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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, mars 06, 2008

Le vent annoncé est venu, familier bien sur, mais doué ce mercredi matin d’une force et d’une malignité assez extraordinaire.
M’en suis allée tout de même, avec ce qu’il me fallait de détermination pour résister aux rafales (on disait 120 kùm/heure, je les sentais plus fortes), rendre mes derniers tracts assez rigides et stables pour pénétrer dans des boites, ignorer le flou qui s’installait dans mes jambes, refuser de reculer en me raidissant, croire après le teinturier que je pouvais tenter de continuer, arriver flageolante et tête vide aux Halles, regarder les légumes danser devant moi et m’imaginer qu’ils m’entraînaient dans on ne sait quelle chute, passer chez la poissonnière que je dédaigne d’habitude parce qu’il n’y avait pas de queue, et cœur mou, jambes glacées, renoncer, tous les autres achats me semblant brusquement futiles.
J’ai eu la chance de trouver un taxi devant le siège de leur compagnie, et trop floue pour même me mépriser, l’ai pris pour me rapatrier.
Après midi entre sommeillons et récolte, toujours recommencée, des feuilles et chatons qui voulaient boucher l’évacuation et pénétrer dans mon antre.

Zombie j’étais. A plat ventre, tempes battantes repris Herman Hesse pour admirer cette précision dans la description où il cherche et trouve la poésie, cette minutie qui recrée :
(Journal 1900) « La blancheur du nuage n’avait pas changé et offrait seulement du côté de la rive un contour mieux dessiné. Tandis que je suivais du regard ces lignes admirables, je vis passer un vapeur dans le sillage duquel étincela soudain la lueur argentée d’un fugitif rayon de soleil. Pendant quelques secondes, le ruban argenté et uni conserva le même ton ; les vagues soulevées au-delà du bateau brillèrent d’un éclat d’or brun assourdi et celles qui apparaissaient en deçà demeurèrent d’un vert clair avec des touches blanches et lumineuses. Ce fut l’espace de quelques secondes – et pendant ces secondes je compris et goûtai d’un libre regard cette combinaison de couleurs aussi raffinée que soudaine qui faisait penser au sourire d’une déesse, aux vers flamboyants, rythmés et énergiquement expressif d’un poème."

Apprendre à voir et dire ainsi, mais, là, tout ce que je vois c’est l’exaspération avec laquelle j’ai bloqué, grâce à une chaise, la plante qui s’était renversée (j’ai pensé vomis) six fois, ses branches lianes s’accrochant à mes bras avec leurs embryons d’épines, et se prenant dans mes cheveux chaque fois que je la redressais. En fin d’après-midi le vent avait nettement faibli, mais mes orbites tiraient et mes jambes manquaient d’enthousiasme – renoncé à la Rocade.
Besoin de forces pour les jours à venir. Comme ce mur envoyé l’autre jour par le Faucon.

12 commentaires:

Rosie a dit…

Fiou! méchant ce grand vent, ici, de tout aujourd'hui, grand vent à écorner les boeufs, verglas, neige, pluie, tout, tout, je te dis, je souffre d'une écoeurantite aigüe.

Tu es courageuse d'avoir été passé tes tracts quand même, moi, personne ne m'aurait forcé à mettre le nez dehors.

Bien belles tes plantes, dommage ce grand vent qui les renverse.

Bon jeudi et bisous, ma belle

FalconHill a dit…

Bon courage Birge. Le vent me fatigue, autant que l'ambiance générale, vivement dimanche soir que l'on sache si oui ou non.

J'avais pris ce mur en pensant un peu à tes photos de murs Avignonais, content de voir que j'ai photographié juste.

Bonne journée

Anonyme a dit…

Rien, semble t-il ne lui résiste, et il ne laisse personne indifférent, et pourtant il conviendrait de ne pas oublier que " Paris, la Provence, Florence, Jérusalem, Athènes, ces noms-là, prouvent une chose : c'est que le génie ne saurait vivre sans un air sec et un ciel pur, c'est-à-dire sans échanges rapides, sans la possibilité de se ravitailler continuellement en énergie par énormes quantités " (F. Nietzsche - Ecce Homo - trad. A. Vialatte) et laisser ce ciel éclairer notre peau.

Anonyme a dit…

Quand le mistral souffle, on dirait chez moi, un vent à décorner les boeufs. Alors qu'est-ce que ça doit donner lorsqu'il arrive en Camargue!
Pour les vieilles pierres, Avignon ne doit pas en manquer: beaucoup à lire sur ces façades, fortunes et infortunes mêlées.

Anonyme a dit…

Ces pollens de platane, nombreux et rassemblés par les rafales de vent, font dans les rues des tapis aux formes imprécises, à l'aspect si doux, épais mais pourtant fragiles...

Brigetoun a dit…

mais j'ai toujours peur qu'ils bouchent l'évacuation de ma terrasse et je pense aux tapis qui sont en dessous, alors je cure avec mes doigts la petite rigole qui entoure la canalisation et comme ça manque de charme j'essaie de l'éviter.
Là je persuade mes jambes qu'elles sont en bon état pour les emmener rouspéter pour les retraites. Mais nous n'avons plus qu'un ventelet joli

OLIVIER a dit…

Ton mistral souffle, ma tramontane glace !!!
Quel courage tu as de sortir ! je sors moi aussi mais pas pour promener, pour un scanner... Ca ne m'enchante guère... Rien de grave !
Tes photos toujours belles comme celle de Faucon.
J'ai lu quelques articles de son blog très politique. Pour Frêche c'est un sale bonhomme ! sais tu que Bourquin fut son bras droit de nombreuses années ? Ne parlons pas politique...
Bonne journée !
OLIVIER

Anonyme a dit…

Arrête de ramasser les chatons à la pelle et garde des forces vives pour l'appel des bulletins !

Anonyme a dit…

Pas mal tes mots que tu sèmes avec un truc de rencontre...sourire

Anonyme a dit…

Merci pour votre message, ce sera dur, suis entre deux... ai habité quinze ans du coté du "Pont des deux eaux" chez vous... Force à vous !

Anonyme a dit…

La bise venue et repartie. Envoie-moi de ton vent, brige, que les boues argileuses ici chez moi se déssèchent !

Anonyme a dit…

Toujours de très belles photos, et des textes sublimes, les tiens, bien entendu, si expressifs, si justes, et ce si beau passage du journal d'Herman Hesse, bien entendu.