J’ai regardé son échine avec un léger doute, mais elle était lisse - c’était décidément, je l’ai cru, un dragon de fort bonne compagnie - alors j’ai fait signe que j’applaudissais
- oh oui !merci ! Voler avec vous dans le soleil, quelle merveille ! Je me demande ce qui me vaudrait cette gloire, mais j’en serais éblouie ! Et nous nous enfoncerions dans la lumière….
- mais non ! Je ne vole que de nuit. Au moins dans ces contrées..
J’étais déçue, mais je ne voulais pas le vexer, alors j’ai accepté et nous avons pris rendez-vous.
Et quand, dans la nuit, tout de même assez lumineuse, de la place, pétrie du souvenir des éclairages qui venaient, et j’en avais été surprise et fugitivement apeurée, de s’éteindre, je l’ai retrouvé qui m’attendait, sur les pavés auprès de son mur, il a écrasé son gros ventre mou sur le sol pour que je puisse monter, et quand j’ai été installée sur le large plat entre les deux grandes ailes épineuses, il m’a demandé où je voulais aller.
Je me sentais assez inconfortable, et puis voler dans la nuit entre ces deux grandes choses vaguement membraneuses et agressives, cela ne me tentait guère. J’ai cherché un but, proche, le plus proche possible, qui pourrait me tenter et je lui ai proposé, un peu timidement :
- il y a, en allant vers la courbe du fleuve, un mur trop haut pour moi, surmonté d’une belle balustrade qui doit border une promenade, et pourtant on voit dépasser le haut d’un arbre très ample, qui semble vieux et élancé. J’aimerais tant voir ce jardin, mais la porte est épaisse et fermée et, sous la balustrade, il y a un grand feston bien épais, bien aigu, de tessons. Si vous étiez très bon, vous me déposeriez derrière ce mur.
Il a soufflé avec colère par ses naseaux et il s’est arraché du sol en lançant à son compagnon, resté sagement figé dans la pierre « cette stupide créature me prend pour un cab, ou un taxi ! »
Et nous nous sommes envolés, très vite, laissant derrière nous la ville. J’étais pétrifiée, puis résignée, puis ennuyée, alors, comme je m’habituais à ce large dos, je me suis endormie.
La fraîcheur du matin m’a réveillée. Nous volions enfin dans une douce lumière, encadrés de deux très belles, très allongées créatures, l’une verte comme le jade, l’autre d’un beau rouge gorgé d’or. Elles agitaient des ailes sinueuses et leur mufle épaté souriait et j‘ai pensé que, même si elles ne ressemblaient guère à ma monture, que je maudissais maintenant, elles étaient sans doute des dragons.
Il a piqué vers une petite butte, entre un bois et un très joli lac, s’est secoué ; j’ai roulé dans l’herbe et je l‘ai vu s‘éloigner tout gris et raide, entre ces deux superbes serpents ailés.
Je me suis tâtée, j’avais l’air intacte, mais j’étais un peu étourdie et bien embêtée
J’ai entendu un petit rire et je me suis retournée vers le lac. Dans une barque, près de la rive, un vieux pêcheur hochait la tête :
- eh oui, nous ne voulons pas de vos dragons; ils sont trop cruels. Alors nos gardes le raccompagnent
- mais qu’est-ce que je vais faire moi ?
- je pourrais vous conduire à votre consul après le déjeuner
- mais… comment est-ce que je comprend votre langue ?
- j’ai été étudiant à Paris, il y a très longtemps. Nous nous sommes peut-être rencontrés.
Et nous avons échangé des souvenirs.
Et nous nous sommes envolés, très vite, laissant derrière nous la ville. J’étais pétrifiée, puis résignée, puis ennuyée, alors, comme je m’habituais à ce large dos, je me suis endormie.
La fraîcheur du matin m’a réveillée. Nous volions enfin dans une douce lumière, encadrés de deux très belles, très allongées créatures, l’une verte comme le jade, l’autre d’un beau rouge gorgé d’or. Elles agitaient des ailes sinueuses et leur mufle épaté souriait et j‘ai pensé que, même si elles ne ressemblaient guère à ma monture, que je maudissais maintenant, elles étaient sans doute des dragons.
Il a piqué vers une petite butte, entre un bois et un très joli lac, s’est secoué ; j’ai roulé dans l’herbe et je l‘ai vu s‘éloigner tout gris et raide, entre ces deux superbes serpents ailés.
Je me suis tâtée, j’avais l’air intacte, mais j’étais un peu étourdie et bien embêtée
J’ai entendu un petit rire et je me suis retournée vers le lac. Dans une barque, près de la rive, un vieux pêcheur hochait la tête :
- eh oui, nous ne voulons pas de vos dragons; ils sont trop cruels. Alors nos gardes le raccompagnent
- mais qu’est-ce que je vais faire moi ?
- je pourrais vous conduire à votre consul après le déjeuner
- mais… comment est-ce que je comprend votre langue ?
- j’ai été étudiant à Paris, il y a très longtemps. Nous nous sommes peut-être rencontrés.
Et nous avons échangé des souvenirs.
Et ici, j’ai envoyé cette histoire, dans une version bourrée de fautes (se relire Brigetoun !) aux impromptus littéraires http://impromptus.fr/dotclear, (le texte devait commencer par « la nuit où j’ai volé sur le dos du dragon ») alors que, comme mes ennuis ne semblent pas finis, j’ai la grossièreté de n’avoir lu que quelques autres
10 commentaires:
Chanceuse de voler sur le dos d'un dragon, dis donc Briget, tu en vis des aventures, et il a osé de traiter de stupide créature qui le prenait pour un cab ou un taxi, ah! ah! tu m'as bien fait rigoler.
Superbe ton texte, j'ai bien aimé.
Tu as des ennuis des ordis, programmation déficiente ou ordi trop âgé?
Bon jeudi, et bisous xxxx
Sympa cette bestiole et ce petit texte :)
Bonne journée (qu'il fait beau !)
Il y a sur le pont St-Bénezet un second escalier un peu plus loin que la chapelle, interdit au publics d'ailleurs et sans rambarde, dont l'accès est fermé par un portillon métallique dont le loquet est un dragon.
Tu es sûre qu'il n'était pas chinois ton dragon? Il y en a un qui est allé enflammé l'Everest. Tu devaos faire partie de cette escouade.
Moi, j'aime et je t'ai écrit un mot chez les Impromptus !
Merci pour l'expression "le philosophe souriant", ça me touche et ça me plait !
Belle Journée !
OLIVIER
Tu a l'honnêteté de dire que c'était bourré de faute, c'est secondaire venant de toi et de ton esprit !
C'est une très belle aventure ! "Bourrée", ou pas, de fautes, peut importe, tu as respecté le contrat, et avec quel brio !
Je ne sais pas si j'aurai pu m'endormir sur ton dragon, j'aurai été trop heureuse d'un tel voyage!
Yep, c'est le mur tel que je le voyais.
Moi, j'ai la grossiéreté de lire tout le monde et de commenter tout le monde et de souhaiter vivement qu'on fasse pareil pour moi, mais je sais que ce n'est pas réaliste. En fait, c'est tordu.
Toi, tu es beaucoup plus raisonnable !
:-)
Alors je cherche un dragon pour voler moi aussi !
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