Alors des verticales en réserve
Les Augustins jaillissant du souvenir de bâtiments depuis longtemps défunts, tout dret, tout blanc, avec une belle peau légèrement mouvementée. Poteau hissant des fleurs incongrues et charmantes vers le sommet coloré du manège, et l’arbre rebondissant imperturbablement, avec l’idée toute proche et hors champ, de l’élan des tours.
Fausse prière de branches, qui sentent en elles la sève se réveiller et le feuillage s’imaginer.
Assaut désordonné d’un squelette, évidence des cyprès et surlignement de l’ombre se hissant pour soutenir l’élan du clocher.
En fait lundi notre ciel était gris morne, et ma carcasse douloureuse – le repassage est resté velléité et je me suis évadée dans le sommeil - émergée en fin d’après midi pour cirer le masque fissuré, saluer la primevère qui a décidé de passer outre à son statut de plante défunte et au calendrier et réaliser, furieuse contre moi, qu’un concert de musique contemporaine au Petit Palais, longtemps désiré et attendu avait eu lieu, totalement oublié de moi, dimanche après-midi. Je ne mérite pas la ville.
Dans le crépuscule, suis partie vers la permanence nettement trop petite pour contenir ceux qui voulaient assister à notre réunion. Vivant - des échanges - des interrogations - pas trop de verbosité dans les questions et les réponses. Nous avons affaire à deux listes programmées pour s’affronter mais notre chemin est tonique.
En arrivant j’avais croisé un ami et n’avais pas entendu ce qu’il disait. Je l’ai compris en arrivant devant la mairie sur le chemin du retour, en découvrant une frise de petits papiers, traces du désarroi des gens de culture et des intermittents. Essayé un presque gros plan, leur fragilité dans la nuit ressortant assez mal.
Et puis, sans rapport direct :
« Ne pas unifier, ne pas fermer, ne pas enfermer, ne pas mouler, ne pas revenir au même, ne pas faire taire, ne pas S'interdire, ne pas se réduire, ne pas s'encager, ne pas s'y croire, ne pas s'endormir, ne pas lisser, ne pas se hausser du col, ne pas plier, ne pas rêver, ne pas craindre, ne pas cesser d'avancer, ne pas crier, ne pas geindre, ne pas s'affoler, ne pas ne pas voir, ne pas faire comme si encore que, ne pas oublier, ne pas fumer autant ne pas boire pendant un certain temps encore que, ne pas être séduit, ne pas refuser, ne pas seulement comprendre, ne pas s'apitoyer sur soi, ne pas s'enterrer, ne pas traîner, ne pas finir, ne pas séparer, ne pas iodler, ne pas isoler un livre, ne pas tricher, ne pas surplomber ni souplomber ni plomber tout court, ne pas faire en sorte, ne pas être sûr.
Et puis, sans rapport direct :
« Ne pas unifier, ne pas fermer, ne pas enfermer, ne pas mouler, ne pas revenir au même, ne pas faire taire, ne pas S'interdire, ne pas se réduire, ne pas s'encager, ne pas s'y croire, ne pas s'endormir, ne pas lisser, ne pas se hausser du col, ne pas plier, ne pas rêver, ne pas craindre, ne pas cesser d'avancer, ne pas crier, ne pas geindre, ne pas s'affoler, ne pas ne pas voir, ne pas faire comme si encore que, ne pas oublier, ne pas fumer autant ne pas boire pendant un certain temps encore que, ne pas être séduit, ne pas refuser, ne pas seulement comprendre, ne pas s'apitoyer sur soi, ne pas s'enterrer, ne pas traîner, ne pas finir, ne pas séparer, ne pas iodler, ne pas isoler un livre, ne pas tricher, ne pas surplomber ni souplomber ni plomber tout court, ne pas faire en sorte, ne pas être sûr.
À peu près ça. »
Antoine Emaz – trouvé dans la nuit sur http://remue.net/cont/emaz.html et une envie, là tout de suite, irréaliste, d’en lire plus.
Notes au fil de la journée – pas le courage d’élaguer.
Antoine Emaz – trouvé dans la nuit sur http://remue.net/cont/emaz.html et une envie, là tout de suite, irréaliste, d’en lire plus.
Notes au fil de la journée – pas le courage d’élaguer.
12 commentaires:
Cela ne va pas fort, essaie de reposer un peu plus, ma belle.
Tes photos sont magnifiques et nous donnent un avant-goût du printemps.
Au diable le repassage et les corvées ménagères, tu as plus besoin de repos et de te ressourcer.
Dis donc dans le texte ce n'est que des "ne pas", il faudrait en écrire un avec des "il faut".
Bon mardi et bisous xxxx
La beauté des photos tranchent avec la tristesse du paysage ce matin...
Bon courage. Les élections approchant (ou peut etre est ce sans rapport), et j'ai l'impression que les morals sont sinusoidaux... Bizarre comme impression, mais logique, peut être.
Bon courage. L'hiver est bientot fini
Mon Amie, prends bien soin de toi !
J'aime cette note, simplement belle, tes photos, tes mots et ce texte.
Bonne journée !
OLIVIER
Eh... bien active quand même !
Très beau texte ! J'aime beaucoup "Fausse prière de branches, qui sentent en elles la sève se réveiller et le feuillage s’imaginer." !
Et puis, cette façon de nous faire sentir la lourdeur des choses fait qu'on a moins de mal à les porter...peut-être...
Kiki
Le corps et l'esprit parcourus d'audaces réfrénées. Une poussée de sève(s), un appel de la lumière et une primevère oubliée qui se rappelle au monde.
Le printemps serait-il un tel désordre naturel pour que l'on songe à élaguer?
Tu tremblotes pendant le ménage, alors ménage toi, pour vaincre la fatigue ne jamais travailler le lendemain d'un jour de repos !
Surtout pas d'élagage, merci !
le repassage se prête remarquablement aux velléités.
"ne pas s'interdire"
ne pas s'auto censurer, oser!
Je ne sais plus quoi dire, Brigetoun. Tous les jours, je pense la même chose en te lisant : photos magnifiques et texte délicieux. Toujours. Cela finirait par devenir lassant, non ?
Les "petits papiers" des intermittents sont très évocateurs, très intelligents. Ils se battent pour nous...
Un petit tour par chez toi, toujours un plaisir, parfois de l'inquiétude. Ménage ta santé même en campagne.
Je viens de fermer une page de ma vie militante, de ma vie tout court. J'ai refusé d'être sur la liste de notre maire sortant : ma santé.Je ne saurais m'engager pour faire faux bond trop souvent. Cela fait tout drôle, c'est un peu triste. C'est la première fois que ça m'arrive, après toute une vie militante et active, de mettre en clair le mot fin sur un bout de ma vie. Me voilà tournant autour de mon joli hameau, sur internet, et, heureusement, en plein travail d'écriture pour mon charmant éditeur. A Avignon, j'imagine que la campagne est tout autre que celle qui se déroule ici, paisible, dans le village.
Bonne nuit et prends bien soin de toi.
Belles verticales !
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