N’importe quoi
Je trottinais dans la fraîcheur du matin, blottie dans ma parka kaki de djeune de quartier. Et, comme toujours, sauf au creux de l’été où elle abrite des bateleurs de passage, la niche-guérite était vide, désertée. Me suis arrêtée, un peu essoufflée, j’ai retroussé ma manche, vu que j’étais finalement en avance, plongé ma main dans mon sac et en ai extirpé une cigarette, puis un briquet, puis mon appareil photo.
Le vent était tombé, ou presque, le froid ne piquait plus, il était installé et immobile, et je regardais ce que j’avais vu tant de fois presque distraitement. J’ai cherché qui l’avait abandonnée. Un reitre, ancêtre des suisses, peut-être déjà suisse ou provençal, posté là, avec un bonnet de laine, une vieille cotte de maille raccourcie, des chausses épaisses, une pique et un couteau, pour garder, comment ? le pape ou le vice-légat, les clercs, cuisiniers, cardinaux, jeunes domestiques et objets sacrés. Peu vraisemblable.
En repartant, émergeant dans la lumière et descendant la place caillouteuse, j’ai pensé qu’en vérité c’était une petite porte, un peu dérobée, malgré son esquisse de décor, et qu’un mitron ou une fille de cuisine, pourquoi pas un garde, avait du l’emprunter avant qu’elle soit murée, se glissant le long du jardin du pape pour se hâter vers quelqu’un, quelqu’une, un plaisir, dans la ville. Je l’ai vu s’enfoncer, se faufiler, entre les maisons entassées autour de Saint Pierre et les chapelles.
Et qu’était-il advenu de lui ou d’elle, qui n’osait rentrer ?
J’ai vérifié, il ou elle n’était pas dans l’arbre.
8 commentaires:
et c'est pour cela, parce que parfois quelqu'une comme toi ou quelqu'un comme lui, l'autre tout simplement encore en vie, explore la guérite et pense à elle, à lui... c'est pour cela que je n'ai pas peur !
Devenir l'anonyme n'est pas un drame il me semble puisque l'on est encore imaginé !
Bonne journée Brig ! Ton texte m'a réconforté ...
Encore une fois, tu m'as fait faire une belle randonnée. J'ai exploré la guérite avec toi.
Merci de nous partager tout cela.
Bon mercredi et bisous de ta p'tite cousine du Québec.xoxo
je préfère la deuxième hypothèse, elle ouvre la porte (justement) à des rêveries amoureuses, coquines, portant un joli petit vent de liberté
Tu débordes d'imagination, mais j'aussi vérifié dans l'arbre !
C'est vrai qu'elle est curieuse cette guérite.
Je vais me renseigner tiens !
Si les pierres pouvaient parler et nous raconter.... Mais toi tu imagines si bien , tes deux suppositions sont plausibles.
Sous l'ombre d'une feuille?
la seconde version est beaucoup plus tentante, en regards à tous ces moinillons tentés...
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