui en sortait, je te surplombais toi et ton nez imbécile dans le prolongement du front aussi bosselé que ma vieille carne. Alors en tournant en rond, en luttant contre l’envie de m’endormir, je te l’ai modifié en en cresant un peu la racine, l’esquintant puisque tu commençais à te rigidifier. Bon, telle que tu es, telle que tu resteras jusqu’à ce que j’en ai par-dessus la tête de te voir, je t’aime bien, tu es une heure de plaisir.
Mistral, des vêtements chauds enfin et malgré ou à cause d’eux, froid qui m’assaille et me jette dans des pérégrinations dans mon petit espace, ou dans un oubli recroquevillé – projets de deux concerts emportés par le vent et une paresse tranquille – grand sommeil, œil bovin sur l’argenterie, grammaire italienne ouverte, considérée, fermée et remplacée par le Paradis de Dante – deux critiques sur France Culture découvrent Volodine, je coupe mon écoute et survole les renvois du traité européen, non préparé pour la lecture ou « consolidé » avec la certitude que ce que nous désirions : l’harmonisation des conditions de vie des peuples ou le début du long chemin y conduisant n’y figurait pas, puisqu’il semble que seuls les symboles ont été enlevés, ce pauvre drapeau, pour nous plaire à nous pauvres enfants attachés aux seules images. Et je me jette sur les meubles que je frotte jusqu’à transpiration.
Pourtant le soir, le ciel était si joli que j’ai failli partir dans les rues, et ne l’ai pas fait
Pourtant le soir, le ciel était si joli que j’ai failli partir dans les rues, et ne l’ai pas fait
Retrouvé Dante « Le facce tutte avean di fiamma viva – Tous avaient le visage de flamme vive,/ et les ailes d’or, et le reste si blanc/ que nulle neige n’arrive à ce terme./ Descendant dans la fleur, de marche en marche,/ ils offraient la paix et l’ardeur/ qu’ils prenaient par le vent de leurs ailes. »
Saut très loin – et pour l’élaboration et l’épanouissement final http://fr.youtube.com/watch?v=Kus7-y88-dc
Saut très loin – et pour l’élaboration et l’épanouissement final http://fr.youtube.com/watch?v=Kus7-y88-dc
9 commentaires:
Désolée par ce que fait le Ministère de l'identité française....
Charmée par le résultat de "ton heure de plaisir" à travailler la terre et par le récit de cet "accouchement".
Passe une bonne journée.
très triste à lire ton début... émerveillée par la suite et la tête qui en sort, je n'ai jamais essayé et surtout je m'en crois incapabable. Ici pas de Mistral mais un vent du Nord à ne pas m'envoyer dehors et, pour un dimanche matin, une vidéo qui me convient très bien. Très bonne journée à toi aussi Brig !
Chère Brig,
j'étais inquiet de ne plus te lire, me voilà rassuré !
Le début est d'une grande tristesse. L'humanité s'effrite de jour en jour.
La suite, c'est du Brigitte, toujours un peu pessismiste entre la radio et un livre.
Passe un beau dimanche !
Tu m'as manqué !!!
Olivier
je t'emprunte la 1ère photo de ta note de vendredi, je la trouve extra-ordinaire !
elle est belle, j'aime sa tête penchée et son sourire triste.
elle a une expression, c'est le plus difficile, donner l'expression.
le reste c'est de la technique, ça s'apprend
bravo
Elle est très expressive, cette belle tête de femme.
Pour ce que tu écris au début, c'est terrible, on n'en entend pas parler. Ca devient terrible, ce pays qui est le pays des droits de l'homme, notre pays...
sborja ne faut pas coire ce qu'on dit par habitude, la France n'est plus le pays des droits de l'homme depuis longtemps et nous sommes régulièrement condamnés ou au moins poursuivis devant la cour européenne des droits de l'homme. Souviens toi il y a un an du rapport européen sur les prisons françaises, et encore il n'était pas question des centres de détention
et ça fait des années que ça me met en colère et m'humilie
Scandaleuses ces détentions d'enfants, même d'adultes d'ailleurs et dans quelles conditions ?
Et tu as même fait le tour de la terre avec des mains, tes doigts.
Hello,
Beau reportage, tard sur France Inter, sur une volontaire d'une asso - de la seule asso en ayant le droit en France - se rendant dans un CRA de la région parisienne. Une chose retenue, les grilles autour d'un CRA font plusieurs mètres de haut et sont couronnées de barbelés enroulés ... sans commentaire!
@ + ...
Dis donc ! pour une heure de plaisir, c'est pas mal. Quest-ce que ça donnera lorsque tu y passeras deux heures ??!! Magnifique réussite... Bravo
Biz
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