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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juillet 10, 2008

Tribu payé à la fatigue, joues de morue dessalées pour le soir et matinée de mercredi cotonneuse et cloîtrée. Sans vrai rapport, puisque je ne suis jamais silencieuse (voisins tolérants ou murs épais ?) :
« C’est une chose très étrange, monsieur Thomas, comme c’est possible pour un homme de rester silencieux autant de mois et puis soudainement de voir comme tout sort de lui d’un seul coup. Vous savez, parfois quand je descend dans la rue… ça n’arrive pas souvent, je l’avoue, mais une fois de temps en temps ça arrive… (rire gêné) Je regarde parfois les gens et j’ai l’envie irrépressible, oui l’envie la plus forte qui soit, de marcher vers eux, les attraper par le col de leur manteau et leur crier au visage toutes les choses qui…. bouillent à l’intérieur de moi » « le vieux juif » de Murray Schisgal, traduction Stéphane Valensi.
En fin d’après midi, me suis faite verticale et, pour me tester, suis allée à l’ancien conservatoire, prendre la bible du off, pour les spectacles que je ne verrai pas.
Rentrée en avançant, derrière la mairie, avec la tête de la parade qui semblait vouloir se diriger vers mon antre. Un peu inquiète à l’idée de son exiguïté pour accueillir tant de dignes gens, pas très assurée d’être capable d’aller voir « ORDET » en fin de journée. (un peu tétanique)
Me suis assise sagement devant le catalogue, feuilleté, lu des noms de spectacles et rêvé - m’en tenir là ? En me préparant, écouté la lecture à Calvet, par radio interposée, de Macbeth de Carmelo Bene, et souvenir prodigieux de l’avoir vu le jouer seul à l’Odéon il y a trop longtemps. - et puis brièvement, pendant que j’arrosais, sa voix, merveilleux moment.
Arrivée assez tôt pour conquérir une place au bout du premier rang et une longue attente que se garnisse la moitié des gradins réservée aux invités des sociétés partenaires qui sont arrivés avec un léger retard pendant que nous autres la plèbe nous laissions monter en nous un semblant de révolte, plèbe assez nantie mais plèbe tout de même.
J’avais lu une critique assez féroce qui jugeait que la modernisation que Marie Darrieussecq avait fait subir au texte de Kaj Munk, daté mais jugé typique de cette société paysanne et religieuse (pour les très étrangers comme moi, celle là même du festin de Babette, proche de celle des premiers Bergman) jurait avec les sentiments, croyances qui s’exprimaient. D’elle, j’avais lu qu’elle avait senti, pour accompagner Arthur Nauzyciel dans son projet qu’ils avaient « beaucoup de goûts communs, de Björk aux grands explorateurs ... » ce qui m’avait paru un peu court.
En fait, le coté trivial du dialogue du début, proféré comme il l’est, accompagné de surcroît par le chant bourdonné d ‘Organum, mettait plutôt en évidence l’importance donnée à la parole, comme aux invocations, et à la controverse sur la foi et la possibilité des miracles. Cette phrase épatante du pasteur niant la possibilité de miracle puisque « Dieu est le Dieu de l’ordre » et ne saurait donc aller contre la nature créée par lui.
Révulsée par le fanatisme caricatural du tailleur et de ses adeptes, plus indulgente envers le fanatisme plus discret mais orgueilleux du grand père, chef de lignée et chef de paroisse (en outre Pascal Gregory est bon et beau), sentant que si j’étais croyante je serais tentée par la folie du fils, attachée à l’amour, la solidité, la matérialité du fils aîné je suis bien entrée dans ces débats, les suivant avec tout le détachement que me donnent mon éducation par les nonnes, et mon agnosticisme ancré.
Seulement toute la fin autour du cercueil (je rappelle à toutes fins utiles mon refus véhément de toute cérémonie lorsque ce sera mon tour) et l‘attente vague du miracle qui devait arriver m‘a semblé s‘étirer interminablement, et j‘avais froid. La durée totale excède d‘ailleurs très largement ce qu‘indique le programme et je n‘ai pu rejoindre l‘école d‘art pour Nijinsky et la 25ème heure..A part cette fin, et l’exaspération que déclenchent en moi, même si lors de deuils j’ai accepté avec reconnaissance l'équivalent, les formules convenues des bien-pensants (envie de mordre), la mise en scène est impressionnante d’efficacité sobre (et le décor très laid à mon humble avis)

8 commentaires:

Rosie a dit…

Toute une journée ma belle, tes écrits témoignent de ton quotidien, je suis toujours très surprise de lire tout ce que tu peux voir et lire, écouter en une journée, que ce soit livres, émissions de radio, musiques ou spectacles. Tu te fais plaisir et c'est cela l'important.

Désolée d'avoir été absente cette semaine, un bug d'ordi.

Bon jeudi et de gros bisous xxxxx

P.S: Tu m'as manquée.

Anonyme a dit…

Hier, j'ai fait relâche à moins qu'ici, on jouait à bureaux fermés! En un mot très occupé pour te faire signe.
Le programme est copieux, un peu trop peut-être, à ne plus savoir où donner de la tête pour glaner quelques trésors.
Bonne journée.
Merci de tes mots chez moi.

Anonyme a dit…

"je rappelle à toutes fins utiles mon refus véhément de toute cérémonie lorsque..." Brig, j'ai longtemps pensé la même chose mais n'est-il pas mieux de laisser un choix aux proches ?... Nijinski ce devait être intéressant...

Anonyme a dit…

Moi, quand ce sera mon tour, je veux une cérémonie : je veux une bacchanale.

Anonyme a dit…

En ce moment à Avignon une pièce à voir absolument,(Maestro) vu un reportage et excellente critique, avec Sarah Biasini (fille de Romy Schneider)
http://www.laprovence.com/articles/2008/07/07/507499-Region-La-fille-de-Romy-Schneider-comedienne-en-plein-soleil.php

Anonyme a dit…

Mis à part la joue de morue, qui franchement ne me fait pas du tout envie, je suis en admiration devant tes billets et photos, et en accord avec tes commentaires (bémol sur l'absence de cérémonies).

Brigetoun a dit…

oui mais pour cette pièce : peu de force, budget, et tant de choix,avec je crois un problème d'horaire ou de lieux
Pour le pas de cérémonie (surtout religieuse) j'y tiens si fermement que ce serait une raison pour ne pas mourir

Lancelot a dit…

Toi tes pérégrinations à travers Avignon et moi à travers tes écrits pour lesquels je ne me lassera jamais.