Début de journée avec les photos du Faucon et de Philippe de Jonckheere et une envie de marche lente dans la nature, ce qui ne m’arrivera vraisemblablement plus jamais, et donc jamais ici. L’ai trouvée chez Jaccottet, pour une Provence proche, et encore protégée pour un temps par les mots de ces textes que je survolais, et, dans notre réalité, par l’argent, avec le glaçage et les récupérations détournements de notre temps (sans doute postérieurs au gout qu’il a pris à ces promenades) :
« Il y a un certain lieu de cette contrée qui est une combe presque déserte, dont l’ouverture est tournée vers la vallée du Rhône. On n’y trouve guère qu’une ferle, et une longue bâtisse qui a pu être une manufacture dont on voit maintenant par les hautes fenêtres les salles vides et poussiéreuses….. Tout auprès s’élève une chapelle, qui fut un petit temple ; et l’on peut voir, encore, dans l’église du village voisin, un autel dédié aux nymphes que ce temple honorait ». Et suis sortie dans la ville pour marcher dans un monde de pierres, qui accepte la nature comme un écho, un délassement, une trace de ce qui l’ancre dans cette terre, en assez nombreuses taches, mais enclose, domestiquée, soumise plus encore que dans la campagne, ramenée à n’être que décoration.
« Il y a un certain lieu de cette contrée qui est une combe presque déserte, dont l’ouverture est tournée vers la vallée du Rhône. On n’y trouve guère qu’une ferle, et une longue bâtisse qui a pu être une manufacture dont on voit maintenant par les hautes fenêtres les salles vides et poussiéreuses….. Tout auprès s’élève une chapelle, qui fut un petit temple ; et l’on peut voir, encore, dans l’église du village voisin, un autel dédié aux nymphes que ce temple honorait ». Et suis sortie dans la ville pour marcher dans un monde de pierres, qui accepte la nature comme un écho, un délassement, une trace de ce qui l’ancre dans cette terre, en assez nombreuses taches, mais enclose, domestiquée, soumise plus encore que dans la campagne, ramenée à n’être que décoration.
Et j’y ai trouvé une épaisseur de temps à peine moins épaisse, où les pas d’un bourgeois armé contre les grandes compagnies pouvaient se marier à ceux d’un courtisan anglais exilé, d’une lavandière ou fruitière, d’un digne viguier, d’un ouvrier de premières manufactures, d’un moine, d’un magistrat admirateur du Félibrige ou d’un familier des thermes qui, dans cette troupe imaginaire, se serait étonné d’en retrouver des vestiges dans les traces de ce qui a peut-être été un rempart.
Et si les nymphes et leurs temples sont traces ou évocations dans la campagne, le monde des villes auquel je me sens appartenir, comme avant moi la majorité de mes ancêtres, a gardé, dans celle dans laquelle je marchais, des villes qu’elle fut, des bâtisses, des jardins dans les terrains vacants près des derniers remparts, et des églises et chapelles devenues maisons, parfois garage, théâtres ou lieux de culture, ou ramenées à la trace d’une ogive sur le mur d’une cour, comme un fantôme, un spectre devenu décor.
Et j’ai beau dériver dans l’insignifiant, voilà que je ne trouve plus de quoi retarder d’avantage la cuisine ou les verbes italiens. J’y va sans avoir rencontré le bon Aubanel, Robert de Genève devenu Clément je ne sais plus combien à 33 ans, Matteo di Giovanetti, Domenico Borboni l’architecte de l’hôtel de Crillon, le cadavre du Maréchal Brune, Bénézet, les Franque ou le duc d’Ormond, ou… ça suffit !
8 commentaires:
et j'ai beau lire et relire ta première phrase ou du moins cela : "une envie de marche lente dans la nature, ce qui ne m’arrivera vraisemblablement plus jamais, et donc jamais ici"
mes neurones, rétifs, (ce qui ne me surprend pas vraiment, mais me chagrine néanmoins) ne veulent pas te suivre. D'autant que la nature tu en parles fort bien quand elle est le sujet ici, et aussi dans ce que j'ai pu lire par moments dans"Angélique-Marie"
Sourire et conclusion : aucune importance Brig, je relirai plus tard, il est peut-être trop tôt ce matin, trop gris et trop pluvieux, je souhaite que le tien soit plus lumineux !!!
c'est vrai c'et confus, je devais être gênée par la crainte de vexer. J'ai vis à vis du Lubéron et de certains villages du Haut Var une réaction mitigée : tourne au ghetto pour riches, et autour d"une zone privilégiée et protégée mais glacée, le monde de la laideur pour ceux qui veulent accéder à cette beauté et le font avec leurs moyens et leurs gouts. Et que ce soit le triangle préservé ou la périphérie tout est dénaturé. Je ne m'adapte pas à notre temps.
Et pour la marche dans la campagne et la découverte de la nature : sans voiture et supportant assez mal les cars et les longues marches, je dois bien en faire mon deuil
Il est quand même dommage que nos villes ne fassent pas la part assez belle à une nature non domestiquée, dans de grands parcs, que nos rues ne soient plus assez larges pour y accueillir des rangées d'arbes et que nos places n'accueillent plus les antiques platanes et les bordées de bancs, laissant place au commerce avec uniquement des terrasses et pour arbres des rangées de parasols...
Le Lubéron et le Haut-Var tournent au "ghetto pour riches", c'est un peu vrai et c'est dommage, mais je ne me lasse pas encore d'aller fureter par là..
Quand aux orchidées, je peux comprendre, j'ai mis moi-même longtemps à apprécier cette fleur à la mesure de sa réputation et ce n'est pas encore ma fleur préférée. Bon dimanche.
Je comprends ta réaction face à cette campagne envahie par les propriétés, murées, bétonnées, de nantis la plupart du temps, pour arriver à un semblant et éloigné de verdure durement gagné !
oh le béton c'est pour les pas tout à fait bien, à la périphérie. Non ce sont de vieilles maisons restaurées avec goût, et c'est bien, et en effet il faut protéger cela de la foule, mais ça a un petit coté "espace réservéé. J'apprécie, je me dis que ce n'est pas juste
"Un monde de pierres, qui accepte la nature comme un écho"
à Angkor, abandonnée par les hommes depuis des siècles, la nature a repris ses droits, bousculant les édifices majestueux.
c'est fascinant
Oh! Oh! La nature près d'Avignon, çà existe encore; avec mes élèves et la Société de botanique locale, on a arpenté à pied souvent les bords du Rhône,l'ile d'Oiselet ,l'islon de la Barthelasse(des pelouses séchesà orchidées, plein d'oiseaux à voir ou à entendre, les traces de castor). La navette fluviale permet de s'en rapprocher.Et on peut y embarquer son vélo. Mais il vaut mieux ne pas s'y déplacer seul ou seule tout de même.
bonne soirée
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