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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, novembre 13, 2007

Comme je fais partie de ceux qui, selon Valls et Gorce (je découvre cela chez Sébastien Fontenelle http://vivelefeu.blog.20minutes.fr ), sont des « fondamentalistes » je ne suis pas allée désigner la seule candidate restant en lice dans notre parti pour les municipales, aussi désirée comme adversaire par notre autocrate locale que Ségolène Royal l’était par Sarkozy. Mais j’avoue que cela fait un drôle d’effet de se retrouver en compagnie des ineffables paroissiens en jupes plissées et lodens, des barbus sanguinaires ou des rabbins hautement vindicatifs.
Me suis contentée d’aller en fin de journée assister à un cour d’italien, en tentant de rester un peu en retrait pour ne pas retarder par mon insuffisance ceux pour lesquels ces cours ont de l’importance.
Et de saluer les fleurs acérées de ce portail, que j’aime bien sans m’interroger sur les raisons de ce gout.
Et revoyant la photo, me frappe l’élan des branches et de la façade. Y accrocher mon moi en déshérence entre jambes flageolantes de faiblesse ou kilos douloureux.

Ennuyeuse suis, mais dans le creux égoïstement, sans relâche, je reviens à ce que j’ai fait de moi. Et sentencieusement redécouvre que mon désintérêt précoce pour le bonheur venait de ma crainte adolescente de ne pas en être digne ou capable et de cette fierté qui m’ont fait y renoncer, comme aussi à une communication avec les autres que je trouvais impossible et que je remplaçais par un sur-jeu ou de la bouderie, comme, plus sottement encore, mes efforts pour me faire dispenser de gymnastique parce que je n’y aurais pas excellé. Traits que je partageais avec beaucoup, avec peut-être plus d’entêtement chez moi, qui en avait fait des règles de ma vie extérieure. Finalement, seuls la nécessité qui m’a fait me débrouiller pour comprendre assez de droit ou de comptabilité pour mon travail, l’amour des mots, et mon énorme curiosité m’auront évité de finir avec les capacités d’une huitre.
Et puis, sur le tard, la découverte de l’amitié, à partir du moment où l’on admet que c’est une chose périssable, et à laquelle on n’a aucun droit, et d’autant plus agréable - par moment la découverte plus délectable d’être inattendue ou d’inespérée, du fait que finalement j’étais moyennement « apte » et l’acceptation d’une médiocrité assumée pour le plaisir que j’en tirais. Reste à trouver une nécessité ou justification à mon existence. La faculté de s’émerveiller et d’aimer ?
Brou ! fin du pédalage. Des photos parce qu’elles étaient là et que cela me plait.

Et, celle du portail, là-haut, datant d’un mois, l’aspect qu’il avait à la même heure lundi, illustrant notre descente dans l’hiver.
En deux nuits j’ai lu, avec un petit recul fatigué au début devant l’avalanche de mots dits grossiers, de vodka et de sang, et un plaisir naissant puis total « Pulp » de Bukowki, avec ses hommes en piteux état, parfois physique, parfois intellectuellement, ou les deux, ses femmes catastrophiques, généreuses pourtant, époustouflantes comme Deja « Enchâssée dans une robe rouge sang. Avec des yeux verts et de longs cheveux bruns. Jeune. De la classe. Et de la fesse. Le tout parfumée de menthe poivrée » et, bien entendu, la description répétée de l’effet de leur plastique sur les mâles, avant qu’elles se jouent de leurs esprits.
La trivialité de nos vies « Je retournais dans la salle de bains pour me laver les dents. Mais parce que je pressais trop fort le tube de dentifrice, le lavabo en fut éclaboussé. C’était un dentifrice vert. Qui ressemblait à un ténia engraissé à la chlorophylle. Avec un doigt, j’en récupérai un peu que j’appliquai sur ma brosse. Puis, j’ouvris la bouche, et mes dents apparurent. Quelle invention diabolique que les dents ! On s’en sert pour manger. Manger et remanger. Nous sommes vraiment des êtres répugnants, programmés pour nous épuiser notre vie durant, à accomplir de sordides petites tâches. » passage sélectionné avec soin pour l’absence de scatologie (mon gout pour cette dernière). Un thriller débridé dans lequel une des belles femmes est la Grande Faucheuse, qui recherche Céline, puisqu’il ne seraiit pas mort mais hanterait les bibliothèques et champs de course de L.A., où des êtres superbes sont des monstres de l’espace, où la logique est malmenée, puisque les personnages ne sont pas dans son monde, où les buts sont peut-être la mort et la découverte du « Moineau Ecarlate » et entre deux coups de feu, deux assoupissements au cinéma, deux échanges d’injures machinales, on a : « Vous savez bien, ces moments où plus rien ne semble avoir de sens, alors qu’en y réfléchissant, toute cette absurdité s’éclaire petit à petit, de sorte que vous finissez par admettre que ce qui vous paraissait sans grande signification en était au contraire intensément porteur. Vous m’avez compris hein ? Une telle conception du monde pourrait s’appeler du pessimisme actif ».

9 commentaires:

Rosie a dit…

Merci de nous faire réfléchir, ton texte en est un pour moi de réflexion aujourd'hui.

Le fun que tu ailles à des cours d'italien.

Tes photos sont magnifiques.

Bon mardi et bisous de ta p'tite cousine du Québec.

marie.l a dit…

oh Brig quelle sévère auto-critique tu nous fais là ... heureusement oui tes photos encore et toujours si belles et la question que tu te poses :
"La faculté de s’émerveiller et d’aimer ?"

à laquelle je souhaite tant que tu répondes oui, sans en faire une justification ou une nécessité, mais une réalité accomplie !

oh là on arrête de se dénigrer ok ?
;)

OLIVIER a dit…

Oh ! ma chère Marie, tu sais, j'ai tenté, écrit, justifié que Brig n'avait aucune raison de se dénigrer et tu vois le résultat...
Fin, j'ai aimé ta note pour son mélange toujours incroyable et tes photos.
Par contre, je n'ai pas compris le début...
Belle journée !
Olivier qui a bcp d'estime pour toi

micheline a dit…

super prolifération bourgeonnante d'un surmoi..s'accrochant aux faça de pierres et buvant la lumière ...

"me frappe l’élan des branches et de la façade. Y accrocher mon moi en déshérence"

quelque part nous fûmes soeurs, sur des chemins contraires.

Muse a dit…

Je ne te suivrai pas aujourd'hui sur les chemins de l'auto dérision que j'affectionne, juste me mettre sous la couette et chercher la chaleur qui n'est ni dehors, ni dedans.

Anonyme a dit…

Je me suis retrouvée dans "ton adolescence"...
Belles photos qui ont bien fait d'être là, elles me plaisent aussi.

Anonyme a dit…

Le passage sur l'amitié me ravit.Tu la définis si bien !
Biz

Anonyme a dit…

Si tu prends deux secondes pour te poser à côté de toi et te considérer bravement, tu verras un être complexe et intelligent, riche de plusieurs vies, sensible et non-comparable.
En tout cas, moi, c'est ce que je vois quand je pose la Brigetoun de ce blog à côté de moi et que je la considère simplement.
Kiki

Anonyme a dit…

chère brigetoun
j'interviens bien tard, la semaine a été difficile

j'ai énormément ce que tu écris sur l'adolescence, ce refus du bonheur car on s'en juge indigne...
je l'ai connu, faut-il que nous ayons été élevées dans l'interdit pour en arriver à ce point!

très beau passage aussi sur l'amitié...je n'ai commencé à l'apprécier qu'après avoir compris qu'elle n'était pas éternelle