« Mes biens chers frères », Jacques toussote, les regarde, reprend son souffle et …
Mais : Louis, tête en avant, comme un taureau, l’interrompt, brusque : « je t’en prie ! » ; le grand Bertrand marmonne, juste assez fort pour être entendu de tous : « chers ? » et Jules, souriant dans sa moustache : « Jacques se croit en chaire... Frérot, les sermons, les prières, nous venons de faire le nécessaire au cimetière, non ? ».
Une amorce de silence.
Jacques : « pardon, pourtant… »
Louis, se carrant, superbe : « pourtant, nous sommes heureux de nous être rencontrés autour de la tombe de Maman… et dans le souvenir de son amour, bien sur… Maintenant, je pense que nous sommes tous las, et n’avons, avouons le, pas grand-chose à nous dire. Une bonne nuit s’impose. Marthe et Bruno (avec un signe du menton en direction du petit dernier, qui les regarde tous avec son gentil sourire un peu ahuri) ont préparé nos chambres, et pour moi je crains de ne pas vous revoir ; j’ai commandé ma voiture pour six heures ».
Jacques, un peu honteux d’insister : « plus rien à nous dire ? »
Jules « et oui, Frérot, c’est simple, le notaire fera le nécessaire, la succession est limpide, Grâce à Dieu nous ne risquons pas d’affrontement. »
Jacques : « pourtant, il y a … la maison. Que décidons-nous ? »
Et les yeux de Bruno s’affolent, pendant qu’il se penche en arrière, comme pour se cacher. Alors le grand Bertrand se lève, et une main sur son épaule : « elle reste indivis, nous ne la vendons pas, et Bruno nous recevra gentiment ».
Et sous les yeux des autres qui le fusillent, Jacques bredouille : « mais bien entendu, je voulais juste en être certain».
Jules : « ce cher vieux Louis fera ce qu’il veut, mais je pense qu’un verre ensemble s’impose, comme communion et bonnet de nuit. »
Dimanche matin entre bagarre avec un éditorial du Manifesto pourtant court, mais qui me résiste, dans mon ignorance, nettement plus que les courts articles du Corriere della Serra et petites retouches en passant aux terres qui trainent - et en fin d’après midi après avoir écouté Karol Beffa en critique de diverses versions du Marteau sans maître de Boulez (et avoir été pour une fois en accord avec leur choix à tous) m’en suis allée écouter sa musique dans le joli cadre de la salle Carpaccio du petit palais. Petit vent et ciel somptueux et pas de concert…
Nous étions deux dans mon cas, un peu vexées de notre sottise et surprises, assez.
Mais le ciel était si beau que je vous l’inflige.
Et en rentrant je consulte le programme pour lire « Dimanche 27 janvier à 18 heures - Musée du Petit Palais – CONCERT - Karol Beffa - Proposé par l'A.P.D.MS & Les Editions Musicales Contemporaines Marcel Brulé »et me sens moins sotte mais confortée dans mon intuition que la musique contemporaine en Avignon est réservée à un petit club qui ne juge pas utile d’informer le grand public, comme moi et la charmante dame ma « collègue »
Repris la traduction de l’éditorial du Manifesto en espérant que mes a peu-près ne trahissent pas trop l’auteur (sur Autour http://brigttecelerier.blogspot.com/), en écoutant le Misanthrope, redécouvrant une fois encore l’intelligence et la finesse de ce texte, avec un plaisir admiratif.
11 commentaires:
J'ai beaucoup aimé ta contribution (texte) à Paroles Plurielles. Très bien écrit.
Je comprends ta frustration pour le concert, il était annoncé.
Bon lundi et bisous, ma belle xxxxx
les héritages ! ah quel creuset d'histoires ! le ciel de mon aube ici ressemble au rose de ton ciel crépusculaire . Bonne journée Brig
De ton texte,souvent ô combien d'actualité à tes rendez-vous culturels manqués, voilà une belle journée.J'aimerais pouvoir prendre des levers de soleil mais trop paresseuse suit.
et tu nous infliges ce ciel si beau, personnellement je suis sous le choc.
Ton ciel, du bleu pur à l'orangé, me plaît tout autant que le mien.
"Mes biens chers frères,
mes bien chères,
reprenaient avec moi,
tous en choeur,
Pas de boogi-woogi,
avant vos prières du soir" chanson de Mr Eddy Mitchell.
Tes photos sont splendides !
Bonne semaine !
OLIVIER
Admiration pour ton assiduité à tenir ton blog ce qui me ravit. La fin d'un manuscrit prend tout le temps libre, en dehors des tâches ménagères strictement nécessaires. Sentir l'éditeur dans l'attente, bien que très courtois et discret,est un aiguillon au travail, et écrire c'est s'isoler : CQFD.
Tes ciels sont aussi beaux que les miens, mais les voir par-dessus les toits caractérise une personne qui sait lever les yeux vers le beau. Dans ma campagne il est au-dessus de nos têtes sans effort.
Demin, premiers semis en serre. Un "bonheur mnuscule".
Bises et bonne journée.
Demain... bonheur minuscule
pas tout suivi le début. Mais le ciel est magni---fique.
Bonne soirée
Mes biens chers frères et je pense à Me Abdoulaye Coulibaly d'Aix en Provence... Mes biens chers frères, on se met à marcher sur la tête !...
Très très bon billet (de toute façon, quand il y a un bruno dans une histoire, c'est le succès garanti ^^) avec des photos pour le moins très jolies, et une petite anecdote sur le monde impitoyable de la musique contemporaine (en Avignon, mais aussi ailleurs, je te rassure...)
Ces prochains temps, je serais peut-être absent, et je te supplie de m'en excuser.
Enregistrer un commentaire