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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, janvier 26, 2008

Emergeant de deux soirs et nuits dans la Femme sans sépulture d’Asia Djébar, j’avais une fausse nostalgie de l’Algérie, fausse puisque je ne connais pas Césarée et que j’ai finalement peu connu Alger et sa région. Mais bien sur rien ne la rappelle ici (ce serait différent pour le haut Var et la cote, un peu un écho en miniature de l’autre rive). Me suis contentée de ces palmes.
Personnage merveilleux de femme libre, vis-à-vis de l’occupant français (choc chaque fois de réaliser cette réalité) malgré les relations entre enfants, et parfois dans le travail entre artisans, petits commerçants (et retrouvé ce mot « les maltais »), et vis-à-vis de la bourgeoisie musulmane – souvenir de mes petites amies en 7ème à l’école qui selon le plan devait être dans une petite rue proche de l’avenue du 1er novembre.
Zoulikha enfant allant en jupe écossaise à l’école, mais c’est dans un village près de Marengo « Tu vois ma fille, ma tout petite, ce fut ma première joie : non pas le défi contre les autres que je narguais – le défi donne plutôt comme une ivresse. Non, ce fut une joie dure, une vibration de tout mon corps, de mes muscles, de mes mollets qui sortaient nus sous la jupe à carreaux plissée »
Zoulikha s’installant à Césarée avec son troisième mari, et prenant le voile, ce voile auquel petite fille je trouvais un charme qui me fascinait, comme les cotonnades molles fleuries des robes des paysannes et des pantalons bouffants de Minah, et qui est parait il maintenant remplacé par le foulard et la tenue islamique (tradition importée)
« on pouvait dans mon quartier ancien…la confondre avec mes autres concitoyennes : couvertes du voile de soie (de soie moirée ou, pour les plus âgées, de soie mêlée de laine fine, pour en adoucir les plis), la pointe d’organza raidie et à demi transparente sue l’arête du nez, masquant ainsi le bas du visage pour rehausser les yeux fardés, agrandis au khôl, ainsi que le front surmonté parfois d’un bijou d’or ou de perles » mais sur la photo que j’ai trouvée il n’y a pas la grâce et la coquetterie de cette pointe – femme plus simple comme Zoulikha quand elle part dans la montagne et fait, avec son voile de paysanne, précieux pour ne pas être reconnue, des allers et venues pour organiser la résistance des femmes et le ravitaillement de son groupe de combattants en matériel et médicaments.

Parce que l’Algérie de mon enfance était grosse de ça, même si j’en étais totalement inconsciente. Il y avait tout de même la séparation en dehors de l’école et de la plage de La Pérouse, et parfois, rarement, de la part de certains adultes ou grands un ton légèrement méprisant envers les « arabes ». Je crois en avoir ressenti un malaise, mais je crains que cela soit embellissement rétrospectif.
Et donc Zoulikha femme mure devient cette héroïne, qui fait peur aux bourgeois craignant les représailles, qui est arrêtée, torturée et dont on ne sait où est le corps,
Sa geste est nourrie de la vie des femmes algériennes, dans le passé, et du sort de ses filles dans la société actuelle – un beau lyrisme – de belles notations : « …à Césarée, .la maison reste encore domaine presque exclusif des femmes, en somme, le gynécée. Le « maître de la maison » qu’il soit l’époux ou le frère ou le fils adulte (Zohra Oudai, peu auparavant, en berbère, disait, par contraction, »ma maison » en évoquant son mari), ce maître donc, l’homme, ne se sent vraiment maître qu’au-dehors, dans l’espace presque ségrégué des rues, des cafés maures, de la mosquée parfois."

En Avignon et dans le temps présent, après un lever tardif, et la recherche de la photo de femme voilée, après m’être amusée à peindre en vert pale et cirer une petite terre très moche, m’en suis allée utiliser la fin de la terre chamottée, presque contente du résultat, mais une jambe est absente par manque de matière - m’en suis revenue avec l’argile devenue aussi dure que de la pierre et qu’il faut que j’humecte et travaille - crevée j’étais, de bonne fatigue.

14 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonne et belle fatigue, j'admire.

marie.l a dit…

si la "petite terre très moche" est celle de la photo, excuse moi de te contredire ... Bon samedi Brig la courageuse !

Brigetoun a dit…

non, celle là j'ai la faiblesse d'en être contente

DUSZKA a dit…

Comme c'est agréable et riche de se promener avec toi. Très belle journée à te suivre. Moi aussi je ne trouve pas la petite terre "très moche". Mais, bon, tu es seul juge.

Femme libre.Qu'est-ce que cela signifie dans nos pays dits civilisés ? Les sacrifices tel celui de Zoulikha ne restent-ils pas, hélas, des cris dans le désert ? Quand le "progrès" leur enlève le voile, qu'est-ce qu'on leur offre à la place?
Bon courage la vaillante ensoleillée ! Et bonne journnée.
(- 5° chez nous ce matin, mais le soleil va nous réchauffer ça)

Anonyme a dit…

Bonjour,
Pourra-t-on voir de temps en temps, un peu mieux que cette fois-ci, quelques-unes de vos terres ?
Merci

OLIVIER a dit…

Très touchante ton histoire, ta vision de l'Algérie et surtout des femmes voilées. Perte d'identité en plus de liberté, terrible !
Moi aussi, j'aime ta création !
Bon week-end chère Brig,
OLIVIER

Brigetoun a dit…

OLIVIER, mais le livre est surtout à lz gloire de ces sacrées femmes algériennes, que j'admire et aime.
Les terres elles sont toujours à finir, et ne le sont pas - papillon suis - et faute de patine elles se égradent - ilfaut que je trouve le temps et l'énergie d'aller acheter terreet matériaux à Artech/mais aujourd'hui repassage, inauguration du siège de campagneFournier Armand, sans l'engager et Ajami si la carcasse veut bien. Là j'essaie de la mettre en marche. Je connais la porte photographiée chez vous et n'arrive pas à la situer

Anonyme a dit…

Voilée ou non, le femme reste courageuse, pertout, sous tous les cieux. Serait-elle marquée d'un signe particulier pour donner ainsi et recevoir si peu.
Qui a dit que la femme était l'avenir de l'homme? Aimait-il les femmmes, Aragon?

micheline a dit…

un petit coucou seulement avant d'aller mettre les 9 bougies pour l'anniversaire de ma petite fille
une petite nostalgie à l'évocation de ton argile. J'aurais aimé aussi
le temps s'esr arrêté aux jours de mon enfance:

"Le printemps revenait, après l'école, en sortant du village il y avait près d'une haie, un petit endroit abrité et creux où je guettais les premières violettes, et en automne la prunelle bleue. J'aurais voulu embrasser le monde. Le morceau de terre glaise que j'allais cueillir au revers d'un sillon offrait à mes mains la douce soumission de ses métamorphoses. Voir s'arrondir un bol, une assiette ne laissait pas de me ravir. Les voir se fendiller ou s'effriter me navrait."

Muse a dit…

Jolies impressons de cette Algérie que j'aurais pu connaître et de ce femmmes que je juge courageuses dans le contexte actuel.

Anonyme a dit…

C'est la porte du club Aphrodite, rue du Four-de-la-Terre.

Unknown a dit…

Tout ceci me donne de l'appétit livresque !
Bon week-end !

Anonyme a dit…

Quel magnifique billet pour le week-end ! Et quel bel hommage ! Quant à ton travail, il est merveilleux, et me voici énervé de lire que tu n'es que "presque contente du résultat"...

Anonyme a dit…

j'ai envie de lire Asia Djebar depuis un bon moment, à noter pour mon prochain passage en France.

très jolie ta petite statuette