Deux ou trois gouttes paresseuses, qui s’arrêtent à l’heure dite et l’on décapuchonne les micros et autres pendant que Georges Banu (plus vu depuis que j’ai cessé d’être assidue aux spectacles de l’Odéon, Bobigny et autres, et j’ai un coup de vieux en le voyant, mais l’intelligence aimable est là) entouré de Dominique Raymond et Evelyne Istria, et, en ailes, de François Regnault et Eloi Recoing, s’installent pour évoquer Vittez en traducteur (textes, et mise en scène).
Et les deux actrices donnent magiquement la scène de la rencontre entre Electre et Chrisothémis (Istria/Electre toute en force contenue) et le ciel était par moment percé de grandes plaques bleues, avant que des masses grises se referment, mais les cigales imperturbablement se déchaînaient.
J’abrège - le poème de Ritsos, les échanges, l’interprétation comme un chant, un oratorio, par Dominique Raymond de la pièce dans la Mouette et ce style que moquent les spectateurs sur scène, tout était bon, et j’aurais aimé retenir les mots.
Je reprends le petit texte de Benjamin Verdonck :
c’est un spectacle sans paroles / mon père et moi, nous sommes debout en scène / mon ami le musicien est assis sur le côté / il y a beaucoup de bricolages qui bougent avec des ficelles / nous ne parlons pas / il n’y a pas d’histoire non plus / c’est joli à regarder »
Les objets sont de récupération, les jeux de poulies et de fils d’une précision extrême, le père et le fils sont minces grands, beaux, avec de grands nez et une gaucherie merveilleuse (fausse mais on y croit) - il y a des bateaux en carton qui avancent - des bruits juste un peu étranges ou beaux - pour communiquer avec un cheval en peluche, il prend la même position - tout est transformé un peu par le regard ou le contact - il se crée un monde et tremble toujours un peu devant les choses (et je pensais avoir trouvé un jeune frère, juste un peu trop beau et doué pour que ce soit probable) - le père est impassible, attentif, protecteur, objet manipulé suivant les moments, toujours complice. On est bien.
Suis repartie un peu avant dix heures pour aller voir, à coté, une troupe taïwanaise le Riverbed Theatre au Fubambule.
Le ciel, par le trou de la porte de l’Oulle était superbe, grande écharpe bleu gris sur bleu sombre profond, et la batterie de mon appareil morte.Le programme dit :« sa nouvelle création Riz flambé, c’est une poème des peintures et de danse,un lent univers de rêve et un voyage dans le subconscient ».A vrai dire certains détails étaient visiblement chargés de significations qui me sont restés totalement opaques. Avec des moyens modestes, des lumières, de doux gestes enchaînés, une musique un peu trop planante mais discrète, des chansons, des dessins en vidéo, des masques, une extrême lenteur, ils obtiennent une certaine beauté. Peut être un rien esthétisant, ou est-ce moi ?
En sortant à onze heures toutes les tables de la place Crillon étaient occupées et au coin de la rue du Limas une batterie, une contrebasse et un saxo donnaient des standards; et c’était tout bon.
4 commentaires:
Tu choisis le spectacle à la nourriture...pour toi pas de souci tu te nourris de spectacle !
Le vent en poupe, partie pour ta moisson du jour. Il y avait du tangage dans les rues d'Avignon, hier!
Tout parapluie ouvert, bâches, voiles, filins, arrimages, sous la houle des mots, les vents de l'esprit.
le soleil revient -c'est promis,-
pour ton Avignon sans parapluie,
et le foisonnement des rencontres � faire chanter les mots qui nous d�fient
m'en vais demain pour un autre ciel..enfantin et d�poser les armes..l'espace de trois matins.
André Velter dernière émission ? La peau de chagrin de la poésie et de la littérature se rétrécit sur France Cul au profit des sciences humaines. Pas ma tasse de thé et perso ce n'est pas ce qui me permet de mieux réfléchir sur le monde dans lequel on vit. Triste.
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