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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, novembre 08, 2007

La boite de thon, matérialisation en boulimie nocturne de mon désarroi, pesait en moi, et le ciel quand je suis sorti m’enveloppait de gris.
Mais un petit vent (enfin petit ?) s’est réveillé, fouettant mes cheveux et mes joues sans méchanceté (Rosie m’aurait elle porté chance ?) et a créé un superbe ciel, peuplé et clair.

Revenue avec trop de nourritures, résultat de cette excitation, je m’accroche à des plaisirs comme la vidéo (je n’en avais pas eu le temps) des « nouveaux malfaiteurs » sur http://www.tierslivre.net, parce que des malfaiteurs ayant noms Pierre Michon, Echenoz, François Bon, Bergounioux, Quignard sont gens hautement salubres à fréquenter, en admiration non paralysante. Il y a Bergounioux en masse immobile sur le quai, et puis frêle et lumineux dans le train, Pierre Michon parlant de l’écriture « quelque chose qui crée du réel à partir de la prose, à partir de l’art », son évocation du trajet de François Bon dans le brouillard dans « Prisons » etc…et Patrick Quignard « écrire c’est penser quelque chose, ce n’est pas correspondre à quelque chose qui doit être fait.
Et puis, un peu plus tard, il y avait, la force d’un humain affirmée presque joyeusement, ce 7 novembre, chez
http://marc.pautrel.free.fr/carnet.html., et, dans mon réel, la place de l’horloge a retrouvé pour l’hiver toute sa largeur et c’était un appel en avant.
Mais j’ai retrouvé ce monde tel qu’on le fait, nos intérêts et passions tels qu’ils sont légitimés peu à peu, crânes et buts de plus en plus déformés, avec comme seule issue à mes yeux ce matin une marche, puis une course inconsciente (non pensée, non vue) vers le moment où, tout étant détruit, une renaissance sera possible. Ce que je ne verrai pas, comme je ne suis pas concernée personnellement par les blessures que nous faisons à notre pays, l’humanité, l’avenir. Se limiter à ce que l’on peut toucher et qui vous touche, ne pas s’éparpiller en vain, comme le disent mes sages Montaigne ou Marc Aurèle. Mais le peut-on et le doit-on ?
« Au prix du commun des hommes, peu de choses me touchent, ou, pour mieux dire, me tiennent, car c’est raison qu’elles touchent, pourvu qu’elles ne nous possèdent. J’ai grand soin d’augmenter par étude et par discours ce privilège d’insensibilité, qui est naturellement bien avancé en moi…… Autant que je puis, je m’emploie tout à moi ; et en ce sujet même, je briderais pourtant et soutiendrais volontiers mon affection qu’elle ne s’y plonge trop entière…. »
« … Si quelquefois on m’a poussé au maniement d’affaires étrangères (ce qui ne saurait être mon cas pense Brigetoun) j’ai promis de les prendre en main, non pas au poumon ou au foie ; de m’en charger, non de les incorporer ; de m’en soigner, oui, de m’en passionner nullement ; j’y regarde mais je ne les couve point… »
«Les hommes se donnent à louage. Leurs facultés ne sont pas pour eux, elles sont pour ceux à qui ils s’asservissent ; leurs locataires sont chez eux, ce ne sont pas eux. Cette humeur commune ne me plait pas : il faut ménager la liberté de leur âme et ne l’hypothéquer qu’aux occasions justes, lesquelles sont en bien petit nombre si nous jugeons sainement… «

Bien, Messire de Montaigne, et veuillez m’excuser d’avoir pris la liberté de modifier votre orthographe, et pour le gribouillis défoulant.

10 commentaires:

marie.l a dit…

et j'entame ma réflexion du jour sur le dernier paragraphe de Messire de Montaigne qui ne t'en voudra pas de m'avoir facilité une lecture bien matinale !
Bonne journée Brig !

Rosie a dit…

Tant mieux si je t'ai portée chance et que le vent était clément lors de ta randonnée en qu'il a apporté avec lui ce ciel magnifique sur la photo.

Montaigne, quelle belle réflexion ce matin Brigetoun, j'ai lu avec beaucoup d'avidité ce texte si beau, merci de nous l'avoir partagé, ma belle amie.

Bon jeudi et bisous d'une p'tite cousine du Québec.

FalconHill a dit…

Magnifiques photos du ciel pleins de vent. Hier soir à Marseille, c'était attroce, ce vent. Mais ça donne des beaux ciels étoilés.

Pas désagréable de lire Montaigne le matin...

OLIVIER a dit…

Quel beau ciel ! comme quoi ton mistral et ma tramontane nous servent pour chasser les nuages, mais nous refroidit aussi !
Quelle place !
Sieur Montaigne, besoin de vous lire pour mieux comprendre...
Bonne journée ma chère Brigetoun !
Olivier
Attention ! ma belle jument, elle est pas lourde ! ;)

Anonyme a dit…

Tu n'as pas une très bonne opinion de certains hommes ....à louage.

yo-cox a dit…

Un coup de vent et le ciel s'embélie, se dessine et bleu-nuage. Ici c'est gris alors merci de ce bleu que tu nous apporte. Bonne journée Yo-cox
http://photo-passion.blogspot.com/

Muse a dit…

Le Montaigne que tu nous sers, dans son humanisme, reste enore d'actualité.Bonne après midi Brig

Anonyme a dit…

de la distance, du détachement...

Anonyme a dit…

"Se limiter à ce que l’on peut toucher et qui vous touche, ne pas s’éparpiller en vain,",
y consacrer, ne serait-ce qu'une infime partie de son existence, pour remplir les moments creux,bien lus nombreux...vital?

Anonyme a dit…

Pas habituée à voir la Place de l'horloge si vide ! Impressionnant cet Avignon que je ne connais pas !