commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juin 22, 2008

Forte de fumigations dont je me persuade qu’elles m’améliorent, et surtout pour fuir les basses qui sont tout ce qui me parvient d’un podium où l’on joue semble-t-il de la variété rockisée sur les allées de l’Oulle, en chocs entrant par ma cour et tambourinant mon crane piteux, m’en suis allée dans la ville, pas très loin - ramené des photos qui sont ce qu’elles sont mais je faisais, avec le sourire , la guerre aux flashs pendant les concerts (et j’ai eu le malheur d’utiliser une correction automatique ensuite) - du sympathique, du bon, de l’énervement comme avec un groupe à l’oratoire, dirigé par un abbé qui est arrivé avec une petite heure de retard, beaucoup de suffisance, et une ignorance totale du fait qu’un mot pour demander qu’on l’excuse était envisageable (désolée de ne savoir ce que jouait les charmants jeunes gens, mais suis partie excédée, et dubitative quant à la qualité de l’éducation délivrée par le cher homme) - du franchement bon pour moi par l ‘orchestre de chambre d’Avignon, avec un réel plaisir de jouer, et un public joliment attentif……
Sans rapport avec aucune des musiques entendues, la musique retrouvée à l’heure du déjeuner dans les « Géorgiques » de Claude Simon, encore à portée de main.
(l’opéra où le petit garçon va avec sa grand-mère, les vieilles dames et les jeunes filles qui, comme lui, font leur éducation) »… les graciles et minces bras nus, les joues délicatement rosies par une fièvre, une excitation elle aussi bienséante, se propageant de proche en proche, le discret bourdonnement des voix mêlé aux timides essais des instruments de l’orchestre en train de s’accorder, à l’anarchique désordre de cordes pincées, de soupirs, de brefs arpèges, annonçant (ou faisant partie d’) un cérémonial…. et qui, confusément , lui parut relever d’une clandestinité d’autant mieux protégée qu’il n’y avait là en apparence rien de défendu, de caché, qu’il se trouvait là non par fraude ou par ruse…. mais qu’il avait cependant l’impression de voir pour la première fois, métamorphosés, les jeunes femmes ou les jeunes filles en partie dénudées, parées, les membres de l’assistance unis, comme les associés d’une société secrète, par une sorte de complicité que trahissaient leurs chuchotements, leur maintien compassé, sévère, assemblés là pour participer à un de ces rituels à la fois sacrés et barbares dont, lorsque après l’exécution de l'ouverture le solennel rideau se fut levé…. »
Et comme les chanteurs lui évoquent la barbarie sacrée des dames qu’il découvre (la vue et le quartier) avec ses amis, glissant de là au sacré cérémoniel et doré de l’église
»lorsque l’entêtante odeur d’encens, les clignotements des cierges, la profusion de lumières, de chasubles et de surplis brodés, les choeurs des voix cristallines, le tonnerre des orgues s’interrompaient soudain et que, étirant le cou, et prêtant l’oreille, il parvenait à distinguer sur la gauche de l’autel, le vieil évêque couvert d’or….. en même temps qu’on entendait, à peine perceptible, la voix chevrotante, cassée, si faible, si ténue dans le monumental silence… parvenant pour ainsi dire en trébuchant au bout de la courte phrase modulée plutôt que chantée… » et je me sens coupable de couper, hacher ainsi la phrase de Claude Simon, mais je ne peux recopier tout le livre, et suis fatiguée - je sais; lisant en copiant, la perte qu'entraîne ces raccourcis à travers les développements ondoyants, rebondissants.
Revenant aux personnages de l’opéra : « …. les héros et les vierges passant d’une attitude à l’autre, s’appelant, s’éloignant, s’affrontant, mêlant leurs voix flexibles, modulées, comme des cris d’oiseaux blessés, des rugissements de bêtes; tour à tour violents, plaintifs, gémissants, tendres, comme si devant l’assistance suspendant sa respiration… s’étalait, se déchaînait sans retenue entre des rochers de carton et des arbres de toile peinte quelque chose d’à la fois impudique et terrible… »
Et plus tard dans la grande maison maintenant presque totalement vide, s’asseoir discrètement dans le salon où son oncle joue du piano … »la tête couronnée de l’épaisse chevelure grise, soyeuse, légèrement renversée en arrière, le buste se penchant parfois, se relevant, les longs doigts fins courant comme d’eux-mêmes sur les touches d’ivoire, jouant de mémoire, sans partition sur le pupitre, ou improvisant, soutenant d’accords plaqués de la main gauche une lente mélodie dont l’autre détachait les notes… »
Et je vois que cette pauvre chose est le 1000ème billet (de très très brefs consistant en une petite photo ou trois lignes, dans les premiers temps).

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo pour le millème billet!
Quelle nuit de la musique et en si bonne compagnie, rien moins que Claude Simon. Aux quatre coins de la ville, l'oreille aux aguets.
Fumigations dis-tu? Une bonne tisane au thym ne serait-elle pas mieux?

Anonyme a dit…

ah oui, félicitations pour le millième !

Bref ou plus long, on retrouve toute ta richesse intérieure, ce goût des belles choses, ce caractère droit et ouvert, ce ressenti profond de la vie.

A Bordeaux, la fête de la musique a été une grande liesse populaire, un peu alcoolique, brassée de tous les styles, de toutes les couleurs. Je sors de mon sommeil avant de rédiger un billet.

Oliv'

joye a dit…

C'est dimanche, je viens offrir une prière à la déesse d'Avignon.

Joyeux 100e billet, merci pour toute la classe et le classieux ici.

Muse a dit…

Alors je lève mon verre à ce 1000ème billet qui comme les autres nous enrichit à chaque fois un peu plus.

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

félicitation pour le 100e billet! et non, ce n'est pas pauvre, intéressant au contraire,

dommage que les photos sont trop petites, elles sont très réussis aussi