commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, janvier 21, 2008

Pousser les planches, lever haut le pied, se courber parce que pour une fois je suis trop grande, entrer, en se disant : non je ne sui pas attirée par un retour dans l’idée d’un ventre mais je sais, je veux une solitude austère à l’écart et au centre de ce monde, pauvre ermitage citadin.
Je me redresse, et les mains sur les reins je regarde. Et c’est beau - les petites fenêtres en face de moi et les grands candélabres dans les angles font jouer l’ombre et des clartés sur des splendeurs que, malgré la sagesse que je veux avoir, j’ai dû rêver.
Et sur les pierres des murs deux grands miroirs, un peu piqués, assemblages de panneaux de verre dans des cadres régence à l’opulence souple et grasse, maintenue dans la limite qu’autorise le souvenir du classicisme et l’affirmation de leur rôle, et puis, je crois, sur le coté une grande verdure d’Aubusson, un peu usée, discrète. Discrète pour ne pas rivaliser avec les quelques tapis : un Hereke or pâle, ce qui semble être un Ghoum avec ses carrés colorés et la fausse naïveté de ses dessins, et puis d’autres un peu plus loin, dans cette très grande salle, des vases débordant de fleurs d’Isfahan, des tapis de prière me semble-t-il, et glissant sous eux un carrelage vernissé ancien, de petits carreaux rouges sombres, ocres ou vert dessinant un labyrinthe gracieusement simple.
Quelques grands fauteuils canés à la raideur adoucie, les grasses nervures des accoudoirs et l’ample courbe du haut du dossier. Et mon œil y pose la mollesse fatiguée de coussins de velours éraflé. Une longue banquette étroite – et de grandes consoles de noyer aux sculptures souples, avec, sur leurs marbres foncés, de petits bronzes archaïques ou renaissance et des coupes en céladon.
Un bureau marqueté et une table de jeu aux fines jambes bellement galbées devant la cour, et contre le mur le plus éloigné, là où l’ombre est presque tactile, les reflets de grands plats d’argent sur un vaisselier.
C’est même pas vrai ! bien sur - j’ai simplement fait mon argenterie et, en frottant, je rêvais – et, tiens, avant d’atterrir j’y ajoute une volière, dans une pièce voisine, et des orangers devant les fenêtres ouvertes.
Mon indigne amour du luxe.

17 commentaires:

Anonyme a dit…

et moi d'être ébahi par une telle énumération balzacienne...

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

oh, faire l'argenterie! depuis si longtemps... je n'y est pas touché

quel argenterie? je l'ai offert à ma fille pour m'en débarrasser avant mourir

mais je me souviens encore du temps

des fois, moi j'ai envie de me cacher comme dans la ventre de ma mère, pourtant, restant au lit, davantage que toi

Rosie a dit…

Ah! ma belle amie, je te lisais et je rêvassais à ce bel endroit, je me demandais où cela pouvait être? j'attendais de lire la fin du texte pour découvrir cet endroit et ah! ah!, madame rêve en faisant son argenterie.

Qu'importe tu m'as bien fait rêver et bravo pour l'argenterie, j'ai aussi une coutellerie en argenterie, c'est bien beau, mais la faire reluire, grrrr. je ne m'en sers qu'une fois l'an, alors, je ne la frotte qu'une fois l'an.

Bon lundi et bisous

marie.l a dit…

ah Brig je m'y croyais, toujours dans cette poche que décidément il va falloir prévoir ! euh non ! un caddie ferait mieux l'affaire hi hi, me tirer ou me pousser moins dur que de me porter (malgré les - 30 et des poussières ;)
Bon début de semaine à toi et à tes passants !

Anonyme a dit…

Je te lis avec intérêt,

je change de région la semaine prochaine,
et déjà sont en cartons, dans le garage de Ailleurs, les argenteries des parents de l'apoux, qui m ont plus encombrée que ravie ces années, depuis leurs décès....
Et en ce qui me concerne, elles resteronts en cartons, il les ouvrira ou pas...

Je m en vais vers ma simplicité qui me ressemble plus, et m apporte bien plus,
on ne choisit pas toujours les héritages,
c'est bon de s'en séparer, sans aucun regret...du temps passé.

micheline a dit…

là je suis bien entrée dans le jeu de la beauté même sans savoir vraiment où j'allais si habituée à ce que tu nous proposes que je ne peux toujours partager faute de clés pour ta culture ..

mon petit fond de culture littéraire.....?
ma curiosité scientifique.. ?qu'avons nous donc à partager ?
quand même une certaine philosophie de l'humain et des problèmes de société.. oui je crois

Anonyme a dit…

Je suis avec plaisir ma guide et ses goûts de "luxe"

Anonyme a dit…

Coucou :-) je viens prendre des nouvelles, j'aidu mal a rattraper mon retard sur la blogsphère !! merci pour ton joli commentaire, tu trouves toujorus les mots justes...
Je t'envoie un bisou

Muse a dit…

Je me suis demandée ans quel endroit tu nous emmenais cette fois ci, l'habitude de te voir sortir vers tant de belles choses. Bien piégée! Bonne journée Brig!

DUSZKA a dit…

Mon argenterie, je la regarde depuis une quinzaine de jours, d'un oeil torve, sans franchir le pas. Alors, tu penses, avec ce que tu viens de me donner comme mauvais conscence, non je plaisante ! ... je vais faire la mienne en rêvant, en voyageant, si j'en trouve le déclic ! Ta balade m'a fait du bien, comme toujours. Salut l'artiste, tu devrais écrire une pièce à tiroirs !
Bonne journée

OLIVIER a dit…

REMARQUABLE !
Merci chère Brig !
Bonne semaine !
Olivier

Anonyme a dit…

Vers la fin du texte, je me suis dit : elle n’aura pas le temps de nous dire de quel endroit il s’agit.

Et pourtant, nous ne sommes pas le premier avril!

Accent Grave

Alcib a dit…

J'aime aussi ce goût du luxe qui permet d'offrir aux lecteurs de ce blogue de si magnifiques guidées, que les lieux soient réel ou imaginaires.

Le vrai luxe, cependant, est dans la description précise et l'écriture si fine de ces textes.

Alcib a dit…

*« de si magnifiques visites guidées », bien entendu

Unknown a dit…

Bon, j'ai depuis récemment de l'argenterie. Je crois que je vais me mettre à la briquer dès ce soir, j'ai un besoin urgent de rêver.
Bonne soirée !

Anonyme a dit…

Voici une tâche qui conduit à pousser une porte, et delà, saisir en son reflet un coin de ciel où l'esprit vagabonde et s'envole.

Anonyme a dit…

Ben dis donc, il y a beaucoup de monde pour un lundi !

C'est vrai que c'était si réaliste qu'on y a cru... J'aime passionnément ton "indigne amour du luxe"...

(belle photo)