Deux ponctuations sur un mur, se répondant en un bel équilibre avec la petite fenêtre. Cette impression toujours, quand mes yeux ne glissent pas dessus en les niant, parce qu’ils font partie de notre décor, qu’ils sont devenus banals, d’être devant un mystère. Leur ajoutant plus qu’ils ne le veulent sans doute, je rêve à leur sens, écriture qui pour moi a aussi peu de signification que des caractères venus d’un autre alphabet, avec, dans leur éternelle répétition, la variété de chaque main.
Sans doute, à partir d’une certaine virtuosité, le pur plaisir du geste, de l’énergie, de la rapidité, même sans la jouissance de ce qu’ils représentent encore de transgression. Une écriture codifiée et l’expression, dans ses courbes, ses angles, son épaisseur, de celui qui l’a posée.
Sans doute, à partir d’une certaine virtuosité, le pur plaisir du geste, de l’énergie, de la rapidité, même sans la jouissance de ce qu’ils représentent encore de transgression. Une écriture codifiée et l’expression, dans ses courbes, ses angles, son épaisseur, de celui qui l’a posée.
Et je leur invente une parenté avec les grasses volutes de ces tableaux qui m’ont fait signe l’autre jour. Je suis restée sur le pas de la porte, pas certaine de les aimer, retenue par une timidité qui m’est revenue ces temps ci, la légère incongruité de cette galerie dans ce coin de rue, l’absence de tout autre visiteur, la présence du propriétaire ou du responsable embusqué au fond, ou plus prosaïquement le manque de temps.
Et je ne l’ai pas retrouvée ; la vitrine lors de mes passages suivants m’est restée indifférente, non vue, incapable de percer ma musique intérieure pour que je m’arrête. Pourtant j’avais cru, il me semble, y sentir la puissance des terres, lourdes et riches, d’une vie sourde, d’une campagne productive.
Et je ne l’ai pas retrouvée ; la vitrine lors de mes passages suivants m’est restée indifférente, non vue, incapable de percer ma musique intérieure pour que je m’arrête. Pourtant j’avais cru, il me semble, y sentir la puissance des terres, lourdes et riches, d’une vie sourde, d’une campagne productive.
Les mains, - je regarde ces deux outils que j’ai, pour parler, pour toucher, pour faire, pour connaître – pas toujours utilisées comme il le faudrait, mais chères tout de même. Me navre un peu leur rusticité, paume large et doigts courts, qu’elles soient restées un peu trop charnues. Chez les êtres de mon âge, une des premières choses que je regarde, expression de ce que nous avons fait de notre vie.
12 commentaires:
Les mains ne trompent jamais... trahissent parfois.
Je trouve dommage les graffitis que les gens laissent sur les murs, c'est du vandalisme je trouve.
J'aime beaucoup l'idée d'avoir photographié tes mains, les mains parlent, elles nous disent avec leur flétrissement ce qu'elles ont accompli dans leur vie.
Belles photos de tes mains.
Bon lundi et bisous.
chacun sa main, chacun sa marque, des traits d'union parfois et toujours cette angoisse de ne pas comprendre ou de n'être pas compris .
l'effort cent fois recommencé de vivre quand cette envie vous quitte et que sur nos mains fleurissent quelques fleurs qu'on n'avait pas semées
mais qu'ai-je bien pu faire de la mienne? toujours est-il que ce matin j'ai pris le parti de m'en ocuuper un peu. Je les néglige trop souvent.
Venant de chez Chevillard j'arrive chez vous, bonjour et je repars, en m'étonnant simplement de votre ode aux tags: à Lyon où je suis des quartiers entiers sont défigurés. Et si on venait bomber votre séjour que diriez-vous ? Michel B. PS: je préfère vos mains...
les tags sont partout, ici ausi, à Paris d'où je viens non moins. N'a rien voir avec mon salon. Je n'en ais d'ailleurs pas.
S'interroger sur eux n'est pas leur chanter un hymne (en plus mon métier m'obligeait à les faire enlever au moindre frais possible).
Et puisqu'ils sont là les regarder. Pas plus laid que les ghettos où ils ne fleurissent pas
J'ai fait la rencontre de ces signatures, la semaine passée, alors que j'allais rencontrer les formes voluptueuses et élégantes de Patricia Simsa, dans une galerie strasbourgeoise. Et la galiériste, que j'aime et que j'apprécie, avait l'air très ennuyée à la fois que les tagueurs aient choisi son mur et sa vitrine, et aussi de ne pas aimer cette forme d'art.
Il est vrai que ce qui se cachait derrière la vitrine avait grand besoin (et mérite) d'être vu sans obstacle par tout le monde...
du grand brigetoun...
j'en suis toute retournée, émue...
les mains, "expressions de ce que nous avons fait de notre vie"
superbe
céleste
Merci Brigetoun. Tu regardes et tu nous donnes à voir, ces tags signatures volutes, ces mains, actives, volontaires, présentes !
Kiki :-)
Un coucou bien tard ou tôt, pour ce jour particulier pour moi.
anniversaire ? départ ? pas fête je viens de vérifier - de tout coeur avec toi - mais je ne sais où te le dire
J'ai rarement été autant en phase avec vous qu'en lisant ce texte .
Ces "expressions murales " m'exaspèrent souvent par leur coté mépris du support ou plutot mépris envers le propriétaire du support , non respect envers les personnes vivant dans l'environbnement de ce support .
Par contre , je comprends très bien la soif de ces jeunes qui cherchent à s'exprimer , à avoir une place dans la société .
Souvent , ces graffitis ont une certaine beauté , élégance .
Certains sont même de véritables oeuvres d'art !
Enregistrer un commentaire