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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 12, 2008

Fin de matinée vendredi, départ sous un ciel indécis, et dans une ébauche d’embouteillage, ou presque, vers le jardin de la vierge pour le programme A des « sujets à vif »
En attendant que les gradins se garnissent j'avais une petite nostalgie (qui ne s'appliquait que par analogie avec cette cour, lieu récent pour le festival et sans grand charme en elle-même, qui en prend justement un peu de ces petites formes brèves depuis deux ou trois ans) de l'époque où n'existaient pas ces estrades, où, au cloître des Carmes, ou aux Célestins, le spectacle se jouait sur un plancher en bois qui ne coupait pas les arcades et restait de plein pied avec les premiers rangs de spectateurs, où les décors, les panneaux recréant un lieu autrement que par l'action, étaient rares - vrai que cela exigeait que les entrées et sorties en tiennent compte, gênait les coproductions.
une première pièce sans titre de I-Fang Lin, danseuse taïwanaise, en collaboration avec Christian Rizzo. Aimé malgré quelques afféteries de présentation. Un tailleur de jeune citadine active, rigoureux, sur peau nue. Une danse contenue. Souvent au sol. Danse du visage, des mains, du corps, retenue, et bouffées brusques énergiques. Tension maîtrisée, esthétisme, technique, souplesse, géométrie, un zeste d'humour réservé, une extrême féminité.
Pour le spectacle suivant : « she’s mine » dansé par Maria Izquierdo Munoz, avec la collaboration artistique de Mark Tompkins et Frans Poelstra, on voile la vierge et répand un peu de grains pour une jolie poule rousse.
Pas entrée dedans. Un peu trop d’héritage mêlés d’Almodovar et de Copi (je sais, c’est très sommaire). Pourtant elle est assez belle sous les grimaces - de bons moments, une avalanche de poncifs. J’aimais bien aussi le calme du gars, avec sa barbe de trois jours de guérillero, qui fabriquait tranquillement une guitare dérisoire en carton. Bien senti la sympathie qui aurait du naître du rôle de looseuse dérisoire, mais pour moi ça n’a pas marché.
En sortant, vu qu’en face à la chapelle du Verbe incarné un spectacle allait commencer. Brusquement tentée. Je pensais qu‘il s’agissait de « Léon Gontran Damas a franchi la ligne »mais cela c’est à partir du 29 juillet et j’ai vu « projection privée » de Rémi Devos par le « Grace Art Théâtre » (Guadeloupe) - du pur théâtre de boulevard un couple elle et la télévision; lui et sa maîtresse (très en gros) mais très sympathique et bellement joué (superbe femme mure et ronde avec toute l’intelligence de ces femmes épatantes) - de jolies formules
Rentrée pour une cuisine et un déjeuner rapide, une ébauche de sieston et départ pour le théâtre et le second (et le meilleur largement à mes yeux) spectacle de Cassiers - « Atropa » de Tom Lanoye - prenant leur prétexte dans la guerre de Troie, un peu d’Eschyle, un peu d’Euripide, un peu de Bush.
Grande beauté plastique (Hélène de dos sur un échafaudage comme une statue de la Liberté plus fine et élégante - face à un grand œil mouvant comme la mer qui devient visage quand elle éloigne la caméra qu’elle darde sur sa face) - malgré le petit agacement de ces micros devant les visages, même discrets.
Une langue qui retrouve par moment, avec les femmes, un peu de la beauté des tragiques.
Pour d'enventuels passants : lire les critiques, pas trop le temps de disserter intelligemment si j'en étais capable.
Mais, pour moi, à chaud : outre la beauté formelle : la tragédie - quand il s’agissait d’assumer (sans pardon, sans que l'acceptation soit passive, sans justifications, avec la dignité qui est aux humains) le destin tel qu’il résulte des caprices des dieux - est du côté des femmes sur cette scène (dans la réalité plus discutable), avec une inflexion pour Iphigénie qui accepte de rentrer dans la logique de la guerre du bien contre le mal (Est-ce pour cela qu’elle porte une tunique courte qui convient mal à une vierge grecque ?)
En face - et la langue change - le drame bouffon dans lequel nous nous engluons, modernes, avec la psychologie, et son dévoiement, le bien, le mal, la responsabilité, les appartenances à ce qui nous est désigné comme étant notre civilisation.
Beauté intelligente aussi des brides musicales et du son de la hache rebondissant sur le sol pour symboliser la mort des femmes, qui peu à peu s’évadent de ce jeu.
Et à la fin Clytemnestre refuse d’y inclure Agamennon qui, par un discours digne de Bush ou notre imperator, ou beaucoup des décideurs ou faiseurs d’opinion, se servant des sentiments, en les tordant, dénaturant, usurpant, entend se justifier, entrer aussi au rang de victime, en étant tué par elle. Elle s’en va et le laisse.
Bon bien sur il a fallu se passer d’Egysthe et Oreste pour que la fable se termine.
Retour en galopant. Temps de faire cuire poisson pour minuit, d’essayer de me persuader que je suis en forme et je repars clopin clopant vers la cour du Lycée Saint Joseph, Sutra, Sidi Labi Cherkaoui et les moines du temple de Shaolin (je les ai croisés l’autre nuit en goguette aimable au coin de la Mirande) et le mélange danse kung-fu.
Puissance, et beauté de la gestuelle, magnifiée par la chorégraphie. Instrumentarium européen pour une musique assez douce (Szymon Brzoska) curieusement parfaitement en rapport.
Le jeu des grandes caisses qui servent d’appoint, de complément mobile des mouvements d’ensemble, de support à la danse, et les petites caisses que manie Sidi Labi Cherkaoui.
Géométrie dynamique, souvent violente, sur laquelle vient s’appuyer en léger décalage la douceur de sa danse, et brodant sur le tout le moinillon malicieux, appliqué ou perturbateur (les plateaux, cette année, tiennent du jardin d'enfants).
Variété, et un humour certain (et parmi les moines, mêlé aux autres, un grand diable avec un physique à laVan Gogh)
Retour sur des jambes qui beuglaient leur désaccord, et ces notes pendant que cuisent les patates. Fatiguée.

6 commentaires:

tanette a dit…

Fatiguée ? Je ne suis pas étonnée, ta journée est un vrai parcours du combattant...

Anonyme a dit…

On le serait à moins, fatigué!
Ce n'est plus un festival, c'est une kermesse!
Tu prends des vacances, après?

Anonyme a dit…

Le festival d'Avignon t'inspire.
Moi, je m'en détache plutôt.

Brigetoun a dit…

tu sais Paris c'était boulot (trop) et spectacles (plusieurs fois par semaine)
une des raisons de mon choix d'Avignon pour faire une cure annuelle si carcasse permet - me manque tout de même le théâtre des Champs Elysées, la Cité de la Musique et le Chatelet - là c'est un petit rappel de l'Odéon, Nanterre, Bogigny, Créteil, les Amandiers et le théâtre de la Bastille pour mes lieux familiers.
Mais je n'ai plus la résistance des jeunes festivaliers, si je reprends un peu de leur innoncence

Anonyme a dit…

Je viens de voir le papier du Monde sur tes Moines de Shaolin et leur spectacle "Sutra": Avignon est paraît-il "enthousiste"! Je crois que j'aurais aimé. Quelle chance d'être sur place que tu as!
A défaut de Kurt Mazur aux Champs, nous allons à Sceaux que nous allons suivre un peu...

Anonyme a dit…

Heureusement que Paris n'est pas à Avignon, tu dormirais quand ?