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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, juin 18, 2008

« Je n’ai pas la chance d’avoir des convives ces jours-ci et je dois me limiter - n’oublie pas que tu dois les manger avant qu’ils ne se dénaturent à l’excès », je me sermonne en approchant l’étal, et me sens vertueuse.
Je le prends par le coté droit, avant de contourner les clients pour prendre ma place, et devant moi, avec les faisselles et les tomes de chèvre frais, il y a les bleus - et il est absolument évident qu’il m’en faut un - stilton, non, en rêver à cause de la déception navrée quand je m’y risque, au moins ici -gorgonzola bien gras, un peu jaune, je sens sa délicatesse sur ma langue, trop cher - roquefort pour mémoire, - restent deux bleus d’Auvergne ou des Causses et ma chère fourme d’Ambert, l’un des bleus est bien dense mais la fourme exhibe son onctuosité, ses légers cratères, se pare de séduction. Une tranche ?
Je continue et dans le fouillis je repère ceux qui sont présentés en quart : pas de Coulommiers - un moment de nostalgie pour le fromager en bas de la rue de la Roquette et la diversité des Coulommiers fermiers qu’il proposait - pas de Saint Nectaire - regain de nostalgie puisqu’il en avait un qui égalait les meilleurs trouvés sur place - mais une belle petite tome lozérienne anonyme, d’un beige un peu bleuté qui me suggère un goût délicat, presque imperceptible, et qui s’épanouit, perdure - et puis, mais ce n’est pas l’époque, un demi gaperon, souple, un peu, à peine, luisant, et la fourme s’éloigne devant l’attente de cette onctuosité légère, du petit parfum d’herbe, des sensations inimitables.
Des pâtes molles que mes yeux survolent et puis, pas très loin l’un de l’autre, parents mais différents, leurs rousseurs s’accordant, un morceau de Langres et un quart d’Espoisses, quel est celui qui est un peu alcoolisé je ne sais jamais, ils sont tous les deux parfaits, un peu creusés.
Enfin c’est mon tour, et j’ai la chance de tomber sur mon ami le patron. Je le préviens tout de suite que je suis une petite cliente aujourd’hui - il sourit, bonhomme.
Vite la tome de Lozère, un demi gaperon, le quart de Langres puisque l’Espoisses est parti avec le bonhomme qui me devançait, et puis une tome de brebis corse qui a l’air neutre, durable, honnête.
Nous attaquons les chèvres avec hésitation, puisque je dois me limiter, mais dans les banons il m’en trouve un qu’il affirme très frais, encore humide sous sa feuille, et pour l’accompagner par notre région ce petit carré de la Drome dont j’oublie toujours le nom, très blanc, plié dans deux feuilles croisées retenues par une pique, parce que le dernier est resté incomparable à tous les stades de sa maturité - et on y ajoute un petit crottin parfumé au vin blanc, un pélardon qui commence à se parer de moisissures et un petit picodon ardéchois bien sec.
Je me souviens soudain que je dois me limiter et je renonce à ce petit chèvre frais couvert de baies et aux Brebilles
Le patron sourit, plaisante encore un peu en préparant ma note. Est-ce que j’aime le fromage ?
Pour les impromptus littéraires http://impromptus.fr/dotclear il s’agissait de citer au moins quatre fromages. Il aurait fallu raconter une histoire, y mettre de l’esprit, ou à défaut de la modération, mais sur un sujet pareil je me fais animale, et un tantinet excessive, pour en arriver à de très fines lamelles, d’infimes bouchées, savourées à loisir, toute mobilisée par la ou les saveurs., et le résultat là est platissime (un comble !) même avec de toutes petites corrections. Pourrait peut être faire un tract réclame.
Partie, en faisant le pari qu’il ne pleuvrait pas, acheter des places pour les neuf spectacles non ouverts à la location samedi, et ils sont déjà complets (comités d’entreprises ? Voyagistes ?) - je voulais tenter ma chance au cloître Saint Louis mais, après le teinturier, la petite pluie fine et tenace qui imbibait peu à peu mon tailleur de lin m’a renvoyée dans mes foyers, pas sure qu’un trajet et une attente dans un tissu froid et collant soit un excellent remède pour le petit point de pleurésie dont je me suis persuadée qu’il est venu s’installer chez moi.
J’aimerais que le soleil revienne pour le festival,que le sort qui s’est abattu sur mon pc, me supprimant les vidéos, me faisant circuler à l’allure d’un escargot malade, ne fonctionnant plus que comme le bout d’un orteil meurtri, malgré deux restaurations, s’améliore.
M’en vais à l’opéra voir Norma sous ciel qui semble sécher.
Une coproduction des Chorégies d’Orange et de l’opéra de Marseille, avec notre orchestre, nos chœurs augmentés de l’opéra de Tours et notre corps de ballet, ce qui m’a valu le plaisir d’avoir son directeur (sympathique) squattant un siège devant moi.
Et l’ébauche de danse, petit jeu des jeunes gaulois et gauloises avec des bouquets de gui,en ouverture, ne manquait pas de charme. Un joli décor avec des gradins pour animer un peu les déplacements (direction d’acteurs d’une discrétion extrême) et de gigantesques crayons en guise de pieux.
Toujours un peu de mal à entrer dans cette musique, et le coté guilleret de l’ouverture avait éveillé en moi une petite tendance à l’ironie qui me rendait sensible ce qu’elle a d’un peu auto parodique.
Mais un très joli ténor pour le rôle de Pollione, Jeong Won Lee, coréen, et, curieusement, sa tête ronde se mariait très bien à la cuirasse romaine et le rendait assez crédible. Une belle voix souple, sans trop d’aigus. Bien aimé
Une Norma au physique sévère ou se l’étant donné, Hasmik Papian, dont je trouvais la voix peut être un peu métallique, avec trop d’éclat, et puis à partir de la deuxième partie de « Casta Diva » elle s’est assouplie, joliment mélodieuse (je pense que cela venait de moi, j’ai continué à la goûter).
Mais celle que j’ai vraiment appréciée c’est Sophie Koch dans le rôle d’Adalgisa, voix chaude, souple, ronde.
Et j’ai commencé à aimer la musique avec son air, puis le duo affrontement avec Pollione. Plaisir qui est devenu début d’enthousiasme pour le second acte.
Seulement l’entracte était long, la brutalité du public pour se précipiter à l’air a réveillé, honte à moi, un petit fond de snobisme, et l’ennui a fait revenir mes vieilles douleurs. Alors, juste avant que cela reprenne, préférant rester sur une bonne impression, je suis rentrée.
Des courriers énervants. Sommeil

10 commentaires:

Rosie a dit…

Ah! ben, tu m'a bien eu là, je t'imaginais chez le fromager choisissant et reluquant tes fromages préférés, et je me disais, allez ma belle Bridget, j'espère que tu te feras plaisir en achetant tes choix,..... et après, tu pètes ma bulle en me disant que c'était le sujet des Impromptus, ah! ma coquinettte...

Fais attention, si tu fais un début de pleurésie, je n'aimerais pas savoir que tu es malade, couvre-toi bien.

Un concert qui t'a plu, super, une belle journée pour toi, malgré la pluie.

Et comment va ta terre cuite? elle avance ou si tu l'as délaissée, la pauvre.

Bon mercredi et bisous xxxxx

Rosie a dit…

rectification:

tu m'as bien eue, et non tu m'as bien eu

Brigetoun a dit…

je travaille la terre dehors alors avec ces pluies à répétition
Mai tu sais même sèches trop tôt, celle ci comme l'allongée, je les aime bien, sans plus,je les laque et je les garde.De toute façon je ne suis pas douée pour les trucs bien finis

Muse a dit…

Mon plateau de fromage tout droit descendu de Marvejols n'en contient que trois:un cantal doux comme on n'en trouve que là-bas, une tomme "le Lozère" et un petit bleu les deux derniers venant de la Haute Truyère.

Je ne sais pas si je pourrais quitter un opéra en cours; il me semble qu'être trop prise par le sujet m'empêcherait de quitter mon siège.

Anonyme a dit…

De bien jolis plateaux. Tu nous fait envie. Dommage que tu quittes l'un à moitié servi.

Brigetoun a dit…

ben à vrai dire je m'appliquais un peu à aimer
des rêves de Haedel, Mozart,Dalla Picola ou Evsoz
vitamines, bonbons au miel, m'en vais voir banquier (trois mois que celui de Paris traine pour m'envoyer mon argent, en se tapant des frais lors de chacune de ses mauvaises opérations - à fuire HSBC) fromager et poissonnier
tête comme une coucourde, mais le pc a l'air de s'amadouer

Anonyme a dit…

Belles illustrations du texte impromptus, merci encore !!!

Anonyme a dit…

je te conseille un jour si cela n'est déjà fait de gouter un Sainte-Maure AOC pur chèvre arrosé d'un Chinon rouge vieilles vignes, à 30 kms de chez toutes ces bonnes choses.

micheline a dit…

non non ne me dit pas que c'était pour un impromptu! cette orgie de fromages à vous faire suinter la salive hors des lèvres, en complète complicité avec cette esthète gourmande que j'ai cru véritablement en train d'édifier une oeuvre d'art pour la postérité .
pendant que je lui parlais divinité abstraite..
et que je retrouvai frissonnante dans son tailleur de lin avant qu'elle ne tire le rideau sur de secrètes jouissances

Anonyme a dit…

les fromaaaaages français...ils me manquent