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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juillet 21, 2008

pardon - pour moi, comme support de souvenirs.
Dimanche, un peu avant que je sorte, coup de tonnerre. Décidé de tenter le sort tout de même et de partir munie d’un parapluie pour Calvet.
Deux ou trois gouttes paresseuses, qui s’arrêtent à l’heure dite et l’on décapuchonne les micros et autres pendant que Georges Banu (plus vu depuis que j’ai cessé d’être assidue aux spectacles de l’Odéon, Bobigny et autres, et j’ai un coup de vieux en le voyant, mais l’intelligence aimable est là) entouré de Dominique Raymond et Evelyne Istria, et, en ailes, de François Regnault et Eloi Recoing, s’installent pour évoquer Vittez en traducteur (textes, et mise en scène).
Banu : la traduction lui (Vittez) était un plaisir, difficile, et une ascèse - garder du temps calme. La voix de Vittez parlant de la traduction. A propos de l’allemand, de la différence sémantique avec le français, l’impossibilité de traduire, et l’impossibilité de ne pas traduire pour transmettre. Regnault et Recoing lisent, en dialoguant des textes de lui. Le respect du rythme, de la densité quand il s’agit de Sophocle. Le problème non seulement technique mais lié à des valeurs historiques. Autre texte que cela que je retrouve, mais dont je m’en sers puisque ensuite nous avons eu une scène d’Electre, dont il parle : « Plus je m’attacherai à comprendre et à faire comprendre la perspective historique de l’auteur même (mais de l’intérieur et sans folklore), mieux je découvrirai au public les mécanismes sociaux dont la connaissance peut nous servir ».
Et les deux actrices donnent magiquement la scène de la rencontre entre Electre et Chrisothémis (Istria/Electre toute en force contenue) et le ciel était par moment percé de grandes plaques bleues, avant que des masses grises se referment, mais les cigales imperturbablement se déchaînaient.
Banu évoque l’équipe, l’entourage choisi par Vittez, où se retrouvaient roumains, grecs etc.… amoureux et au service du théâtre et du français et cette phrase : « quand j’entends vos accents, c’est comme si j’entendais ma langue parlée d’ailleurs ». Des lectures encore et, au moment où Evelyne Istria commence à dire un poème de Ritsos, le ciel se déchaîne, on bâche, on se réfugie dans les entrées de l’hôtel et de ses dépendances .
Un quart d’heure et l’on recapuchonne. Assise, transie d’humidité sans avoir froid, en entendant le bruit de la bâche que l’on roulait sur la table de mixage derrière moi, j’ai eu furtivement l’impression d’être sur un voilier.
J’abrège - le poème de Ritsos, les échanges, l’interprétation comme un chant, un oratorio, par Dominique Raymond de la pièce dans la Mouette et ce style que moquent les spectateurs sur scène, tout était bon, et j’aurais aimé retenir les mots.
Retour en hésitant entre spectacle et nourriture, choisi cette dernière.
Et puis trou jusqu’au départ en fin d’après-midi vers les Pénitents Blancs, à travers un peu trop de monde pour moi et en me cramponnant à mon parapluie roulé comme à un talisman.
En passant devant le Centre Européen de Poésie, les futurs slameurs voulaient m’enrôler mais me manquait le souffle, et des mots autres à ce moment que j’ai mal, j’ai mal, ce qui aurait été, même modulé, un peu court.
Et puis, derrière il y avait Wewillivestorm et Benjamin Verdonck avec son père, un musicien Thomas Desmet, une musique perlée et du bruitisme, des filins, un petit monde merveilleux où j’étais bien
Je reprends le petit texte de Benjamin Verdonck :
« en route / entre quelque part et ailleurs / il y a des ficelles et des trucs / le jour et la nuit et un bois obscur / la pluie et des animaux qui parlent / un navire un cheval blanc / et un être humain possède quatre choses / sans aucune utilité sur la terre ferme / un gouvernail / une ancre / des rames / et la peur de sombrer
c’est un spectacle sans paroles / mon père et moi, nous sommes debout en scène / mon ami le musicien est assis sur le côté / il y a beaucoup de bricolages qui bougent avec des ficelles / nous ne parlons pas / il n’y a pas d’histoire non plus / c’est joli à regarder »

Les objets sont de récupération, les jeux de poulies et de fils d’une précision extrême, le père et le fils sont minces grands, beaux, avec de grands nez et une gaucherie merveilleuse (fausse mais on y croit) - il y a des bateaux en carton qui avancent - des bruits juste un peu étranges ou beaux - pour communiquer avec un cheval en peluche, il prend la même position - tout est transformé un peu par le regard ou le contact - il se crée un monde et tremble toujours un peu devant les choses (et je pensais avoir trouvé un jeune frère, juste un peu trop beau et doué pour que ce soit probable) - le père est impassible, attentif, protecteur, objet manipulé suivant les moments, toujours complice. On est bien.
Mais j’étais trop flageolante et l’air trop humide en sortant pour que j’attende l’heure d’aller au Théâtre des Carmes et suis rentrée, dans des rues doucement animées
Suis repartie un peu avant dix heures pour aller voir, à coté, une troupe taïwanaise le Riverbed Theatre au Fubambule.
Le ciel, par le trou de la porte de l’Oulle était superbe, grande écharpe bleu gris sur bleu sombre profond, et la batterie de mon appareil morte.
Le programme dit :« sa nouvelle création Riz flambé, c’est une poème des peintures et de danse,un lent univers de rêve et un voyage dans le subconscient ».A vrai dire certains détails étaient visiblement chargés de significations qui me sont restés totalement opaques. Avec des moyens modestes, des lumières, de doux gestes enchaînés, une musique un peu trop planante mais discrète, des chansons, des dessins en vidéo, des masques, une extrême lenteur, ils obtiennent une certaine beauté. Peut être un rien esthétisant, ou est-ce moi ?
En sortant à onze heures toutes les tables de la place Crillon étaient occupées et au coin de la rue du Limas une batterie, une contrebasse et un saxo donnaient des standards; et c’était tout bon.
Mais, ensuite, en écoutant « poésie sur paroles » d’André Velter j’entends que c’est sa dernière émission, une marche de plus à descendre.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu choisis le spectacle à la nourriture...pour toi pas de souci tu te nourris de spectacle !

Anonyme a dit…

Le vent en poupe, partie pour ta moisson du jour. Il y avait du tangage dans les rues d'Avignon, hier!
Tout parapluie ouvert, bâches, voiles, filins, arrimages, sous la houle des mots, les vents de l'esprit.

micheline a dit…

le soleil revient -c'est promis,-
pour ton Avignon sans parapluie,
et le foisonnement des rencontres � faire chanter les mots qui nous d�fient
m'en vais demain pour un autre ciel..enfantin et d�poser les armes..l'espace de trois matins.

Anonyme a dit…

André Velter dernière émission ? La peau de chagrin de la poésie et de la littérature se rétrécit sur France Cul au profit des sciences humaines. Pas ma tasse de thé et perso ce n'est pas ce qui me permet de mieux réfléchir sur le monde dans lequel on vit. Triste.